Art de la guerre monétaire et économique

Niall Ferguson, professeur d’histoire à Harvard, étrille Paul Krugman, la coqueluche des keynésiens

Niall Ferguson, professeur d’histoire à Harvard,  étrille Paul Krugman, la coqueluche des keynésiens

Depuis quelques années Paul Krugman, Prix Nobel d’économie et éditorialiste vedette du New York Times, a pris l’habitude d’utiliser comm e tête de turc Niall Ferguson, auteur de plusieurs bestsellers, comme « L’ascension de l’argent » ou, à venir en traduction française aux éditions Saint-Simon, « Civilization, the West and the Rest « . Cette fois, le britannique Ferguson, moqué la veille par Krugman parce qu’il ne savait même pas lire les documents budgétaires, a décidé de répondre à l’arme lourde – soit pas moins de trois longs articles -, aux attaques de ce dernier, en s’employant à démontrer notamment qu’il s’est trompé sur toute la ligne sur la crise économique et celle de l’euro. Premier reprochede Ferguson : Krugman, qu’il tourne en dérision avec le surnom de « l’invincible Krugtron » s’est complétement fourvoyé sur l’ampleur de la crise européenne. Saluant avant que n’éclate la crise grecque le « Comeback continent » pour le vouer aux gémonies une fois les craquements des dettes souveraines au grand jour. Après quoi il aurait annoncé onze fois l’éclatement imminent de l’Europe qui n’est jamais venu…

Lui-même eurosceptique déclaré, Ferguson a recensé 22 interventions de Krugman où ce dernier prédisait la sortie d’un des membres de l’euro, laquelle ne s’est jamais produite. Deuxième charge, le lendemain dans le Huffington Post, celle d’avoir totalement sous-estimé l’ampleur de la crise des subprimes et de ce qui allait s’en suivre. Krugman n’était pas le seul, admet Ferguson, mais lui continue de défendre une thèse sur l’origine de cette crise qui ne tient pas la route. Mais le dernier article est le plus violent s’en prenant à la « clique » qui soutient le professeur de Princeton, et citant nommément une demi douzaine d’économistes réputés comme une coterie d’aveugles idéologues. Qui plus est, l’historien d’Harvard dénonce la façon dont Krugman l’a traité à plusieurs reprises. Les noms d’oiseaux volent : raciste, inepte, ou snark, invention de Lewis Caroll symbole d’absurdité. L’affrontement des deux intellectuels a déjà fait coulerbeaucoup d’encre , mais il n’avait jamais atteint une telle intensité, reflétant le durcissement du débat sur la politique économique outre-atlantique. Un durcissement dont l’impasse au Congrès sur la dette est la traduction de politique politicienne. Prompt d’ordinaire à réagir aux attaques de son collègue, , Krugman semble pour le moment le traiter par le mépris, ou bien prépare-t-il une contre-attaque encore plus violente. A suivre.

Écrit par Henri Gibier Les Echos 10/10/2013

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