Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

L’Entrepreneur et sa Vocation Par Charles Gave

L’Entrepreneur et sa Vocation Par Charles Gave

Dans un article paru vendredi dernier, nous rappelions aux lecteurs de l’Institut  la thèse du Père Sirico, de l’Acton Institute: choisir de devenir Entrepreneur c’est répondre à une Vocation. Je voudrais  approfondir ici cette notion essentielle en rappelant que du succès des entrepreneurs, et de ce succès seul, dépend la croissance et donc les emplois et l’évolution du chômage.

Pour paraphraser de Gaulle: « L’emploi, l’emploi disent-ils en sautant comme des cabris sur leurs chaises« . Les politiques depuis des lustres nous expliquent en effet, avant chaque élection, qu’ils ont des remèdes miracles pour « créer des emplois », en général en dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas. La discussion tourne toujours autour de la question du « COMMENT ». Comment dépenser cet argent  pour faire baisser le chômage  et créer des emplois? Et pourtant, comme l’avait avoué piteusement le Président Mitterrand: « Nous avons tout essayé, et rien n’a marché », ce qui ne les empêche cependant pas de continuer. Comme si l’Etat qui dépense de l’argent créait quoique ce soit…

Or cet échec  est parfaitement compréhensible.  Pour arriver aux résultats espérés, il y a une question à poser et une seule: non pas « comment « créer des emplois, la sempiternelle question qui nous mène d’échec en échec  et qui laisse à penser qu’il existe une boite à outils quelque part et que l’économie serait comme une machine à vapeur qu’il faudrait simplement mieux régler, mais plus simplement « QUI » créé des emplois.

Dés que l’on fait ce glissement sémantique tout devient simple.  A la question, QUI crée des emplois, la réponse est toujours la même et ce dans tous les pays du monde:  Les « entrepreneurs » créent des emplois, et personne d’autre. Un homme, une femme reçoivent un autre homme, une autre femme dans un bureau ou sur un chantier, et se mettent d’accord entre eux librement, le premier (ou la première) acceptant de payer un salaire au second (ou à la seconde) et le deuxième acceptant de mettre sa force de travail à la disposition du premier, et cela en toute bonne foi de part et d’autre. Ils se rencontrent, ils se plaisent, ils se serrent la main, et voila, un nouveau job créé.

L’économie, ce n’est pas le PIB, la balance commerciale, l’inflation, le déficit budgétaire, la dette mais ce sont des INDIVIDUS qui se rencontrent et qui acceptent librement et en confiance de travailler ensemble ou de commercer l’un avec l’autre en respectant les lois existantes et le contrat passé entre eux. Aux USA où nous disposons des chiffres, plus de 90 % des emplois nouveaux sont crées par des entreprises qui ont moins de trois ans d’âge.  Les grandes entreprises par contre détruisent des emplois par solde. Il en est certainement de même en France.  Et plus il y a de fonctionnaires en pourcentage de la population active, plus le chômage est élevé. La question donc se pose immédiatement: Qu’est qu’un entrepreneur ?

Réponse: c’est quelqu’un qui accepte de vivre avec des coûts certains (les salaires de ses employés, les loyers, les frais généraux, les impôts, les charges sociales etc..) et avec des revenus totalement incertains  (il ne peut pas forcer ses clients à acheter ses produits, en s’appuyant sur un monopole octroyé par l’état contrairement par exemple à la Sécurité Sociale ou à la SNCF).  Si ses coûts sont inférieurs à ses ventes, il fera un profit, qu’il s’empressera de mettre en réserve dans le capital de sa société pour le cas où les choses tourneraient mal, non sans avoir au préalable payé des impôts. Si les ventes sont inférieures aux coûts, il fait des pertes et peut perdre TOUT le capital qu’il avait mis à la disposition de son entreprise et là l’état ne participe pas aux pertes. Dans le cas où il fait faillite, il n’a droit ni au chômage ni à de quelconques indemnités. L’entrepreneur vit  donc perpétuellement dans l’angoisse et l’incertitude, au point que c’est lui qui meurt le plus tôt dans toutes les statistiques démographiques. Car la réalité est que plus des deux tiers des sociétés créées à un moment donné ne sont plus là trois ans après et donc que les 2/3 des entrepreneurs échouent. Mais le tiers qui aura survécu sera à l’origine de quasiment toute la croissance économique  pendant cette période. Sans entrepreneur, pas de croissance économique, pas de croissance des revenus et pas de baisse du chômage. Avec lui, tout est possible. Sans lui tout est impossible.

L’entrepreneur est  de fait celui qui dans le système économique est le seul à accepter de vivre en risque perpétuellement.Il est l’intermédiaire entre le Risque et la Société, une sorte de métal laissant passer le courant de la croissance . Toutes les études                                                                                                                        montrent également  que si les profits des entrepreneurs montent, le chômage baisse et que si  les profits baissent le chômage monte. Cette réalité est appelée « le théorème de Schmidt » du nom de l’ancien chancelier Social Démocrate Allemand  et s’énonce comme suit  « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain. »

Vérifions cette réalité en comparant la croissance des  profits réalisés par les entreprises opérant en France (rien à voir avec les profits du CAC 40), par rapport à l’évolution du PIB Français), en gardant en mémoire une règle toute simple: si les profits augmentent moins vite que le PIB, cela veut dire que le chômage va monter.

France  marge brute d'auto financement , PIB ET CHOMAGE

La ligne verte, c’est la variation sur deux ans des profits des sociétés opérant en France (marge brute d’autofinancement) en termes nominaux. La ligne bleue. c’est la croissance du PIB sur la même période, quant à la  ligne rouge (échelle de droite), elle représente l’évolution du chômage.

Analysons ces trois variables par cycle ‘Présidentiel » depuis 1969.

  • Pendant les années Pompidou, l’entrepreneur est respecté et respectable, la croissance des profits reste supérieure à la croissance PIB. J’ai toujours pensé que la disparition du Président Pompidou avait été LE vrai drame dont la France ne s’est jamais remis… car juste après vint l’effroyable Présidence Giscard.
  • De 1974 à 1981, lhomme du Libéralisme avancé accumule les erreurs. Contrôle des prix, contrôle des changes, contrôle du crédit, politique industrielle, création du SME (l’ancêtre de l’Euro), alourdissement de la pression fiscale et réglementaire, RIEN ne manque à l’appel. Résultat,  les profits s’écroulent et le chômage explose à la hausse…
  • Arrivent les années Mitterrand. Au début, toutes les erreurs sont commises et du coup le Franc Français s’écroule (trois dévaluations en deux ans), ce qui est une excellente nouvelle pour les entrepreneurs dans la mesure où une baisse du taux de change est un transfert de richesse des  » rentiers », les fonctionnaires, aux preneurs de risque, les entrepreneurs…Les profits montent, et le chômage baisse aidée dans la deuxième partie du mandat par la remarquable politique d’un homme du peuple disparu trop tôt lui aussi, Bérégovoy.
  • Arrive le deuxième mandat Mitterrand, marqué par la prise de pouvoir du deuxième Inspecteur des Finances (après Giscard),  a avoir presque tout seul ruiné  l’économie Française , monsieur Trichet, qui en quelques années a détruit plus d’entreprises que personne ne l’a jamais fait dans l’Histoire avec sa politique de maintien d’une parité fixe avec le DM après la réunification Allemande. Inutile de dire que la rentabilité s’écroule et que le chômage explose…
  • Puis viennent les Présidences Chirac et Sarkozy où rien n’est fait, mais rien d’irréparable non plus… ce qui est déjà un résultat honorable.
  • Et nous terminons avec la Présidence Hollande…( « Pour avoir un pays bas, votez Hollande… ») qui refait exactement les mêmes erreurs que monsieur Mitterrand, mais cette fois ci sans l’ajustement des dévaluations répétées et pour la première fois dans l’Histoire depuis 1945, la marge brute d’autofinancement des entreprises BAISSE en termes absolus. C’est donc dire que le chômage explose et va continuer d’ exploser dans des proportions rarement constatées et avec lui les déficits budgétaires. 2014 ET 2015 vont être chauds.

Donc depuis Giscard, la politique Française a toujours fonctionné selon le principe Marxiste que l’entrepreneur est un voleur et qu’une bonne politique consiste à lui « faire rendre gorge ». On n’imagine rien de plus stupide… et on en voit le résultat tous les jours. Une politique intelligente ne cherchera cependant pas à « aider » les entrepreneurs car un libéral ne peut en aucun cas favoriser qui que ce soit tant il croit avant tout à l’égalité de chacun devant la Loi. Mais la réalité d’aujourd’hui est que les entrepreneurs Français ne peuvent  survivre tant ils sont écrasés par l’état, ses réglementations absurdes et ses impôts qui empêchent d’investir et d’embaucher. Les entrepreneurs Français sont donc complètement persécutés comme autrefois pouvaient l’être les Protestants où les israélites et comme toujours par le Clergé régissant l’église dominante (le parti socialiste aujourd’hui, l’église Catholique autrefois…)

ll ne s’agit pas d’aider les entrepreneurs, mais bien de briser leurs chaînes , de libérer  Atlas en quelque sorte (fine allusion a Ayn Rand).Une politique Libérale s’attachera donc à libérer les entrepreneurs Français de toutes les contraintes abusives auxquelles ils sont soumis pour permettre le grand retour des preneurs de risque sur la scène économique de notre pays. 

Charles Gave Le 16/9/2013

SOURCE ET REMERCIEMENTS: INSTITUT DES LIBERTES 

http://institutdeslibertes.org/lentrepreneur-et-sa-vocation/

3 réponses »

  1. Bonjour Monsieur Gave,

    j’ai eu l’occasion de lire un de vos ouvrages, il est certain que vous démontrez à quel point l’Etat doit s’en tenir à ses fonctions régaliennes.

    Vous êtes un fervent admirateur d’une politique de l’offre mettant en avant le rôle capital (sans jeu de mot) de l’entreprise.

    Malheureusement, ces propos sont à nuancer. A ce jour, nous subissons une crise de l’endettement avec un transfert de la dette privée (les banques…) vers la dette publique. Les Etats développés ont certes sans doute des réformes structurelles à faire pour réduire leurs dépenses et ne pas rentrer dans une course à la fiscalité contre nos entreprises.
    Sans l’aide des Etats, nos banques et donc le financement de nos entreprises n’auraient plus lieu d’être (après Lemanh Brother).

    Maintenant, le sujet est bien plus complexe qu’il n’y paraît car nos entreprises comme nos Etats sont à ce jour très ou dépendantes de la financiarisation de nos économies modernes.

    Nos politiques tentent de réguler mais les solutions ne sont pas optimales par exemple avec l’arrivée de Solvency 2 par exemple, les entreprises risquent d’être encore plus dépendantes des marchés pour se financer (rôle des institutionnels dans l’achat d’actions sur les marchés financiers, ils doivent réduire leurs achats pour pouvoir tenir un niveau de fonds propres plus « sécurisant »).

    Qui peut alors soutenir les entreprises si ce n’est l’investissement public quand tout va mal?

    Ensuite, l’économie est mondialisée, les entreprises cherchent donc une main d’oeuvre toujours moins chère ce qui entraîne mécaniquement une baisse des salaires.

    Malheureusement, en m’amusant en reprenant Marx, nous assistons mécaniquement à une baisse tendancielle du taux de profil car en pressant les salaires vers le bas, on pousse la consommation et les profits dans le même sens. Vous savez très bien que la Loi classique et libérale de JB Say sur les débouchés ne tient pas : l’offre ne créant pas sa propre demande.

    L’illusion monétaire ou le tour de magie de l’endettement des ménages par le crédit ne dure qu’un temps pour soutenir l’économie. A un moment, il faut payer ses dettes : on gagne du temps, on restructure mais tout le monde doit payer (exemple : haircut ou perte pour les détenteur de la dette Grecque, on parle de 80%…).

    Enfin, pour reprendre Schumpeter et son processus de destruction créatrice, l’économie mondiale cherche de nouveaux moteurs de croissance mais ils ne viennent pas à ce jour (nouvelles technologies? bio technologies? Gaz de schiste « temporaire » ou révolution verte? Nous sommes à la limite d’un modèle économique basé sur les énergies fossiles…

    En conclusion, oui nous avons trop de pression fiscale mais les causes sont bien plus complexes que ce soit par à cause des excès du public mais aussi du privé.

    Tout ceci se produit dans un environnement de crise économique durable (moins de profits, plus de chômage, sans lien systématique direct) causée par un endettement trop important et les limites de notre modèle économique actuel.

    Il convient donc d’arriver à réguler les passagers clandestins du public et du privé!

  2. En tant que l’entrepreneur QUE JE FUS, je souscris ENTIÈREMENT aux propos de ce jour
    de monsieur Charles Gave.

    Le QUE JE FUS ? Peut prêter à une question :

    Trop vieux ? Passé date ? En panne de ???

    Et bien NON. Tout ceci est à considérer certes, MAIS SURTOUT, la pression fiscale,
    les embuches de toutes sortes et le PEU QUI RESTE lorsqu’on gagne sont devenus
    « LE TROP PEU » POUR QUE JE RE-JOUES LE JEU.

    Surtout que LORSQU’ON PERDS ? PERSONNE NE VIENT À NOTRE AIDE ET L’OPROBE
    EST DANS TOUS LES CAS, LE « SALAIRE SOCIAL » DU MALHEUREUX ENTREPRENEUR.

    C’EST ÉLIMINATOIRE QUANT À MOI QUI AIT SUFFISAMMENT « PRÉVU » pour passer mon tour.

    Et le pire …. c’est qu’après avoir fait ce constat EN FRANCE et ce dès 1995, j’en suis arrivé
    au même point au Québec où la politique fiscale « socialisante » à la française, m’a conduit …
    mais beaucoup plus tard À LA MÊME CONCLUSION.

    LORSQU’ON AUGMENTE LA PRESSION FISCALE AD NAUSEAM ET QU’EN PLUS,
    ON ENLÈVE LES INCITATIFS « FESTIFS » comme la déduction de certains
    frais « professionnels » et/ou de déplacements contrôlés maladivement, ON DISSUADE
    LES ENTREPRENEURS DE SE DONNER LE MAL (fou) que représente le fait
    de « monter » puis d’opérer une PME.

    Un entrepreneur est pas définition une personne de caractère. Plus on l’emmerde (sic)
    moins il va jouer !

    Les fonctionnaires « saigneurs » (sic) de l’impôt ont TOUS LES DROITS ET TOUS LES AVANTAGES.
    Les dés sont pipés. Le malheureux considéré coupable( jusqu’à la preuve du contraire) qui tente
    de faire face à leurs assaut n’a guère de chance de s’en sortir et DANS TOUS LES CAS,
    il aura « saigné » un max !

    HÉLAS, HÉLAS, LE JEU N’EN VAUT PLUS LA CHANDELLE …. quant à moi.

    DONT ACTE !

    Au delas de tous les beaux raisonnements « macro », en voici un MICRO, qui résume je pense
    la pensée et l’action de pas mal de ces entrepreneurs « mythiques » dont parle Charles Gave.

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