Commentaire de Marché

La cigale grecque par Marie-Hélène Miauton

 La cigale grecque par Marie-Hélène Miauton

  La crise récente n’est pour rien dans ces banqueroutes étatiques, ni les turpitudes du monde financier, aussi condamnables soient-elles. Le mal est bien plus ancien et bien plus profond.  Il prend sa source dans cette liberté accordée aux politiques de dépenser sans limites et sans devoir rendre des comptes

En avril 2004, alors que j’écrivais une chronique amère sur le fait que Vaud et Genève se complaisaient aux derniers rangs du classement des déficits publics helvétiques, mes amis de gauche m’opposaient l’argument péremptoire que les Etats ne font pas faillite! Inutile donc de dramatiser une situation qui, au fond, ne nuisait à personne. Et vain également de préconiser des économies préjudiciables au char de l’Etat et à l’ampleur du filet social.

Zone Euro: La faillite d’Etat n’est plus taboue (cliquez sur le lien)

PLUS/MOINS DE FAILLITE EN SUIVANT :

Aujourd’hui, à peine quelques années plus tard, la Grèce prouve au contraire qu’un Etat peut réellement faire faillite, ne plus trouver de ligne de crédit à des taux raisonnables, en être réduit à quémander des milliards à ses voisins.

 Par malheur, ceux-là mêmes qui sont sollicités ne vont guère mieux que la cigale hellène, et l’aide qu’ils s’engagent à lui prodiguer prochainement accélérera leur propre ruine.

 Nombre d’entre eux ne respectent pas les règles de Maastricht, sans doute par conviction que, eux aussi, sont «too big to fail».

La crise récente n’est pour rien dans ces banqueroutes étatiques, ni les turpitudes du monde financier, aussi condamnables soient-elles. Le mal est bien plus ancien et bien plus profond. Il prend sa source dans cette liberté accordée aux politiques de dépenser sans limites et sans devoir rendre des comptes. Pour preuve, les cantons suisses qui, comme Saint-Gall par exemple, se sont dotés de règles démocratiques strictes sur le vote des budgets ont des finances saines sans avoir sacrifié pour autant leurs prestations sociales ou leurs infrastructures. Au fond, il en va dans le monde politique comme dans l’économie, trop de liberté sans surveillance mène souvent à un relâchement des principes élémentaires de prudence.

Au gré des affaires récentes, il est apparu qu’un conseil d’administration sans contre-pouvoir des actionnaires avait tout loisir de passer les bornes. Il en va de même pour un gouvernement si le souverain n’a pas un droit de regard direct sur la gestion de l’Etat. On a beau prétendre que la sanction naturelle du politicien c’est la veste électorale, le mal est fait, et sa responsabilité n’est jamais évoquée. En Grèce, il est désormais prouvé que les statistiques publiques étaient volontairement falsifiées, mais les coupables resteront impunis. Quant aux gouvernants de l’UE qui connaissaient cette situation depuis longtemps, seront-ils condamnés pour leur manque de transparence, en particulier lorsque, par effet de contagion, ils seront également entraînés dans la chute?

Or, que voit-on à Athènes, sinon des comportements d’enfants gâtés?

Des manifestations pour empêcher les mesures d’austérité indispensables pour l’obtention des fonds! Des milieux d’extrême gauche qui jouent avec la violence au point que trois morts sont à déplorer! Un pays en pleine crise sociale, comme l’est constamment la France. Le peuple est inconséquent, soit, mais il l’est à l’aune des discours que lui tiennent les partis et les élus. Car il faudrait lui dire que trop de social tue le social, aussi vrai que trop de bonus tuera les bonus!

source le temps mai10

mh.miauton@bluewin.ch

4 réponses »

  1. La zone euro traverse une «crise systémique», selon Nicolas Sarkozy.

    «la zone euro traverse sans doute la crise la plus grave depuis sa création» et «désormais les spéculateurs doivent savoir qu’ils en seront pour leurs frais», a-t-il ajouté.

    Auparavant, les dirigeants ont annoncé la mise en place prochaine d’«un mécanisme de stabilisation», un fonds pour aider leurs pays qui seraient confrontés à des difficultés financières et validé le plan d’aide à la Grèce.

    http://www.20minutes.fr/article/403231/Economie-La-zone-euro-traverse-une-crise-systemique-selon-Nicolas-Sarkozy.php

    Il y a donc deux questions qui se posent :

    1- Première question : avec quel argent les pays européens vont-ils créer ce fonds ?

    Avec quel argent ?

    Est-ce que chaque Etat européen va devoir verser plusieurs milliards d’euros pour abonder ce fonds ?

    2- Seconde question : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets à plein régime ?

    Concrètement : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets pour acheter les dettes souveraines des Etats européens ?

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