Art de la guerre monétaire et économique

Le grand retour de la « répression financière »

Le grand retour de la « répression financière »

Il ne faut pas être un grand économiste pour comprendre que la dette des Etats a atteint la cote d’alerte dans de nombreux pays, et surtout dans nos pays occidentaux. D’où la question qui revient sans cesse : comment ramener cet endettement à des niveaux raisonnables sans recourir à des faillites d’Etat ou plus exactement à des « Debt Jubilee « , seule solution pourtant  vraiment pérenne mais dont les Etats se refusent et pour cause à  encore entendre et vouloir parler….

  Alors, que faire en attendant   ? Patienter 15 ans que la dette soit purgée ?

A vrai dire, la question semble avoir trouvé une réponse chez les Etatistes de tout poil et de toute obédience  – et ce moyen n’est pas nouveau, il a été utilisé après la deuxième guerre mondiale, cette réponse c’est la « répression financière ».

Un État confronté à de grandes difficultés budgétaires gagne à choisir la voie de la combinaison optimale entre promotion de la croissance économique, maîtrise des dépenses publiques et prélèvements fiscaux accrus, mais il peut être tenté par des stratégies de substitution, politiquement moins difficiles à assumer.

Ces voies alternatives incluent la restructuration de la dette et l’inflation, qui érode la charge réelle de la dette publique et flatte les ratios budgétaires en gonflant le PIB utilisé au dénominateur de ceux-ci.

 Il est une autre alternative qui, grâce notamment à Carmen Reinhart, a reçu une attention croissante, à savoir celle de la répression financière.

PLUS DE REPRESSION EN SUIVANT :

De quoi s’agit-il pour les Etats ?

De rembourser leurs dettes en monnaie de singe, en versant aux souscripteurs de la dette publique un taux d’intérêt réel négatif. C’e  st-à-dire un taux d’intérêt nominal inférieur au taux d’inflation. C’est d’ailleurs ainsi que les Anglais, les Américains et les Français ont réussi à réduire leur dette publique de 3% à 4% de leur PIB chaque année entre 1945 et la fin des années 1970. Bref, ils ont lésés les détenteurs de capitaux, ceux qu’on appelle les rentiers si on ne les aime pas, et les épargnants, si on a plus d’égard à leur encontre !

Certains économistes pensent que c’est ce qu’on est en train de faire  en Europe. Les taux d’intérêt créditeurs sont faibles (regardez votre livret d’épargne) et l’inflation dépasse le rendement de ces livrets. Bref, on spolie l’épargnant. Quant à l’Etat, il favorise la détention de la dette au détriment des autres placements. Comment ? Via une fiscalité plus favorable pour les obligations d’Etat. Ensuite, en forçant les banques et les assureurs à détenir des obligations d’Etats et non pas des actions ! Sans compter que via la banque centrale européenne, les Etats s’arrangent pour que les banques commerciales achètent en priorité des titres d’Etat, tout en maintenant les taux d’intérêt à un niveau plancher (c’est le phénomène de redomestication des dettes actuel)

 Cette situation est due aux politiques non conventionnelles des principales banques centrales, appelées de leurs vœux par les gouvernements des pays de l’OCDE qui, pour assainir leur système financier plombé d’actif sans valeur réelle, d’une part, et faire face à leur endettement excessif, d’autre part, empêchent les mécanismes de marché de jouer, en les distordant, c’est-à-dire en les empêchant, le moment venu, de répondre aux poussées d’inflation. C’est l’un des éléments de la répression financière que la France avait bien connu dans les années 1950/1970, où l’appareil d’Etat distordait artificiellement les taux d’intérêt à la baisse pour répondre aux besoins de financement de la reconstruction. Ce fut l’époque dite des « Trente Glorieuses », pas pour tout le monde, en tous cas pas pour les épargnants.

Bref les Banques centrales devenues les otages des états et le bras armé de politiques économiques devenues  kleptocratiques, manipulent à l’envie et les marchés et les opinions publiques dont elles sont sensés pourtant préserver les intérets vitaux. C’est ce qui fait par voie de conséquence que certains experts parlent carrément d’une « manipulation des marchés » par les Etats.

 

Si la répression financière devait perdurer, se pose aux gérants institutionnels (principaux acteurs de facto des  marchés financiers) la difficile question de leur allocation d’actifs, au moment même où les nouvelles règles prudentielles forcent les institutions financière d’épargne et de prévoyance à concentrer l’investissement de leurs réserves en dettes souveraines !

Le Plan de repression financière des Etats

  • Financement bon marché

Une dette publique élevée ne devient réellement problématique que quand elle génère de lourdes charges d’intérêt pour la collectivité. Cela saute aux yeux en considérant le Japon. Grâce à un taux d’intérêt de l’ordre de 1%, ce pays connaît une ponction sur l’économie pour payer les intérêts de la dette nettement plus faible que par exemple  la Belgique en dépit d’un taux d’endettement beaucoup plus élevé. En laissant de côté la question de l’éventuel réinvestissement dans l’économie nationale des intérêts payés par l’État, une manière de s’accommoder au problème de la dette publique sans devoir s’en prendre à ses causes est de n’avoir à servir qu’un faible taux d’intérêt.

C’est l’objectif poursuivi par la répression financière, à côté de la manière « noble » mais fallacieuse  d’y arriver qui est de susciter la confiance de l’investisseur quant au remboursement à heure et à temps et quant à l’absence d’inflation.

  • La BCE comme agent de la répression

La première forme de répression financière est un contrôle des taux d’intérêt. La politique monétaire des pays industrialisés est extrêmement accommodante, même si cela ne se marque pas dans l’évolution des agrégats monétaires. Il en résulte des taux d’intérêt bas pour les banques et, selon les cas, aussi les pouvoirs publics. Cette politique vise à faire d’une pierre trois coups: soutenir l’activité économique, aider les banques et soulager les finances publiques.

Avec un taux d’intérêt brut inférieur au taux d’inflation, et encore plus lorsque la fiscalité est prise en compte, les banques centrales incitent soit à consommer, soit à investir autrement que dans des placements sûrs à court terme, et, en même temps, elles permettent aux banques et aux États de se financer à bon compte.

Le contrôle sur les taux d’intérêt peut aussi avoir lieu au travers de la fixation par l’autorité d’un plafond sur des taux débiteurs ou des taux créditeurs, par exemple sur les livrets d’épargne, mais cette dernière approche n’est pas populaire même si elle est « saine »là où les dépôts bénéficient d’une garantie publique.

  •  Canaliser l’épargne

La seconde forme de répression financière englobe toutes les mesures qui conduisent à canaliser l’épargne vers les emprunts d’État pour ainsi en abaisser le taux d’intérêt. Il s’agit premièrement de restrictions sur les flux internationaux pour capter l’épargne nationale et de coefficients de réserves obligatoires (non rémunérées) élevés imposés aux banques. Deuxièmement, des distorsions fiscales peuvent favoriser les obligations, par exemple un précompte réduit ou une taxe sur les transactions allégée, de même que la seule annonce de mesures fiscales potentielles pénalisant d’autres classes d’actifs, comme un alourdissement de la taxation des plus-values ou une révision des revenus cadastraux.

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Les Belges achètent leur propre dette

Près de la moitié de la dette publique est à nouveau détenue par des Belges. Ces derniers ont acheté l’an dernier 29 milliards d’euros d’obligations de l’État belge alors que les étrangers ont vendu du papier belge pour 7 milliards.

La dette publique a grimpé l’an dernier de quelque 21 milliards d’euros à 362 milliards d’euros. Cette hausse a été entièrement absorbée par des investisseurs locaux, indiquent des chiffres de la Banque nationale. En conséquence, 47% de l’encours de la dette est détenu par des Belges contre 41,6% en 2010. La part des étrangers avait grimpé ces dernières années, mais la crise de la dette dans la zone euro a rendu ces derniers plus prudents.

 Les banques et les autres institutions financières belges sont les principaux acheteurs. Mais les particuliers (via les bons d’Etat en fin d’année) et la Banque nationale ont également acquis des titres.

 Les spécialistes indiquent que la tendance de 2011 se poursuit cette année. « Les banques utilisent les crédits à bon marché de la BCE pour acheter de la dette de leur propre Etat ». Ce fut le cas pour l’Espagne et l’Italie. Les obligations belges se comportent bien sur les marchés. Le taux à 10 ans était pointé à 3,16% vendredi.

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Troisièmement, la stratégie d’investissement des banques peut être biaisée au bénéfice des titres souverains nationaux, directement dans les banques publiques, comme la Banque Postale du Japon, ou par l’exercice d’une pression, réelle ou supposée, du régulateur national. Enfin, des mesures prudentielles présentées en tant que contrôle des risques, comme Bâle III, favorisent les obligations souveraines.

Synthèse réalisée par THE WOLF le 5 Mai 2012

source l’Echo/Trends/Nouvel Economiste….

EN BANDE SON :

5 réponses »

  1. De Fripoullies en Magouilles, pauvre Gribouille qui part en c……. ! Ayoye (pour changer un peu quoi !)

  2. Donc si je comprends bien, les épargnants possédant des obligations seront appauvris par la répression financière. Mais qu’en est il des rentiers qui possèdent des immeubles et vivent de leurs loyers ?

    Seront ils protégés ou bien l’état va également trouver des moyens de les faire participer ?

    • Bien évidemment l’état va taxer encore plus l’immobilier, qui, comme son nom l’indique, ne peut pas être délocalisé.

  3. peut être cela a t’il déja été expliqué, mais pouvez vous expliquer dans le détail comment l’état forçe les banques et les assureurs à détenir des obligations d’Etats et non pas des actions, comme il l’est dit dans l’article. merci

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