Art de la guerre monétaire et économique

Consensus de Washington contre Ecole Autrichienne par Roy Damary

Consensus de Washington contre Ecole Autrichienne

 La voie d’une croissance durable passera par l’austérité…

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Il n’est guère complexe de contempler la marche de l’histoire économique:  son glissement constant d’ouest en est, l’ascension de l’euro au rang de seconde monnaie de réserve, la fin des illusions américaines qui croyaient que dépenserplus qu’ils ne gagnent pouvait s’avérer durable, ainsi que le déploiement des marchés émergents.

Il est toujours saisissant de constater comment les mythes deviennent réalité ou tout du moins, comment ce qui appartenait au futur incombe aujourd’hui au présent. Il nous reste encore à être les témoins d’une troisième monnaie de réserve basée sur la puissance économique asiatique et d’une zone Euro, malgré le répit dont elle jouit actuellement, qui se doterait d’un contrôle centralisé accru.

Cette semaine, nous revenons sur le dilemme qui déchire les mentors de l’économie occidentale et dont clairement, les résultats influeront sur notre avenir; il consiste à déterminer si la voie d’une croissance durable passera par l’austérité ou par l’accentuation des dépenses dont le fardeau repose déjà sur les épaules de générations futures.

Pour notre part, nous n’avons jamais caché notre point de vue sur cette question; des deux alternatives, seule la première est viable et ceci valait déjà bien avant que la crise n’éclate. Néanmoins, le débat fait rage, y-compris dans les pages du Financial Times où cette semaine les protagonistes ont pu donner libre cours à leurs argumentaires respectifs.

Les deux parties conviennent que le financement du déficit a été une mesure essentielle pour empêcher que la récession ne se métamorphose en dépression. Elles s’accordent également à penser qu’à ce jour, la traction du secteur privé a été insuffisante, même si bon an mal an le PIB a fini par croître.

Jusque là le consentement est mutuel, puis les vues divergent:

_ les «supply siders» concluent que, si les stimuli n’ont pas atteint leurs objectifs, c’est qu’il en fallait davantage. C’est désormais l’opinion dominante aux Etats-Unis, relayée par le «consensus de Washington» (nom quelque peu suffisant qu’ils se sont donné);

_ les «deficit cutters» se réclament de «l’école autrichienne» et plaident pour qu’on les réduise, car selon eux davantage de dettes ne ferait que différer le problème.

 Il nous apparaît de plus en plus évident que cette diminution passera par des plans de rigueur, avec comme dommage collatéral, un ralentissement de la croissance; c’est la rançon des excès passés.

D’une certaine façon, la crise de l’euro a réintroduit une dimension dont l’usage s’était rendu au profit de l’argumentaire quantitatif: la confiance. A l’instar de la charité: «confiance bien ordonnée commence par soi-même» et plus précisément avec la capacité des gouvernements à rembourser capital et intérêts de leurs dettes.

Lorsque le risque souverain s’élève au dessus de zéro, c’est la crainte qui occupe en proportion l’espace ainsi libéré. À l’exception peut-être de la Hongrie, tous les gouvernements européens s’attèlent à réduire cet espace, d’où, à n’en pas douter, la remarquable cohérence du Vieux Continent qui faisait jusque là cruellement défaut.

Cela pourrait également expliquer le regain de confiance qui s’est emparé des marchés financiers européens, comme en témoignent le resserrement des écarts de pays périphériques et le rebond de la monnaie commune ainsi que de la livre sterling. Cette confiance est précieuse et fragile, elle ne doit pas s’embarrasser de tergiversations qui pourraient la prétériter au nom de plans de relance dont l’efficacité se fait attendre au demeurant; tant pis si la Fed tente d’en convaincre le Congrès. Mieux vaut insister sur la nécessité du resserrement qui coulissera autour des conditions économiques quand celles-ci s’amélioreront. Nous dirions que l’Europe a fait le bon choix et que tôt ou tard, qu’ils le veuillent ou non, les États-Unis devront suivre sa voie. Cependant, il nous faut patienter jusqu’au dénouement de l’expérience en cours pour savoir sur laquelle des deux issues s’ouvrira l’avenir.

ROY DAMARY bridport Investor Services juil10

BILLET PRECEDENT : Divergences Europe-USA par Roy Damary (cliquez sur le lien)

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