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Risques Obligataires : Une étude indépendante réévalue les ratings pays sur cinq ans en intégrant le facteur démographique

Risques Obligataires :  Une étude indépendante réévalue les ratings pays sur cinq ans en intégrant le facteur démographique

Les ratings sont trop élevés pour les pays industriels, trop bas pour les pays émergents et trop indifférenciés pour l’Europe.

Infographie. Potentiel de révision

PLUS DE REEVALUATION EN SUIVANT :

 La réévaluation des notes de solvabilité doit donc se poursuivre alors que nombre d’Etats mettent en place des programmes de rigueur.

Dans ce contexte, une tendance lourde voit la Grande-Bretagne rétrogradée derrière la Corée alors que les Etats-Unis sont dépassés par la Chine et même par le Brésil.

Enfin, la France est largement distancée par la Suisse et par l’Allemagne.

Telles sont les conclusions du cabinet de recherche indépendant zurichois I-CV, centré sur le marché obligataire. Ce dernier estime, sur la base des crises passées et de simulations, que le désendettement tant attendu risque de prendre davantage de temps que prévu.

D’autant que la reprise peut dépendre dans une mesure déterminante d’un facteur que le cabinet se flatte d’avoir intégré pour la première fois dans l’analyse du processus de désendettement: celui de la démographie (croissance de la population, migrations, etc). A cet égard, la France, l’Allemagne et la Belgique apparaissent comme les principaux perdants selon ce critère démographique (pondéré à hauteur de 10% dans le modèle de i-CV). Une évaluation qui surprend dans la mesure où la Suisse, en zone positive, se retrouve même nettement devant les Etats-Unis selon ce critère. Le désendettement et la démographie sont d’ailleurs des facteurs qui peuvent être appréhendés sous l’angle des coûts de la santé» ne manque pas de souligner Peter Jeggli, associé et responsable de la société de I-CV, dans le cadre d’un symposium obligataire jeudi à Zurich.

Le cabinet de recherche I-CV s’est d’ailleurs forgé une certaine réputation dans la détection précoce de positions à risques et d’opportunités de marchés. Dans le cadre d’une approche de recherche indépendante sur le marché obligataire, autrement dit financée par les investisseurs et non pas par les émetteurs. I-CV recommandait ainsi en juin 2009 de vendre les pays notés AAA pour acquérir des obligations émergentes. Alors que la Grèce occupait déjà le dernier rang du classement l’an dernier.

D’où un potentiel de révision à la hausse des pays émergents et plus particulièrement des pays dits BRIC, lesquels sortent renforcés de la crise et devraient satisfaire aux critères de Maastricht à l’horizon 2015 selon les prévisions du FMI. Dans ce contexte, le défi principal de ces pays selon Peter Jeggli consiste toujours à éviter la formation d’une bulle de surévaluation des actifs. Alors que nombre de commentateurs parlent de leur côté de bulle obligataire, Peter Jeggli pour sa part ne partage pas ce point de vue, compte tenu du fait que le marché obligataire est porté par une quête de la qualité et de la sécurité. Et qu’une hausse des taux d’intérêt serait liée à une évolution positive de l’économie.

Pour les pays surendettés, la capacité à se refinancer sur le marché domestique constitue un atout majeur dont bénéficie par exemple le Japon qui, avec un niveau d’endettement de plus de 200%, supérieur à celui de la Grèce, peut assurer sa survie en continuant à vendre des obligations aux investisseurs domestiques, comme il a pu le faire par le passé. La restructuration d’une dette souveraine ne dépend pas en effet uniquement du seuil d’endettement rapporté au PIB mais de la contribution et de la patience des investisseurs domestiques.

 Peter Jeggli insiste aussi sur l’avantage de disposer de sa propre monnaie pour réagir à des situations périlleuses. A cet égard, la Grande-Bretagne est selon lui mieux lotie que l’Irlande, et la Hongrie mieux que l’Autriche.

Alors que l’endettement des Etats industriels est en passe d’atteindre l’équivalent de leurs PIB d’ici la fin de l’année, Peter Jeggli montre que la majorité des pays encore notés AAA ne satisfont pas au seuil minimal d’endettement fixé pour ce critère (50% du PIB au cours des dix dernières années) ni au critère de Maastricht défini pour l’entrée dans la zone euro (60%).

Selon l’évaluation finale de I-CV, quatre pays seulement obtiennent l’équivalent de la note AAA: la Suisse, l’Allemagne, la Suède et la Norvège. Les autres pays notés à ce niveau par les grandes agences sont donc menacés. Avec une nette dégradation des profils de solvabilité des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Des Etats-Unis nettement surclassés par la Chine et dépassés par le Brésil. Alors que la Grande-Bretagne arrive loin derrière la Corée.

A l’inverse des pays BRIC et de l’Asie sur une tendance haussière. Enfin, la Turquie et l’Indonésie franchissent le niveau «investissement» et dépassent ainsi l’Espagne, la Grèce et le Portugal.

 Dans ce contexte, Peter Jeggli incite les investisseurs à se positionner sur les Etats gagnants. Mais aussi sur les entreprises industrielles: «à la différence des Etats et des banques, les groupes industriels secrètent des liquidités et présentent des états financiers plus sains». D’où l’attrait des entreprises industrielles de pays développés mais qui réalisent une portion importante de leurs bénéfices dans les pays émergents.

piotr kaczor zurich agefi sep10

EN LIENS : http://www.i-cv.ch/en/

http://www.i-cv.ch/files/8012/8410/1924/I-CV_Press%20Release_SwissBondCongress_2010_en.pdf

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