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Les Américains plus pauvres que jamais depuis 1965

Les Américains plus pauvres que jamais depuis 1965

Les Américains ont participé massivemnet, début juin, à la foire de l’emploi de New York. Selon les démographes, le taux de pauvreté chez les Américains en âge de travailler qui ont entre 18 et 64 ans devrait dépasser les 12,4% en 2009, contre 11,7% auparavant.Du jamais vu depuis au moins 1965, année où le président Lyndon Johnson avait déclaré la guerre à la pauvreté et développé l’action sociale du gouvernement fédéral

PLUS/MOINS DE PAUVRETE EN SUIVANT :

Mauvaise nouvelle pour Barack Obama et les démocrates à sept semaines des élections de mi-mandat: le Bureau américain du recensement devrait révéler dans les prochains jours que le nombre de pauvres aux Etats-Unis a enregistré une hausse record en 2009, sur fond de récession économique.

Six démographes interrogés par l’Associated Press estiment que le nouveau taux de pauvreté devrait bondir de 13,3% à environ 15% -ils évoquent une fourchette entre 14,7% et 15%. Ce qui signifierait que les Etats-Unis comptaient l’an dernier quelque 45 millions de pauvres, soit un habitant sur sept.

Ce serait la plus forte hausse en un an depuis que les statistiques de la pauvreté ont commencé à être compilées par les autorités américaines en 1959. La précédente hausse record remonte à 1980 lorsque le taux a augmenté de 1,3% pour s’établir à 13%.

Selon les démographes, le rapport du Bureau du recensement devrait également montrer qu’en 2009, le taux de pauvreté des enfants est passé de 19% à 20%, que les Noirs et les Hispaniques ont été beaucoup plus touchés proportionnellement, et que les zones urbaines où la pauvreté a le plus augmenté sont Modesto et Los Angeles (Californie), Detroit (Michigan), Cape Coral-Fort Myers (Floride) et Las Vegas (Nevada).

«Je pense que sur le plan politique, ces chiffres seront accueillis avec alarme et consternation mais ne déboucheront pas sur un appel à agir», estime William Galston, ex-conseiller de l’ancien président Bill Clinton. Et d’ajouter: «j’espère que les partis ne vont pas s’accuser mutuellement d’être responsables» de cette situation. «Ce serait une erreur à mon avis.»

Des munitions pour les républicains

Les chiffres de la pauvreté en 2009, première année de la présidence Obama, pourraient fournir des munitions aux républicains pour les élections de mi-mandat. De leur côté, les démocrates devraient expliquer qu’ils ne doivent pas en être tenus pour responsables. Ils pourraient rappeler que les problèmes économiques et la hausse de la pauvreté ont commencé sous la présidence de George W. Bush avec le quasi-effondrement du secteur financier à l’automne 2008.

Reste que les Hispaniques et les Noirs, qui votent traditionnellement démocrate, pourraient être tentés de bouder les urnes si le rapport du Bureau du recensement montrent effectivement qu’ils ont été largement touchés par la hausse de la pauvreté.

Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche vendredi, Barack Obama a affirmé que «l’effort le plus important pour lutter contre la pauvreté est de faire croître l’économie et de s’assurer qu’il y a assez d’emplois». Mais, au-delà des élections de mi-mandat, les chiffres de 2009 pourraient mettre le président sous pression pour qu’il augmente les programmes d’aide sociale avant sa probable campagne pour la présidentielle de 2012.

La hausse de la pauvreté apparaît liée à celle du chômage, qui a enregistré en octobre 2009 une progression record en rythme annuel en atteignant 10,1%.

Un taux de pauvreté de 15% serait le plus élevé depuis 1993. Le record a été recensé en 1959 -année où le gouvernement a commencé à compiler les chiffres de la pauvreté- avec 22,4%, et le niveau le plus bas en 1973 à 11,1%. Depuis, le taux de pauvreté a fluctué entre 12% et 14%.

En 2008, le seuil de pauvreté était fixé à 22 025 dollars (environ 22 550$ CAN) pour une famille de quatre personnes. A partir de 2011, le gouvernement compte publier de nouvelles statistiques intégrant notamment le coût de la santé et des transports, qui devraient montrer que le nombre de pauvres est encore plus élevé que ne l’indiquent les chiffres actuels

Le revenu médian des ménages américain au plus bas depuis 12 ans

Le revenu médian des ménages aux États-Unis a baissé en 2009, pour atteindre son plus bas niveau depuis 12 ans, selon des chiffres publiés jeudi par le Bureau du recensement.

Le revenu réel médian (avant impôts, et hors prestations sociales) est tombé à 49 777$, soit une baisse de 0,7% par rapport à l’année précédente, et le chiffre le plus faible depuis 1997.

L’organisme public a estimé la différence entre 2008 et 2009 insignifiante d’un point de vue statistique. Mais «depuis 2007, l’année qui a précédé la récession, le revenu médian des ménages a baissé de 4,2%, pour être aujourd’hui 5,0% en dessous du pic de 1999 (52 388$)», a-t-il relevé.

En dollars de 2009, cette mesure du revenu a en fait peu bougé depuis 2002.

«Il y a deux raisons à cette tendance. Premièrement, la croissance économique a été décevante lors de la décennie», commentait un chroniqueur du New York Times, David Leonhardt.

«Deuxièmement, la croissance que nous avons eue ne s’est pas traduite en gains pour la plupart des familles. Elle a plutôt profité de manière disproportionnée aux salariés en haut de l’échelle des revenus et aux profits des entreprises», a-t-il ajouté

source agences sep10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Un Américain sur sept vit sous le seuil de la pauvreté

44 millions de personnes luttent pour payer leurs dettes et pour manger

On était en 1964, et le président Lyndon Johnson déclarait, dans un célèbre discours, la guerre à la pauvreté, en tentant ainsi de faire approuver par le Congrès ses programmes visant à développer un Etat social. Nous sommes en 2010. Et, pour la première fois, le nombre d’Américains vivant sous le seuil de pauvreté a dépassé en chiffres absolus ce précédent historique, qui avait culminé à la fin des années 1950. Plus de 44 millions d’Américains sont désormais placés sous cette barre, luttant pour payer leurs dettes et pour manger à la fin du mois. Pratiquement un habitant sur 7. Un bond de 4 millions supplémentaires en une seule année.

Les effets de la «Grande Récession» sont apparus au grand jour avec la publication, jeudi, d’un rapport officiel du Bureau du recensement américain. L’augmentation du taux de pauvreté est particulièrement frappante au sein de la population d’origine hispanique (2,1% en un an), tandis qu’elle se situe autour de 1,1% pour les Blancs et les Noirs américains. Dans son ensemble, le revenu moyen des ménages a stagné durant la dernière décennie, pour s’établir à 49 800 dollars l’année dernière (tous les chiffres concernent l’année 2009). En termes réels, le revenu a chuté de 4,8% depuis l’année 2000.

Augmentation en vue

Le rapport révèle aussi que près de 51 millions d’Américains ne disposent pas d’assurance santé, soit 5 millions de plus que l’année précédente. Un chiffre sans précédent, tandis que l’administration de Barack Obama parvenait l’année dernière à faire passer au Congrès un texte rendant désormais cette assurance obligatoire. Jusqu’à présent, aux Etats-Unis, l’assurance santé était très souvent payée par l’employeur et donc liée à un travail. Perdre l’un, c’est automatiquement perdre l’autre.

Selon la chercheuse Isabel Sawhill, qui commentait ces chiffres sur le site de la Brookings Institution pour laquelle elle travaille, le nombre de pauvres va encore s’accroître ces prochaines années. Etablissant des projections sur l’emploi et constatant la forte corrélation entre pauvreté et chômage, la chercheuse prédit que 16 Américains sur 100 passeront bientôt sous la barre. Au total, estime-t-elle, la récession aura rejeté dans cette catégorie quelque 10 millions d’adultes et 6 millions d’enfants.

Il n’est pas rare, désormais, que la famille restée au Mexique ou au Guatemala envoie de l’argent pour aider les immigrés latinos partis aux Etats-Unis. Le niveau de pauvreté a été fixé à un revenu annuel brut de moins de 10 830 dollars pour une personne seule et de 22 050 dollars pour une famille de quatre personnes. Mais les chiffres du Bureau du recensement ne tiennent pas compte des millions de familles qui s’entassent maintenant dans le même appartement, incapables de se payer un logement séparé.

Fin des largesses fiscales

En outre, notent les auteurs du rapport, il faudrait ajouter encore des millions de pauvres supplémentaires si n’était l’expansion de certains programmes sociaux décidée ces derniers mois. Le nombre de personnes tributaires de tickets d’alimentation a également explosé, concernant aujourd’hui un adulte sur sept et encore davantage d’enfants.

Dans ses commentaires, Isabel Sawhill plaide pour l’établissement d’un réel «filet de sécurité» pour ces millions de personnes dans la nécessité qui n’ont pratiquement aucune chance de retrouver un emploi dans le court terme. Des études montrent que, lors des trois récessions précédentes, le taux de pauvreté n’a commencé à décroître qu’une bonne année après que le nombre de sans-emploi commence à se stabiliser.

Ces chiffres tombent alors que le principal débat économique se centre aujourd’hui sur l’ampleur du déficit budgétaire et sur les moyens de le résorber. Mais ils s’inscrivent aussi dans la polémique qui a surgi autour de la baisse des impôts décidée par George Bush pour les Américains les plus fortunés. Ces largesses fiscales doivent en théorie arriver à expiration à la fin de l’année, mais les élus républicains tentent de les prolonger pour une période indéfinie. Elles concernent 4% de la population et représentent une économie de 700 milliards de dollars pour les Américains les plus riches.

PAR LUIS LEMA, NEW YORK le temps sep10

EN COMPLEMENT : La crise a précipité 64 millions de personnes dans la misère en 2009

Le constat est sans appel: 64 millions de personnes additionnelles sont tombées sous le seuil de l’extrême pauvreté. L’an dernier, 40 millions ont rejoint la horde qui n’a même pas un repas par jour.

L’avenir n’est pas moins sombre. En 2015, près de 38% de la population en Afrique subsaharienne, soit 366 millions de personnes, vivront avec moins de 1,25 dollar par jour et 1,2 million d’enfants de plus que prévu mourront avant d’atteindre 5 ans. Quelque 100 millions de personnes de plus n’auront toujours pas accès à de l’eau potable.

Pour la BM, l’institution chargée de lutter contre la pauvreté dans le monde, cette aggravation s’explique: la crise financière et économique qui a jeté des dizaines de millions de travailleurs dans la rue. Mail il y a eu aussi la flambée des denrées alimentaires et de produits énergétiques. «Sans ces «accidents», le monde aurait fait un pas décisif pour atteindre les ODM en 2015», explique un cadre de la BM.

Selon l’institution, des progrès notables ont été réalisés depuis 2000. «Sur 84 pays en développement, 45 ont déjà atteint ou sont en voie d’atteindre les ODM à temps», note le rapport. Globalement, le pourcentage de pauvres ayant 1,25 dollar par jour atteindra 15% de la population mondiale, bien au-dessous de l’objectif de 21%. Un résultat dû notamment à la Chine où le nombre de personnes pauvres est déjà passé de 683 à 208 millions en 10 ans. «Le point noir reste l’Afrique subsaharienne et les pays d’Asie du sud, notamment le Pakistan, le Bangladesh et l’Afghanistan», poursuit le spécialiste.

Les crises n’ont-elles pas bon dos pour expliquer l’échec des ODM en Afrique? «Non, explique-t-il. La tragédie est que les pays pauvres ont été touchés de plein fouet par les crises alors que d’autres pays moins vulnérables ont pu y résister.»

«Il est aussi vrai que des promesses d’aide n’ont pas été tenues», renchérit un autre cadre de la banque. Il rappelle que lors du sommet de L’Aquila, en Italie en 2009, le G8 s’était engagé à investir 22 milliards de dollars dans l’agriculture dans les pays pauvres pour éviter des crises alimentaires à l’avenir, mais n’a pas donné suite.

Par Ram Etwareea le temps sep10

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