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Matières Premières : Quand l’indice devient une stratégie

L’investisseur tenté par le secteur des matières premières est donc écartelé entre deux grandes forces qui agissent de manière opposée sur le cours des matières premières : d’un côté les développements technologiques qui exercent une pression à la baisse sur les prix, et de l’autre côté l’expansion de la Chine, de l’Inde et de plusieurs autres pays émergents et fort populeux qui exercent une pression à la hausse sur les prix.

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Indice = stratégie 

En matière de commodités, le passé peut-il être garant de l’avenir ? Et ce passé, en quoi consiste-t-il exactement ? Pourquoi les indices de commodités les plus connus affichent des rendements respectables, alors qu’on sait très bien qu’un panier de l’ensemble des matières premières qui se négocient sur les marchés des contrats à terme a donné un rendement quasi nul depuis la Seconde Guerre mondiale ? 

Dans un article paru en 2006 dans le Financial Analysts Journal, Claude Erb et Campbell Harvey montrent que le marché des commodités, depuis un demi siècle, a procuré aux investisseurs un rendement nul comparativement à un placement sans risque dans les bons de Trésor US. En termes plus précis, le rendement des contrats à terme sur les commodités n’ont pas permis de faire mieux que les bons du Trésor. Des 36 principales commodités qui sont négociés sur le marché des « futures » depuis 50 ans, il y en a 18 qui ont donné un rendement inférieur aux T-bills, et 18 qui ont donné un rendement supérieur aux T-bills. L’un dans l’autre, les profits s’annulent. 

En revanche, l’investisseur qui a été en mesure d’investir dans un indice pondéré de matières premières a pu obtenir un rendement proche de celui des actions. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’un indice pondéré n’est rien d’autres qu’une stratégie de placement qui fixe un plafond pour chaque titre composant l’indice. 

Si, par exemple, la pondération relative de chaque titre associé à l’indice est limité à 5 %, cela voudra dire que les titres qui prennent beaucoup de valeur (le pétrole par exemple) seront vendus, et l’argent récolté sera réinvesti dans les titres qui ont perdu de la valeur ou qui ont vu leur pondération tomber en bas de 5 % (le cuivre par exemple). Un indice ainsi plafonné offre à l’investisseur la vente automatique des actifs qui sont relativement chers, pour les remplacer par des actifs qui sont relativement peu chers. 

C’est ainsi que le rendement annuel composé du Goldman Sachs Commodity Index, depuis 1969, a été de 12,2 %, ce qui se compare avantageusement au rendement de 11,2 % de l’indice des actions S&P 500.

 Un indice, dans le cas des commodités, est donc bien plus qu’un simple panier de titres. C’est une véritable stratégie de placement, et mieux encore une véritable gestion tactique, permettant de se protéger en partie contre les fluctuations trop importantes, ou encore d’éviter les écueils d’une bulle spéculative sur le pétrole, le sucre, le maïs ou l’or, pour ne citer que ces quelques exemples. 

On pourrait rétorquer qu’il en est de même pour un indice d’actions comme le S&P 500 ou l’indice industriel Dow Jones. Tout indice d’actions suppose intrinsèquement une stratégie d’investissement, ne serait-ce que par la méthode de pondération (ou de non pondération) adoptée. Pourtant, il y a des différences énormes entre un panier d’actions et un panier de commodités. 

Si, depuis 1957, on n’avait jamais rien changé à la pondération ou aux titres qui forment le S&P 500, on aurait tout de même réalisé un rendement annuel moyen de 11 % au 31 décembre 2003, soit le même rendement que l’indice S&P 500 officiel, tel que géré et modifié annuellement pas la société Standard & Poor’s. Il n’en va pas de même avec un panier de commodités non pondéré et non modifié, lequel a produit, sur la même période, un écart de rendement considérable par rapport à un panier de commodités régulièrement re-balancé. 

Il ne faut donc pas s’étonner des écarts de rendement importants entre les quatre principaux indices de commodités que sont le CRB Futures Price Index (créé par l’agence Reuters), le Dow Jones AIG Commodity Index, le Goldman Sachs Commodity Index (GSCI), et le Rogers International Commodities Index (RICI), dans la mesure où les éléments qui les composent varient de 17 (pour le CRB) à 35 (pour le RICI), et surtout quand on sait qu’en 2004, suivant les méthodes de pondération de chacun d’eux, le pétrole brut était plafonné à 5,86 % pour le CRB, à 12,28 % pour l’AIG, à 28,6 % pour le GSCI et à 35 % pour le RICI.

De plus en plus de produits financiers indiciels, au cours des prochains mois, seront offerts aux investisseurs afin qu’ils puissent tirer profit du « boom » des matières premières. Il leur faudra examiner de près la nature et la composition des indices visés avant d’arrêter leur choix. 

André Gosselin  chercheur et analyste canadien (reprise d’un article ancien mais dont les éléments qui en forme la trame restent d’actualité)

EN COMPLEMENTS : Les matières premières doivent intégrer tout portefeuille équilibré : raisons et supports d’investissement (cliquez sur le lien)

Matières Premières : Les pondérations 2010 des indices de matières premières S&P GSCI et DJ-UBS (cliquez sur le lien)

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