Etats-Unis

Jean Pierre Petit : La Fed a encore une grande marge de manœuvre

Directeur de la recherche économique et de la stratégie d’ Exane-BNP Paribas jusque fin 2008, Il a été auparavant (1995-1999) adjoint au directeur des études économiques de la BNP, adjoint de direction à la Banque de France et consultant pour le Fonds monétaire international (1986-1994). Il est diplômé de Sciences Po Paris, détient une maîtrise en droit et est titulaire d’un DEA d’économie internationale. Jean Pierre Petit est l’auteur de plusieurs ouvrages dont, La finance, autrement (en collaboration, Dalloz, 2005).Aujourd’hui devenu stratégiste de marché indépendant il continue de collaborer  de manière régulière à divers revues et journaux économiques et financiers. Voici le 6ème billet d’une série qui lui est consacrée

La récession n’est même pas terminée que certains s’inquiètent des possibles retombées inflationnistes des politiques monétaires accommodantes qui ont été engagées depuis le choc Lehman…..

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT : 

 On entend ainsi régulièrement que les injections de liquidité actuelles de la Fed seront inflationnistes à moyen terme car celle-ci ne serait pas en mesure de réduire la base monétaire à mesure que l’économie repart. Cette assertion est fausse car elle revient à considérer que la base monétaire équivaut à la masse monétaire et que tout phénomène inflationniste est, par définition, un phénomène monétaire….

Quant aux reprises de liquidité, la Fed disposent en fait de nombreux moyens.

a) De nombreuses facilités sont de court terme. La Fed peut donc facilement les supprimer. Par ailleurs, le coût de financement est, par nature, plus élevé que sur les marchés si ceux ci fonctionnent correctement; la demande devrait donc disparaître automatiquement à mesure que les risques sur le système financier s’éloignent.

b) La Fed peut effectuer des ventes temporaires d’actifs (contre de la liquidité), voire des ventes d’actifs définitives.

c) Une partie des réserves peut éventuellement être stérilisée via le compte spécial du Trésor à la Fed dans lequel celui-ci prête à la Fed des fonds levés lors d’émissions de dette gouvernementale.

 d) Elle peut également remonter le taux de réserves obligatoires.

e) La Fed peut également utiliser le taux qu’elle paie sur les réserves pour jouer sur l’incitation des banques à prêter.

f ) La Fed pourrait enfin envisager d’émettre elle-même des titres de dette, ce qui nécessiterait toutefois l’accord du Congrès.

La banque centrale américaine ne sera donc pas démunie. Il nous semble en tous cas acquis qu’il n’y aura pas de précipitation dans la normalisation de la politique monétaire car la Fed sait que les rechutes historiques sont souvent liées aux resserrements prématurés de politique économique; 1937 (resserrement de politique monétaire et budgétaire); 1957 (resserrement de politique monétaire), 1981 (resserrement de politique monétaire) aux Etats-Unis; 1997 (resserrement de politique budgétaire) et 2000 (resserrement de politique monétaire) au Japon…

Il est clair que la Réserve Fédérale américaine ne voudra pas répéter l’erreur de 1937 (hausse des réserves obligatoires, hausse des cotisations sociales,…) qui conduisit à la deuxième Grande Dépression en 1937-38 avec une baisse cumulée de 13% du PIB réel.

Elle est par ailleurs confiante dans l’absence de risque inflationniste à horizon 24 mois. Elle a d’ailleurs réaffirmé ce point lors de sa dernière réunion.

JEAN-PIERRE PETIT Stratégiste de marché indépendant

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Voilà pourquoi l’inflation ne sera pas d’origine monétaire (cliquez sur le lien)

BILLET PRECEDENT JEAN PIERRE PETIT : Jean Pierre Petit : Allemagne, le Passager clandestin… (cliquez sur le lien)

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