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Energie: Les repères pour 2010

Copenhague ne facilitera pas le développement des nouvelles énergies. Reste que la recherche avance et que de grands projets deviennent réalité

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La Conférence climatique de Copenhague s’est soldée par un semi-échec. Les Etats sont repartis sans engagements chiffrés, avec le sentiment que la Chine et les Etats-Unis n’étaient toujours pas prêts à s’accorder sur l’essentiel. Mais tout n’est pas perdu: le processus se poursuivra durant de longs mois encore, peut-être même des années. L’Europe est dans une situation délicate. Le marché du carbone est effondré et les gouvernements auront de la peine à tenir leurs promesses face à des industriels qui n’ont aucune envie de s’infliger, seuls, une cure de frugalité en matière d’émissions de C02.

Du désastre aux espoirs. Pour les investisseurs dans les technologies vertes, Copenhague est un désastre. A la crise du crédit s’ajoute l’absence de décisions claires. Un réconfort pourtant: de grands projets solaires, éoliens et de nouvelles usines de transformation de la biomasse seront inaugurés en 2010. Clairement, les nouvelles énergies renouvelables entrent dans une phase d’industrialisation qui devrait se traduire par une baisse des coûts.

Les nouvelles batteries.

C’est très précisément ce qui se passe dans le secteur des batteries, en particulier celles qui équiperont les voitures électriques. Selon un rapport récent de Pike Research, le marché des batteries Li-ion devrait décupler ces cinq prochaines années pour atteindre 8 milliards d’ici à 2015, contre 878 millions de dollars prévus pour 2010. Ces batteries, qui équipent déjà les téléphones et ordinateurs portables, devraient enregistrer une baisse des coûts de 50% d’ici à cinq ans. Sachant que le prix des batteries représente 80% du surcoût des voitures électriques, on mesure l’importance de l’enjeu. Les ressources limitées du lithium, dont le prix du minerai a été multiplié par 10 en cinq ans, les risques d’échauffement et d’incendie des batteries au lithium mobilisent les laboratoires du monde entier. Inutile de préciser que les problèmes liés au stockage de l’énergie au même titre que son utilisation rationnelle ou les réseaux électriques intelligents (smart grid) marqueront la décennie qui s’ouvre. L’EPFL l’a bien compris en créant un centre d’excellence dédié au stockage de l’énergie.

Desertec avance.

 Le projet, conçu par le Club de Rome et visant à doter les pays d’Afrique de grandes centrales solaires thermiques connectées au réseau électrique européen, n’est plus une utopie. Un grand consortium industriel international est en place, et les premiers pays disposant de beaucoup de soleil et de vastes territoires (Maroc, Egypte, Tunisie, Jordanie notamment) s’y rallient. La Banque mondiale vient de débloquer 5 milliards de dollars pour financer les premières grandes centrales solaires qui devraient exporter leur surplus vers l’Europe.

Le solaire spatial.

Il y a quelques semaines, nous avions évoqué, dans cette même chronique, le projet solaire japonais qui consiste à lancer une grande centrale photovoltaïque dans l’espace dont l’énergie collectée serait ensuite renvoyée sur la Terre par ondes radio. L’idée séduit la Californie. Avec l’appui de l’Etat et de la compagnie Pacific Gas & Electric Co, Solaren vient d’obtenir les fonds et les garanties pour mettre en orbite un miroir gonflable d’un kilomètre de diamètre qui focalisera les rayons solaires vers des cellules photovoltaïques dont l’énergie électrique produite sera redirigée vers la Terre sous forme d’ondes radio. Cette centrale solaire spatiale expérimentale aura une puissance de 200 mégawatts, ce qui correspond à la consommation moyenne de 100 000 foyers californiens. La mise en service est prévue en… 2016 déjà!

Exxon et Graig Venter.

Après l’euphorie et le coup de froid, les technologies dans les biocarburants évoluent rapidement. Les premières usines dites de seconde génération, utilisant des déchets végétaux, pour produire de l’éthanol seront en activité. Les investisseurs tourneront leur regard vers les travaux ambitieux de Graig Venter, qui s’est allié à Exxon pour produire des hydrocarbures à partir des algues gavées du CO2 extrait des raffineries.

L’effet Steven Chu.

La recherche, parent pauvre de la décennie écoulée, relève la tête. Le magazine scientifique Nature vient de rendre un hommage appuyé au ministre de l’Energie de Barack Obama, Steven Chu, en le désignant «homme de l’année». L’ancien Prix Nobel de physique a tenu ses premières promesses. Il se bat comme un lion pour relancer la recherche sur les énergies au sein de l’administration et a lancé plusieurs initiatives d’envergure financées par le biais du programme de relance. Défenseur convaincu des nouvelles énergies vertes, personnalité respectée en Chine et en Inde, il plaide pour une intensification de la collaboration internationale et tente de convaincre le Congrès qu’investir dans les technologies vertes est la meilleure réponse qu’un Etat peut apporter en période de crise économique.

Les nouvelles réserves de gaz.

Les surprises de 2010 seront aussi gazières. Les techniques d’exploration horizontales ont permis de mettre à jour des gisements de gaz insoupçonnés, les gaz de schistes. Les grandes compagnies gazières ne parlent plus que de cela. Et, comme le relevait récemment la MIT Review, l’équation énergétique du monde s’en trouve profondément changée. Rien qu’aux Etats-Unis, ces techniques ont permis d’augmenter les réserves de près de 40%. Des découvertes similaires étant envisageables sur d’autres continents, les scénarios énergétiques doivent être revus. Corollaire immédiat de ces découvertes: les rachats de sociétés spécialisées dans l’exploration des gisements non conventionnels se multiplieront. Une piqûre de rappel: nous sommes encore loin d’être sortis du tout pétrole.

Par Pierre Veya le temps janv2010

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