Innovation Technologique, scientifique ou financière

Energie: le temps de l’incertitude….

Les groupes industriels dans l’énergie font face à une incertitude grandissante

Gérer l’incertitude sur les changements technologiques, les conditions économiques qui prévaudront dans dix ou vingt ans et les temps longs qu’exige toute filière énergétique devient un casse-tête pour les industriels. Ainsi, il y a deux ans, tout indiquait que les biocarburants assureraient une phase de transition importante avant que l’hydrogène ne prenne le relais des hydrocarbures fossiles. Cette année à Genève, on parle beaucoup des voitures électriques, de la combinaison hybride-électrique alors même que la voiture propulsée au gaz demeure, pour nombre de modèles, non seulement la meilleure option en termes de coûts mais également d’impacts environnementaux.

PLUS DE PROSPECTIVES EN SUIVANT :

Tout se passe comme si une innovation future chassait les anciennes idées avancées il y a peu, à un rythme qui ne correspond pas aux conditions de production et de distribution du monde réel.

A cette aune, on ne mesure plus les annonces de constructeurs qui contredisent les promesses faites hier.

 Si les constructeurs semblent exclure une rupture technologique majeure qui s’imposerait à court et moyen terme, ils tentent de minimiser les risques en maintenant toutes les options ouvertes. D’autant que le bon vieux moteur à explosion (essence et diesel) offre des possibilités de perfectionnement nouvelles, notamment grâce au pilotage électronique et aux nouveaux matériaux. Et pour ne rien simplifier, il existe une réelle incertitude sur les nouvelles normes que les autorités annoncent à grand fracas mais qui s’enlisent souvent dans une longue phase de discussion politique avant d’entrer en vigueur.

Les projections américaines sur la consommation de carburants pour 2030, qui font référence, dans l’«Annual Energy Outlook 2010» sont révélatrices de ces incertitudes.

Jamais, sans doute, le Département de l’énergie du président Barack Obama n’a été aussi indécis sur ses paris économiques et technologiques.

 En termes de prix, le scénario de référence table sur un prix du baril de pétrole qui pourrait varier de 75 dollars à plus de 200 dollars en 2030! Les experts jouent la prudence et ont arrêté un prix de 125 dollars, légèrement inférieur à celui fixé en 2009. Sans changement radical de la législation, la consommation d’essence devrait légèrement augmenter et devrait être assurée par une forte progression des biocarburants de seconde génération et l’émergence significative des voitures électriques.

 Les scénarios, tous secteurs confondus, permettent toutefois une première conclusion: vers 2030, les carburants alternatifs prennent le pas sur le pétrole, mais la part de l’or noir demeure écrasante – 78% de l’énergie primaire américaine mais en baisse par rapport à 2010 (84%).

 Seconde conclusion: l’essentiel de l’augmentation de la consommation d’énergie américaine sera le fait des énergies dites alternatives; une claire indication d’où soufflera le vent.

Les scénarios américains, qui sont différents de ceux de l’Europe sur bien des aspects mais globalement convergents, montrent que la rapidité des changements pourrait réserver des surprises.

 Les pétroliers ne parlent plus que de cela: l’émergence grandissante des gaz non conventionnels, en particulier des gaz de schiste ou des réserves de méthane associées à des gisements de charbon.

 En deux ans, toutes les projections sur les stocks de gaz disponibles ont été revues. Les Etats-Unis disposeraient de suffisamment de gaz pour un bon siècle alors même qu’ils pensaient arriver beaucoup plus tôt à des limites physiques de production.

Cette brutale révision provient des nouvelles techniques d’exploration, en particulier des forages horizontaux qui permettent de fracturer les roches et de récupérer les molécules de gaz grâce à l’injection d’eau et de produits chimiques. Le procédé, qui met en ébullition toute l’industrie pétrolière, permet a priori de récupérer des gisements dormants sur la quasi-totalité des continents, y compris en Europe qui redoute toujours d’accroître sa dépendance à l’égard de la Russie. Si de nombreuses incertitudes demeurent sur les impacts environnementaux et les coûts réels d’extraction, la géopolitique énergétique s’en trouve toute chamboulée. Et il est hautement probable que des compagnies gazières relanceront une prospection dans des régions qu’elles avaient abandonnées, il y a trente ans. Et même certain que l’on reverra dans les campagnes suisses des géologues à la recherche de gaz de schiste!

A lire plusieurs experts, le risque d’une pénurie d’hydrocarbures semble s’éloigner à moyen terme et pourrait même avoir un impact très important sur les prix du gaz projetés pour les prochaines décennies. Mais l’avenir des filières énergétiques ne se jouera pas uniquement sur le front de l’offre et de la demande. Le développement de la législation environnementale, en particulier la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, aura une importance majeure. Si la Conférence de Copenhague a échoué, si les discussions en cours ne semblent pas pouvoir aboutir à un accord avant 2011, soit plusieurs mois après le prochain rendez-vous à Mexico de décembre 2010, l’industrie ne doute plus que le processus de décarbonation de l’économie est engagé. Ses dirigeants ignorent simplement la profondeur des bouleversements. Les bonnes vieilles recettes qui consistaient, il y a quelques années encore, à adapter les scénarios énergétiques au seul taux de croissance attendu s’en trouvent de plus en plus incertaines et complexes.

Infographie. Utilisation de l’énergie aux Etats-Unis (cliquez sur le lien)

Par Pierre Veya le temps mars 10

2 réponses »

  1. C’est bien vue l’avenir de nos enfants semble bien indifférent aux politiques qui y préfèrent les intérêts de quelques particuliers d’aujourd’hui.
    cordialement

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