Analyse d'un secteur économique particulier

5 indicateurs pour évaluer les banques

5 indicateurs pour évaluer les banques

Le secteur bancaire européen est dans la tourmente depuis quatre ans. Même les groupes qui étaient jugés solides il y a quelques mois sont aujourd’hui pris dans une spirale baissière dont il est difficile de voir la fin…Contrairement à une entreprise traditionnelle, la comptabilité bancaire est relativement spécifique. Il a donc été nécessaire de développer des indicateurs propres au secteur.

1. Ratio Tier 1

Le ratio de solvabilité Tier 1 a été au coeur des débats depuis la crise financière. En 2008, les banques proches de la faillite se sont longtemps vantées d’avoir une situation saine, notamment parce que leur ratio Tier 1 était bon. Ce ratio représente en principe la simple division des fonds propres (le capital + les réserves constituées) d’une banque et de l’ensemble des actifs (prêts aux entreprises, aux ménages et aux pouvoirs publics). Sa fonction a toutefois été progressivement pervertie durant les années qui ont précédé la crise bancaire, en faisant entrer dans les fonds propres Tier 1 des éléments de moindre qualité. Ceci a permis aux banques d’augmenter de plus en plus leurs actifs sans devoir augmenter leur capital (et diluer les actionnaires existants). Les nouvelles règles de Bâle III visent clairement à limiter les abus, et à rendre un sens à ce ratio qui reste l’un des plus utilisés par les analystes. D’où le besoin aujourd’hui de procéder à des recapitalisations bancaires pour corriger les excès du passé.

2. Ratios de liquidité

L’autre grande réforme des accords de Bâle III sera l’accent mis sur la liquidité bancaire, c’est-à-dire la capacité d’une banque à faire face à des retraits massifs des épargnants en période de crise, et à éviter un effet domino. La crise de 2008 a démontré que les bilans étaient très souvent fortement déséquilibrés, avec prêts à très long terme financés par des dépôts à très court terme, qui nécessitaient de se reposer fortement sur le marché interbancaire. Quand ce dernier s’est trouvé paralysé, les banques n’ont soudain plus pu faire face à leurs engagements, ce qui a provoqué la panique et les plans de sauvetage en cascade. Le Liquidity Coverage Ratio examine si les banques disposent de suffisamment de actifs liquides sur leur bilan pour faire face à des retraits massifs à court terme (un mois). Le Net Stable Funding Ratio est lui une mesure à plus long terme, qui incite les banques à financer leur activité par des sources de financement plus stables. Ces deux mesures devraient officiellement être introduites entre 2015 et 2018, sur une base trimestrielle, mais les analystes ont déjà commencé à faire leurs propres calculs pour examiner l’impact futur de ces mesures.

3. Prix / valeur comptable

C’est l’indicateur de marché préféré de la plupart des analystes. Il fait le rapport entre la capitalisation boursière et l’actif net. Un ratio de 1 indique que la rentabilité de l’actif net correspond à la valeur du titre. Avant la crise de 2008, il n’était pas rare de voir les valeurs bancaires coter à 2 fois leur valeur comptable. Le rachat d’ABN Amro par le consortium Royal Bank of Scotland/Banque Fortis/Santander avait par exemple valorisé le groupe néerlandais à 3 fois sa valeur comptable, un ratio qui semblait excessif à l’époque. A l’heure actuelle, la plupart des groupes bancaires européens cotent largement en dessous de leur valeur comptable, ce qui signifie que la rentabilité attendue sur le secteur est très faible.

4. Rentabilité

Il existe de nombreux ratio qui visent à examiner la rentabilité d’une banque. Les deux plus regardés sont le Return on Equity ou RoE (rendement des fonds propres) et le Return on Assets ou RoA (rendement de l’actif net). Une banque avec un RoE élevé peut avoir un RoA faible, si les fonds propres sont utilisés pour financer des prêts peu rémunérateurs.

5. Activité

Enfin, il existe également de nombreux ratios qui examinent la manière dont une banque travaille. Le ratio prêts/dépôts permettra par exemple de voir dans quelle mesure une institution n’a pas consenti trop d’emprunts par rapport à la taille de ses dépôts bancaires.

La marge nette d’intérêts correspondra à la différence entre ce qu’elle perçoit en intérêts de toutes sortes (prêts, obligations) et ce qu’elle paie sur les dépôts (comptes d’épargne, comptes à terme, obligations émises).

30 septembre 2011 par Frédéric Lejoint/mon argent-l’Echo

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