Art de la guerre monétaire et économique

Le rôle de l’or dans le système monétaire de demain

Le rôle de l’or dans le système monétaire de demain

 La crise actuelle accroît la pression en faveur d’un système multimonétaire. Durant la phase de transformation, l’or jouera un rôle crucial

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Sur la scène de la crise de l’endettement, les rôles joués par les diverses monnaies sont redistribués. En dépit des failles de marché récentes et outre les grandes monnaies fiduciaires, l’or gagnera encore en importance. Les raisons paraissent évidentes lorsque l’on observe de plus près l’évolution de notre système monétaire.
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Notre système actuel est en grande partie dirigé par le dollar et l’euro ainsi que les politiques monétaires qui leur sont liées. Dans un contexte historique, cette situation est très insolite: une devise de référence était autrefois déterminée par l’influence du plus grand créancier. Il suffit de penser à la livre durant l’ascension de l’Empire britannique. La fonction de devise de référence dérivait de la position hégémonique du plus grand créancier combinée à la plus forte consommation.
La position prépondérante actuelle de la banque centrale des Etats-Unis ou de l’Union européenne dans la politique mondiale menée sur le marché monétaire et en matière d’endettement ne reflète toutefois pas l’influence des plus grands créanciers, mais plutôt celle des plus grands débiteurs! Nous vivons par conséquent à une époque où les créanciers financent les débiteurs et se soumettent en même temps à leur diktat politique.

Une nouvelle dimension de la crise de la dette apparaît dans la rubrique «mesures non conventionnelles» et se matérialise dans le fait que les banques centrales rachètent les titres de créance de leur propre pays. Cette mesure permet en premier lieu d’acheter du temps et un niveau d’intérêt bas, lequel est censé créer un contexte aussi positif que possible pour le développement économique.
Les banques centrales évoluent ainsi sur un terrain inexploré. L’achat de temps et de taux record par de l’argent bon marché coïncide avec un gonflement des bilans. Le bilan de la Fed s’élève déjà à 20% du PIB américain, alors que celui de la Banque centrale européenne représente 30% du PIB de l’Union européenne. La Banque nationale suisse a fait grimper son bilan à 75% du PIB grâce à la garantie du taux minimal par rapport à l’euro.

Le scénario de sortie de cette politique en matière de monnaie et d’endettement n’est pas encore à l’ordre du jour, car la marge de manœuvre – marges de fluctuation proches de zéro – est très limitée. Si le niveau des taux d’intérêt grimpe, les titres de créance se déprécieront dans le portefeuille des banques centrales. Si elles vendent les créances, elles subiront une perte. Une variante consisterait à conserver les titres de créance jusqu’à leur échéance. Mais le dilemme réside dans le fait que les banques centrales ne pourront pas engager leurs actifs pour financer d’autres mesures.
Dans ce contexte, il est évident que le scénario doit être réécrit. Notre système monétaire basé sur le dollar et l’euro doit être modifié, car il ne pourra se soustraire à terme à la réalité de l’économie mondiale et à la répartition des rôles entre débiteurs et créanciers. En vue de sa transformation, les banques centrales devront davantage diversifier leurs réserves monétaires et, en plus du dollar, de l’euro et de la livre sterling, étoffer leurs positions dans d’autres monnaies telles que l’or, le renminbi, le yen, le real, etc. 

L’or, en tant que monnaie alternative exempte de dette, joue à cet égard un rôle capital, qui s’est déjà confirmé à l’occasion des distorsions survenues sur les marchés financiers. Depuis 2011, les banques centrales se présentent comme des acheteurs nets. La moyenne mondiale des réserves d’or de banques centrales par rapport aux réserves monétaires avoisine 14% (source: World Gold Council, WGC). Il est intéressant de noter que les Etats-Unis détiennent la plus forte quote-part (75%), de sorte qu’ils sont parfaitement armés en cas d’inflation du dollar – dépréciation du dollar accompagnée d’une hausse simultanée du cours de l’or.
A l’inverse, la Chine et le Japon, qui, à titre de principaux créanciers des Etats-Unis, détiennent ensemble 2,3 milliards de dollars en bons du Trésor américains, ne couvrent avec de l’or que respectivement 1,6% et 2,9% de leurs réserves en monnaies étrangères (source: WGC et Fed). En cas de diversification à l’aide de monnaies alternatives, le défi réside dans le fait qu’elles ne sont pas encore librement convertibles. En outre, des pays à vocation exportatrice comme la Chine ont intérêt à ce que le dollar américain soit fort.

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A moyen terme, le dollar et l’euro sont incontournables, car les réserves monétaires mondiales consistent pour deux tiers en dollars et pour un quart en euros. De plus, il faudra encore attendre des années avant que des régimes comme celui de la Chine autorisent la convertibilité. La crise de l’endettement accroît cependant la pression en faveur d’un système multimonétaire. Durant la phase de transformation vers un système multimonétaire susceptible de fonctionner, l’or et le pouvoir de disposer des réserves d’or joueront un rôle prépondérant. C’est ce qui transparaît dans l’exemple de la Deutsche Bundesbank, qui doit rapatrier ses réserves d’or de Paris et de New York et céder ainsi à la pression du peuple allemand. L’or sort ainsi de son sommeil. Il abandonne son rôle de figurant et brille d’un nouvel éclat en tant que monnaie libre de dette et médiateur entre débiteurs et créanciers. 

Par Stephan Müller Product Management & Development, Swiss & Global Asset Management/Le Temps 22/4/2013 

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9fbc1ef2-aa9f-11e2-bcb1-70560e33ec49/Le_r

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