Art de la guerre monétaire et économique

La plus grosse banque de l’Italie? C’est la mafia…

La plus grosse banque de l’Italie? C’est la mafia…

Selon une étude publiée ce mardi par Confesercenti, une importante association représentant environ 270.000 PME, les 4 groupes mafieux italiens ne se cantonnent plus à leur Mezzogiorno d’origine, et ils ont déployé leurs tentacules sur l’ensemble du pays. Alors qu’on sentait surtout la présence de la mafia dans les régions de Naples et de Palerme, on en entend désormais parler dans les contrées riches du nord du pays telles que la Lombardie et sa capitale, Milan, qui est aussi la capitale économique du pays. En outre, les groupes de crime organisé, incluant Cosa Nostra de la Sicile, la Camorra des alentours de Naples et la ‘Ndrangheta de Calabre, qui étaient jusqu’alors présents surtout dans les secteurs du jeu, de la construction et de la gestion des déchets, se sont désormais attaqués à de nouveaux marchés, comme la santé publique, les transports et la logistique.

Exploitant la crise pour racheter des entreprises, des magasins et des restaurants, ils se sont constitué un trésor de guerre de 65 milliards d’euros de liquidités, ce qui fait d’eux la « plus grosse banque de l’Italie ». Le Daily Telegraph rapporte que l’on estime à 100 milliards d’euros leurs bénéfices annuels, c’est-à-dire 7% du PIB de l’Italie.

Le gangster de base n’est plus le truand « porte-flingue » traditionnel, mais bien un businessman avisé doté d’un smartphone et d’une solide connaissance de la finance. Il se substitue aux véritables banquiers, devenus réticents à toute prise de risque, pour accorder des crédits à des taux usuraires (loan sharking, « prêt de requin »), jusqu’à pousser ses clients au dépôt de bilan dans certains cas. « Selon nos estimations, les prêts usuraires ont causé la fermeture de 1.800 entreprises en 2010 et ont détruit des milliers d’emplois. En ce moment, Mafia Inc. est la seule entreprise volontaire pour réaliser de substantiels investissements », explique le rapport. Les petites entreprises ont également été victimes d’extorsions et de vols, au rythme étourdissant d’un délit à la minute.

Confesercenti estime que Mario Monti doit aider les entreprises à « reprendre le territoire occupé par la mafia », mais ce ne sera pas chose facile, d’autant plus que c’est grâce à la complicité de politiciens, entre autres, qu’elle a pu réaliser sa progression sur le nord de l’Italie.

La cour de justice Européenne a estimé hier que le gouvernement italien avait violé les droits des Napolitains en échouant dans sa gestion de la crise des éboueurs de Naples, qui avait conduit à l’accumulation de tonnes d’immondices dans les rues de la ville. Or, c’est la Camorra qui contrôle le ramassage des poubelles de Naples…

source The Telegraph/Express.be janv12

6 réponses »

  1. Certes, mais si ça rigole pas avec LES mafias, c’est BIEN PIRE … avec les triades.
    Les enquêteurs n’ont même pas le temps d’écrire … le titre du rapport. Couicccc !
    Mais genre discret hein. Tout en finesse … si je puis m’exprimer ainsi !

    P.S. Au Japon c’est pas triste non plus avec les yazuka !

  2. je suis française et je vis dans l’Italie du Sud depuis quelques années… ce que je peux dire en parlant de vécu, c’est que les organisations comme la mafia, la n’drangheta calabraise et autres( cette dernière est la plus puissante) se sont beaucoup évoluées ces dernières années, et leurs enfants sont tous dans les meilleures universités italiennes, leur guerre n’est plus faite de bombes et de fusils ( lupara) mais de postes stratégiques au pouvoir ( finance, politique, etc). Il est devenu donc fondamental pour ces hommes et femmes de se déplacer sur un territoire plus vaste, surtout en Lombardie. Ils se sont spécialisés, et sont devenus raffinés. Mais les pouvoirs décisionnels restent dans le sud. Ici la criminalité est dans l’ADN et s’apprend sur les bancs à l’école. Par criminalité on commence par le clientélisme et les rapports de force. Derrière chaque personne il peut s’en cacher une autre. Très simple.

  3. qui a dirigé l’italie depuis ces dernières années?berlusconi n’etait il pas l’ambassadeur déguisé de la mafia?

    • Oui bien sur, et ses alliés de la Ligue du Nord sont des brigands de la pire espèce, qui parlent encore aujourd’hui de sécession, prise des armes, de « Rome voleuse », de « petites patries », etc. Je suis italien du Nord-Est, emigré en France. Ma région d’origine, la Vénétie, a été décrite comme la locomotive de l’Italie dans les années 90, alors même que le boss Felice Maniero y avait développé la puissante « Mafia del Brenta [fleuve local] »… Aujourd’hui le paysage des villas de Andrea Palladio (patrimoine UNESCO) est vilipendé à jamais, et sont encore en prévision les infrastructures routières, électriques, centrales thermiques à charbon ( ! ), centres commerciaux gigantesques, etc. tandis que la plaine du Po est un paysage de désolation, autrefois paysage rural fait de ruisseaux et polycultures aujourd’hui coulée de béton ou les boite vides et mises en vente remplacent les clochers comme symboles d’un paysage de la peur.

      Voilà le lègue de 17 ans de Berlusconisme, sans oublier ses prédécesseurs les socialistes guidés par Craxi, qui a fuit en Tunisie recherché par la justice avant d’y mourir.
      L’Italie est dans une situation pitoyable, sombre petit à petit dans la misère, et on ne voit pas le bout du tunnel. Bien sur il y a quelques ilots heureux, mais ces sont des perles rares (Toscane, Vallée d’Aoste, Trentino Alto Adige…).

      Après Monti le déluge.

      • c’est doublement triste,ce pays est(était)d’une beauté exceptionnelle ,ainsi que ses habitants.j’y ai travaillé et passé des moments superbes!et d’accord sur la triste gauche italienne:prodi viré de la comission européene avec son equipe si je me souviens bien?

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