Commentaire de Marché

Indicateur de Marché : Consensus Isag JUIN 2010

Par Association des stratèges d’investissement de Genève (ISAG)

Les professionnels adaptent leurs investissements à la crise de la dette en Europe. Un tiers d’entre eux n’exclut plus un abaissement de la note des emprunts de la France d’ici un an….L’appréciation du dollar est partie pour durer….

PLUS DISAG EN SUIVANT :

La « qualité » est le thème dominant des choix d’investissement pour les stratégistes de Genève réunis mercredi dernier lors de leur tour de table trimestriel. Cela succède à la « valorisation » en 2009 et la «diversification » évoquée en janvier. Ainsi, le choix des devises est fonction de la crédibilité des politiques monétaires, celui des obligations d’Etat est fonction de la discipline fiscale et les actions et obligations sont sélectionnées sur les entreprises les plus saines.

1- La majorité estime que le potentiel structurel de croissance, s’il est intact dans la sphère émergente, s’érode dans les pays développés. En conséquence, on parle de cycles plus volatiles et plus courts, sensibles aux erreurs de politique économique. En moyenne, la croissance sera faible dans l’OCDE, voire nulle en Europe. Les scénarios de sortie de crise divergent encore : scénario en L, reprise cyclique traditionnelle… Le « double dip » est écarté, notamment aux Etats-Unis, mais les indicateurs avancés plafonnent. Au-delà de 2010, la reprise de l’emploi aux Etats-Unis sera indispensable pour maintenir les taux de croissance, car en son absence la consommation privée ne saurait se maintenir avec le désendettement des ménages. En Europe, les mesures récentes seront coûteuses en point de PIB, même si quelques-uns soulignent que la baisse de l’euro soulage déjà. En marge de ses voisins, l’économie Suisse a dépassé les attentes et reste bien orientée.

2- Dans un monde de rendements faibles et de forte volatilité, l’allocation stratégique est délicate. Certains indiquent que ce sont les choix intra-classes d’actifs qui sont déterminants, d’autres soulignent plutôt le «market timing» qui se doit d’être aussi réactif que les cycles sont volatils. Par conséquent, même si le «cash» ne rapporte rien, ces munitions permettent d’être opportuniste sur des phases de correction.

3- A moyen terme, la déflation inquiète plus que le risque d’inflation, qui ne serait envisageable qu’à long terme. La période de taux d’intérêt très bas va se prolonger. Ainsi, quelques-uns indiquent que les obligations à long terme sont encore une assurance efficace dans une spirale déflationniste, d’autant que la forte pente de la courbe le permet à moindre coût.

 La qualité reste le maître mot en terme d’émetteur, tant pour le secteur public que pour le privé, mais aussi pour les monnaies. Les préférences se portent sur les pays émergents et scandinaves en raison de rendement plus élevés, de perspectives de croissance solides, et de politiques monétaires et budgétaires plus orthodoxes.

 Le rebond du dollar est perçu comme durable. Il était attendu, mais a surpris par son ampleur et le consensus vise une stabilisation à 1.25. Aujourd’hui, la tendance lui est favorable, car c’est un choix par défaut où l’Europe ne fait pas bonne figure, mais beaucoup appréhendent le risque souverain des Etats-Unis. Le Franc Suisse doit son appréciation au décalage économique Suisse-UE qui devrait se maintenir.

4- Sur les actions, au-delà d’un possible rebond à court terme, les attentes des résultats après 2010 sont trop optimistes.

 Structurellement, l’attrait pour cette classe d’actifs semble s’éroder. La valorisation basée sur des moyennes historiques n’est plus retenue comme un outil pertinent de décision, car la majorité voit une remontée tendancielle des primes de risque. Certains lui préfèrent de nouveau le crédit, surtout compte tenu des risques liés à la re-réglementation et l’imposition des bénéfices.

 L’opinion majoritaire ne reflète pas la diversité des opinions, avec quelques prises de positions plus optimistes qui voient dans la reconstitution des profits, l’amorce d’un cycle d’investissement. En moyenne, les pays émergents sont favorisés de façon directe ou indirecte via des exportateurs européens.

5- Le pétrole serait haussier à moyen et long terme, mais sur l’année cette hausse est déjà pour moitié dans les cours (consensus Juin’11: $88, Future juin’11: $82).

6- L’or reste l’actif préféré des intervenants car au-delà de ses propriétés physiques, il est plébiscité pour ses vertus d’alternative monétaire –dans un contexte de défiance généralisée. Cependant, plusieurs voix s’inquiètent déjà d’une possible bulle.

7- L’alternatif reste en vogue car les tendances restent floues et ce secteur est moins sensible aux effets de levier et à la surcapacité qu’auparavant.

8- Les risques extrêmes sont plus présents à l’esprit car l’absence de stabilisateurs disponibles -monétaires et budgétaires- présage de conséquences radicales, on retient parmi les plus cités :

 La rechute de l’activité américaine liée à l’immobilier ou au consommateur américain.

 Une crise financière dans les pays émergents liée à des retournements de flux de capitaux.

 Et enfin, un risque de contagion de la crise de dette publique vers des banques Européennes déjà fragiles avec un effet généralisé sur les entreprises et ménages. En particulier, l’Espagne inquiète beaucoup car la dynamique de dette publique et la santé des caisses d’épargne (Cajas) sont préoccupantes

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