Bordier

Moins d’impôts, mais pas moins d’Etat par Michel Juvet

Moins d’impôts, mais pas moins d’Etat par Michel Juvet 

Michel Juvet

  L’économiste de Bordier et Cie veut lever la confusion qui règne sur le débat entre les défenseurs de l’austérité budgétaire et ceux qui redoutent qu’elle ne fasse replonger l’économie en récession…Le Moins d’impot pourrait servir de variable d’ajustement…

PLUS DE JUVET ET DE LAFFER EN SUIVANT :

 La confusion règne dans les politiques budgétaires. Un jour, ce sont les créanciers qui réclament des rendements supérieurs pour tenir compte de la montée du risque d’un éventuel défaut de paiement de l’Etat. Pour maintenir leur volonté de financement, ces derniers veulent alors voir adoptées des politiques d’austérité crédibles. 

Un autre jour, ce sont les actionnaires qui manifestent en vendant leurs titres, par crainte que la rigueur budgétaire ne provoque un ralentissement économique et une baisse des bénéfices des sociétés. Les marchés obligataires et boursiers se croisent donc dans leurs analyses depuis des semaines, n’arrivant pas à se mettre d’accord. 

Et pour cause. Une première moitié des économistes réclame l’austérité, craignant que les politiques ne cèdent devant les demandes sociales et ne règlent le problème de l’endettement public qu’au prix d’une hyper­inflation. L’autre moitié réclame de temporiser, inquiète qu’un resserrement budgétaire n’engendre une deuxième récession, comme en 1937. 

La confusion se prolonge sur la façon de réduire ces déficits. Agir sur les taxes ou sur les dépenses publiques? La réponse courante est de ne pas toucher aux dépenses et de taxer pour augmenter les recettes fiscales. 

Mais si on baissait les impôts?

L’analyse de l’évolution des recettes fiscales américaines est exemplaire.

Une étude récente de H.C. Wainwright & Co montre que, depuis 1950, les recettes exprimées en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) évoluent dans une proportion presque fixe, proche de 20%. Malgré les changements des taux marginaux d’imposition décidés par les différents gouvernements. Il y a donc un effet naturel qui, lorsque les taux d’imposition montent trop, entraîne une baisse de la croissance et des recettes collectées. L’intuition suggère le contraire. Pourtant, le rapport entre recettes fiscales et PIB ne monte pas, le déficit ne se réduit pas. 

A l’inverse, lorsque les impôts baissent, la croissance reprend, les recettes fiscales progressent: mieux, parfois, exprimées en pourcentage du PIB, elles montent. Certains diront qu’on obtient le même résultat avec une hausse des dépenses… Ces deux dernières années ne le confirment pas: la croissance est bien revenue, mais au prix de des déficits publics béants. 

Les politiques budgétaires doivent donc être subtiles, viser les mesures qui favorisent la croissance et le gel de certaines dépenses. Certes cela diminue la redistribution des richesses. Mais une croissance relancée est plus efficace pour relever les recettes fiscales, qui permettront ensuite de maintenir les dépenses sociales. Ce sera aussi la meilleure façon de réconcilier créanciers et actionnaires. 

 Bordier et Cie. 

BILLET PRECEDENT : Michel Juvet /Zone euro / trappe à Dettes : rigueur ou solidarité? (cliquez sur le lien) 

 « Incentives matter ! » Arthur Laffer explique pourquoi la crise économique va rebondir en 2011. 

Par Institut Turgot le dimanche 4 juillet 2010  Dans un éditorial du Wall Street Journal, l’ancien gourou de la Reaganomics rappelle que tous les impôts américains vont augmenter au 1er Janvier prochain. Il en résultera une « récession dans la récession ». Voici un extrait de son texte, traduit par François Guillaumat. 

Le 1 janvier 2011 à quelques jours près, les impôts de l’état fédéral, des états fédérés et les taxes locales sont censés augmenter très fortement. C’est à cette date-là qu’expirent les réductions d’impôt du Président George W. Bush. 

La tranche supérieure du taux fédéral d’imposition du revenu passera de 35 à 39,6%, celle du taux d’imposition des dividendes de 15 à 39,6%, le taux d’imposition des plus-values de 15 à 20%, et le taux de taxe foncière de zéro à 55%. Bien d’autres changements vont également intervenir du fait de la clause d’expiration dans les réductions fiscales de Bush. 

Les taux d’imposition sur les revenus des investissements à l’étranger ont été relevés, et ils vont encore l’être . Il est déjà prévu que les taxes sur les salaires augmentent en 2013, et l’impôt minimum de substitution (Alternative Minimum Tax) va s’en prendre encore davantage aux contribuables à revenu moyen. Et il y a toujours la fameuse augmentation des taxes sur les assurances-santé « en or massif ». Les taux d’imposition des états et autres collectivités locales vont également monter en 2011n comme ils l’ont déjà fait en 2010. L’année prochaine, il y aura des augmentations d’impôt partout

Maintenant, si les gens savent que les taux d’imposition seront plus élevés l’année prochaine que cette année, que vont-ils faire cette année? La réponse est simple. Ils vont, dans la mesure du possible, déplacer leurs productions et leurs revenus de l’année prochaine de manière à ce qu’ils apparaissent sur leur feuille d’impôts de cette année. C’est pour cela que les revenus de cette année sont déjà gonflés bien au-delà de ce qu’ils devraient être, et qu’en 2011, l’année prochaine, les revenus seront inférieurs à ce qu’ils devrait normalement être. 

En outre, la perspective d’une hausse des prix et des taux d’intérêt, ainsi que l’aggravation de la réglementation prévue pour l’année prochaine, pousseront encore davantage à transférer les offres et les demandes de 2011 vers 2010. À mon avis, ce transfert du revenu et de la demande est l’une des raisons principales pour lesquelles l’économie est apparue en 2010 aussi forte. 

Lorsque nous passerons la date fiscale limite du 1 janvier 2011, mon hypothèse numéro un est que le train va dérailler et que nous allons connaître notre pire cauchemar, celui d’une forte « récession dans la récession ». 

En 1981 Ronald Reagan – avec le soutien des deux partis- a entamé la première phase de tout un programme de baisses d’impôts. Son Economic Recovery Tax Act prévoyait que la plus grande partie des réductions d’impôt ne devait prendre effet qu’à dater du 1er janvier 1983. Les réductions d’imposition différées de Reagan étaient l’image inversée des augmentations différées de Barack Obama. Tout au long de 1981 et de 1982, les gens avaient tellement différé leur activité économique que le PIB réel en est demeuré pratiquement inchangé (c.-à-d. pas de croissance), et que le taux de chômage est passé à plus de 10%. 

 Reagan_Tax_Cuts.gif 

Croissance du PIB en termes réels : l’économie a décollé lorsque les baisses d’impôt du Président Reagan sont entrées en vigueur. 

En revanche, à la date fiscale limite du 1er janvier 1983, l’économie a décollé comme une fusée, avec une croissance réelle moyenne qui est montée à 7,5% en 1983 et à 5,5% en 1984. J’ai toujours été sidéré de voir à quel point les réductions d’impôt ne marchent pas… tant qu’elles n’ont pas pris effet. L’expérience de M. Obama, avec ses hausses d’impôt à retardement, sera exactement l’inverse. En 2011, l’économie va s’effondrer.  

Arthur Laffer est Président de Laffer Associates et co-auteur de Return to Prosperity: How America Can Regain Its Economic Superpower Status (Threshold, 2010). Ce texte est paru dans le Wall Street Journal du 7 juin 2010 sous le titre : « Tax Hikes and the 2011 Economic Collapse ». 

 source Institut Turgot : http://blog.turgot.org/index.php?post/Arthur-Laffer-%3A-Les-hausses-d-imp%C3%B4t-et-l-effondrement-%C3%A9conomique-de-2011 (cliquez sur le lien) juil10

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