Art de la guerre monétaire et économique

Chevalier Noir et Cygne des Temps : Les algorithmes de Knight Capital font disjoncter Wall Street

Chevalier Noir et Cygnes des Temps : Les algorithmes de Knight Capital font disjoncter Wall Street

ROBOT TRADER

Les algorithmes de Knight Capital font disjoncter Wall Street Mercredi entre 9h30 et 10h15, 140 sociétés ont plongé dans le chaos sur la bourse de New York. Les programmes de trading Knight Capital sont en cause. Cet incident a coûté 440 millions à la maison de courtage

Cela devait être l’événement de ce 1er août à Wall Street: l’annonce par la Réserve fédérale de sa stratégie pour sortir l’Amérique de la crise. Les traders new-yorkais n’y auront pourtant jeté qu’un œil. Tentant plutôt de comprendre ce qui avait fait disjoncter le premier marché boursier mercredi dès son ouverture. Durant trois quarts d’heures de chaos, les cotations de 140 sociétés sont parties dans tous les sens, rappelant le «krach éclair» de 2010. Une activité frénétique. Irraisonnée. Faisant s’envoler les actions de Dole Food. Ou plonger celle de Harley-Davidson.

Tempête de 50 secondes<br /><br /> sur l’action Novartis à New York ce mercredi matin. (Nanaex, LLC)<br /><br />

 Les titres américains de Novartis ont, eux, décroché de 4%. Les images prises au ralenti – à la milliseconde – par la société Nanex (ci-dessus) révèlent que ces actions du géant pharmaceutique ont été l’objet de plus de 16 000 cotations et près de 1500 échanges entre 09 h 36 mn 01 s et 09 h 36 mn 56 s. Puis tout est revenu à la normale.

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 La révolte des logiciels

 Mercredi, il aura fallu plusieurs heures pour identifier le coupable: les algorithmes de Knight Capital. Knight Capital est un teneur de marché électronique (il refuse de se qualifier de trader à haute fréquence ndlr). France Télévisions (via Cash Investigation) et GQ lui ont récemment rendu visite à Londres. La firme de courtage est connue pour être l’un des principaux «market maker» – une sorte de commissaire-priseur – de Wall Street.

Ses ordinateurs achètent et revendent en permanence des titres – perdant ou gagnant une micro-somme au passage – afin d’assurer chaque jour la fluidité des échanges de quelque 20 milliards de dollars de titres. Ces dernières années sa clientèle a été constituée de façon croissante de fonds spéculatifs. «Le milieu du courtage est extrêmement compétitif et les clients attendent des services de plus en plus complexes», invoque Jonathan Jenkins responsable de l’antenne genevoise de TradingScreen, fournisseur de logiciels de transmission d’ordres basé à New York.

 L’explication officielle donnée par Knight Capital, jeudi? «Un problème lié à l’installation d’un logiciel de trading a provoqué l’envoi de milliers d’ordres erronés.» Selon l’enquête menée par Nanex, un algorithme se serait mis à tourner à l’envers: vendant en boucle les titres au prix demandé par les acheteurs – c’est-à-dire au plus bas – après les avoir achetés aux conditions visées par les vendeurs, donc au plus haut. Sur les actions d’une société comme l’électricien Exelon, «ceci signifie perdre 0,15 dollar pour chaque transaction; quarante fois par seconde, 2400 fois par minute, ce qui en fait une redoutable machine à brûler les dollars», décrypte la société new-yorkaise.

 440 millions de pertes

 Les autorités de marché auront finalement déclaré nulles et non avenues les transactions réalisées durant le chaos. Mais sur seulement six sociétés. Knight Capital doit régler la facture sur les autres. La firme dirigée par Thomas Joyce – l’une des figures de Wall Street – estimait jeudi l’ardoise à 440 millions de dollars. Soit quatre années de profits effacées en moins d’une heure. «Bien que nos fonds propres aient été sévèrement touchés, ils restent conformes [au minimum légal]», tente depuis de rassurer Knight Capital, alors que la valeur de ses propres actions a été divisée par trois en trente-six heures. Une panique de ses actionnaires cette fois extrêmement rationnelle .440 millions de dollars, c’est beaucoup pour une firme qui a généré 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2011 pour toutes ses activités. Elle avait déjà laissé 65 millions de dollars de pertes lors de l’introduction de Facebook sur le Nasdaq. Toutefois, là, elle devrait recevoir un dédommagement.

Le titre de Knight Capital chute lourdement ce mercredi 1er août, comme on peut le constater sur ce graphique.

La sanction est immédiatement tombée pour Knight en Bourse, après avoir corrigé de 32% le 1er août, le titre Knight Capital chute encore lourdement la séance suivante . Les marchés ne pardonnent pas ce genre d’erreur. Les régulateurs non plus. La CFTC et la SEC ont déjà condamné d’autres firmes pour des algorithmes défectueux. Des firmes comme Infinium Capital Management ont reçu une amende de 850.000 dollars suite à un algorithme défectueux.

Toutefois, derrière les problèmes de Knight, on trouve aussi le nouveau programme Retail Liquidity du NYSE, un internaliseur d’ordres destiné aux firmes comme Knight qui amène des flux de transactions de sa clientèle. Celui-ci démarrait comme par hasard ce 1er août. On dirait qu’il a connu des petits problèmes, comme le Nasdaq avec l’IPO de Facebook. Les algorithmes de pricing semblent avoir bien des failles.

On verra ce que l’enquête va donner.

Premarketinfo souligne que seule une intervention humaine a pu arrêter cette boucherie. En tout cas, cet épisode est embarrassant pour le NYSE et pour Knight, mais aussi pour l’intégrité (ou plus l’absence d’intégrité) des marchés d’actions aux Etats-Unis.

 Par Pierre-Alexandre Sallier/Le Temps+Jennifer Nille/Fair Trade Aout12

5 réponses »

  1. Enfin un peu de morale… Celui qui a pêché par l’algo périra par l’algo. Sérieusement, on se demande comment les autorités peuvent laisser perdurer ce genre de système à la con. Il faut arrêter le THF et autres formes de trading complètement déshumanisées.

    • Entièrement d’accord.

      Ceci dit, en conclusion, je dirais que

       » CELUI QUI VIVRA PAR LES PETS,
      PÉRIRA PAR LES GAZ. »

      Scusez, j’ai pas pu résister.

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