Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Friedrich Hayek, une vision bien personnelle de l’économie

Friedrich Hayek, une vision bien personnelle de l’économie

Friedrich Hayek reçut le Prix Nobel d’économie en 1974.

« Je dois confesser que si on m’avait consulté sur la question d’établir un Prix Nobel d’économie, je me serais exprimé fermement contre », déclara-t-il lors de la remise de son prix.

C’est plutôt surprenant, d’habitude dans ce genre d’occasion, on remercie avec effusion ses géniteurs, sa famille, son animal de compagnie, ses camarades, ses collaborateurs et le jury dans un long discours. On évite de cracher dans la soupe. Mais l’auteur de La Route de la Servitude pensait « qu’un prix Nobel conférerait à un individu une autorité qu’en économie nul homme ne devrait posséder« .

Du fond de sa tombe, Hayek doit bien rire des déclarations actuelles des Stiglitz, Krugman et consors qui occupent les colonnes de journaux.

Hayek estimait que l’esprit humain ne pouvait avoir une vision d’ensemble d’un système aussi complexe que l’économie. Il croyait à « l’ordre spontané », supérieur à « l’ordre planifié » L’information se glane par chacun sur le terrain et chacun l’exploite ensuite au mieux. Certes, le désordre spontané est aussi inévitable mais « en dernier ressort, la société de concurrence recourt à l’huissier, et l’économie dirigée, au bourreau ». En général, les gens préfèrent l’huissier au bourreau.

Aujourd’hui, les Stiglitz, Krugman & co. ne remettent absolument pas en doute le bien-fondé des actions des banques centrales qu’ils conseillent : politique de taux bas, planche à billets électronique, élimination des dégâts de l’éclatement d’une bulle de crédit par le gonflage d’une autre, plus grosse. S’il n’y a pas tout à fait assez de croissance, un peu trop de chômage, c’est parce qu’on n’en a pas assez fait tant en création monétaire qu’en création de gentils fonctionnaires de « régulation ». Si on en fait plus, cela DOIT marcher… puisque leur théorie le dit. Ils ont des idées sur presque tout ce que nous devrions faire.

Mais ces idées ne marchent pas…

« Investissement : le cri d’alarme des industriels« 

Les Echos du 2 décembre 2013

Les investissements en France ont baissé de 7% en 2013 et il est prévu qu’ils baissent encore de 2% en 2014. Parmi les secteurs les plus touchés, l’automobile. Pas d’investissement donc pas d’emploi, pas d’emploi donc pas d’argent à dépenser, donc pas d’investissement.

C’est même vrai au Royaume-Uni, pays pourtant encensé pour son redémarrage économique et dans lequel la planche à billets aurait fait des merveilles qui font se décrocher la mâchoire d’Alice qui pourtant s’y connaît. L’investissement privé au Royaume-Uni atteint 13,7%, mais si on retranche le remplacement de tout ce qui était amorti (vieillot) il a en réalité baissé de 2,4%.

Quant aux Etats-Unis, les prêts aux PME y sont de 20% ou 25% inférieurs à ce qu’ils étaient avant la crise. On comprend mieux la « reprise sans emploi ».

The abysmal recovery in loan creation has resulted in a collapse of the M1 Money Multiplier.

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And a collapse in M2 Money Velocity.

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On peut timidement (pardon, Hayek) tenter d’avancer des explications. Le faux argent ne serait pas allé au bon endroit. Il est peut-être dans les banques zombies, dans les cours des actions et des obligations, dans les bonus de l’industrie financière, dans l’Art selon Christie’s.

Ou alors, autre hypothèse, le faux argent est reconnu pour faux et il ne trompe personne. Au vu des informations qu’ils détiennent à leur niveau, les chefs d’entreprise ne veulent donc pas s’endetter pour investir.

On dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais peut-être que l’argent bidon en a une et que ceux qui prennent les décisions sur le terrain la sentent. Le procédé de la planche à billets est vieux comme la monnaie et ne s’est jamais bien terminé. Sur le terrain, dans la vraie vie, on semble savoir une chose méconnue des plus grands économistes : créer de l’argent et baisser les taux ne rend pas plus riche.

« La raison humaine ne peut ni prévoir ni modeler délibérément son propre devenir. Ses avancées consistent à déceler les endroits où elle s’est trompée », disait encore Hayek.

26 déc 2013 | Simone Wapler/ Chronique Agora

http://la-chronique-agora.com/friedrich-hayek-economie/

1 réponse »

  1. Ce faux argent comme vous dites est allé là où il avait disparu. C’est à dire dans les banques afin de colmater leurs bilans catastrophiques. Tout semble actuellement valorisé comme en 2001, mais c’est sans compter la dévaluation du dollar et sans compter la baisse des taux. Tout cela n’est qu’un mirage comptable.

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