Art de la guerre monétaire et économique

Passeports européens à vendre: Frappés par la crise et endettés, plusieurs pays mettent un prix à la citoyenneté européenne

Passeports européens à vendre: Frappés par la crise et endettés, plusieurs pays mettent un prix à la citoyenneté européenne

De nombreux pays aux quatre coins du monde monnayent le passeport. C’est une vieille pratique qui veut attirer les grosses fortunes. Des personnes aux porte monnaies bien épais sur son sol, c’est bon pour l’investissement, le fisc et le commerce. D’autres sont plus subtils et n’accordent que des permis de séjour de longue durée aux riches étrangers.

Mais voilà, frappés par la crise, endettés et surtout ne voyant pas le bout du tunnel, plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE) se remettent au goût du jour et proposent la citoyenneté en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ce phénomène a attiré l’attention de la Commission et du Parlement européen qui viennent de tirer la sonnette d’alarme.

La politique migratoire, dans toutes ses composantes, ressort de la souveraineté nationale. Mais vendre le passeport de son pays n’est pas sans conséquence pour l’ensemble de l’UE où la libre circulation est l’un des principes fondateurs. «Un passeport n’est pas seulement un papier, a déploré la commissaire Viviane Reding, en charge de la Justice. On ne peut y coller une étiquette avec le prix.»

Malte propose la nationalité à 650 000 euros. Mais le richissime étranger doit également investir 350 000 euros dans l’immobilier et 150 000 dans les obligations d’Etat ou actions d’entreprises nationales. L’île couleur miel espère attirer 300 clients par année. Chypre a son propre projet. Pour détenir son passeport, il faut investir trois millions d’euros dans le pays. Le Royaume uni n’est pas en reste, même si ses dirigeants s’enflamment facilement en cette période pré-électorale sur le thème de l’immigration.

La «Nation of shopkeepers» comme l’avait qualifiée Adam Smith, compte déjà quelques illustres grosses fortunes, dont l’Indien Lamxi Mittal, le roi mondial de la sidérurgie, le milliardaire russe Roman Abramovich ou encore le très riche homme d’affaires et ancien premier ministre thaïlandais Thaskin Shinawatra. Le sésame britannique est accessible à tous ayant une fortune d’un million d’euros et prêt à en investir 750 000 dans les obligations d’Etat.

Mardi, le Parlement européen s’est indigné de ces pratiques. Il devrait voter une résolution ce jeudi, réclamant une harmonisation des politiques. Mais elle ne sera pas contraignante.

Par Ram Etwareea/ Le Temps 17/1/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/cbe3c51e-7e9f-11e3-9232-df700cbf1e5a/Passeports_europ�ens_�_vendre

 La citoyenneté Européenne est devenue un autre produit que les pays en crise peuvent vendre sur un marché compétitif en se sous-cotant les uns les autres. Et Malte vient de lancer une guerre des prix.

Le petit pays de l’Union, qui a une population de 417.000 habitants sur trois îles, se trouve à 80 kilomètres au sud de la Sicile, à 200 kilomètres à l’est de la Tunisie et à 280 kilomètres au nord de la Lybie. Sa géographie est très pratique pour les étrangers, et l’anglais compte parmi ses deux langues officielles.

Si vous venez de Russie, de Chine, du Venezuela ou du Mali et devenez citoyen de l’un des 28 pays, vous obtienez un passeport spécifique à un pays qui vous permet de vous installer et d’établir résidence n’importe où au sein de l’Union. Les transferts monétaires internationaux deviendraient plus simples. Vous avezde nombreux bénéfices et pouvez voyager autour du monde sans encombre.

Mais la citoyenneté Européenne, bien que convoitée par tous ceux qui ne l’ont pas, n’est pas traditionnellement à vendre. Il faut normalement investir énormément d’argent dans le pays choisi. Chaque pays à ses propres priorités : les obligations gouvernementales en Hongrie, les projets publics tels que l’éducation en Irlande, et la propriété au Portugal. Ce sont ces investissements qui vous rendent éligible pour la nationalité, et qui vous permettent ou non d’obtenir un passeport. Des programmes similaires sont disponibles aux Etats-Unis.

En Autriche, où la citoyenneté est quasiment impossible à obtenir pour les émigrés, les super-riches n’éprouvent pas tant de difficultés. Le gouvernement, au travers de la section 6 du paragraphe 10 de l’Acte de Citoyenneté, peut offrir la citoyenneté ‘pour services déjà rendus par l’étranger et les réalisations extraordinaires qu’il est susceptible d’apporter dans le futur dans l’intérêt de la République’. Un investisseur hôtelier Saoudien et la chanteuse Russe Anna Netrebko auraient reçu la nationalité Autrichienne de cette manière. Il n’en demeure pas moins que très peu y parviennent : personne n’a acquis la nationalité Autrichienne en 2012, et seulement 23 étrangers l’ont obtenue en 2013.

Chypre n’est était pas très loin d’offrir l’achat direct de nationalité. En 2012, alors qu’elle approchait de la banqueroute, elle a proposé de distribuer des passeports grâce à un programme accéléré à tous ceux qui se disaient prêts à investir 10 millions d’euros dans le pays, ce qui est beaucoup d’argent même pour le riche moyen, simplement pour obtenir un document de voyage et une adresse en Europe. Le programme comprenait d’autres critères onéreux et n’a pas été présenté comme une bonne affaire.

En avril 2013, Chypre était désespérée. Les déposants de ses banques en faillite ont fait l’objet de saisies. Son industrie financière offshore, la vache à lait du pays, s’est effondrée. Chypre avait besoin d’argent. Le président Nikos Anastasiades, qui n’avait été élu que quelques mois auparavant, a annoncé que le prix de la citoyenneté serait rabaissé à 3 millions d’euros, mais que la citoyenneté Chypriote demeurerait liée à un investissement dans le pays. C’était là en partie une branche d’olivier tendue aux Russes qui avaient déposé leur argent dans les puits de corruption que sont les banques Chypriotes : eux aussi pourraient devenir citoyens s’ils perdaient trois millions d’euros.

Mais cette ère de relation entre la citoyenneté, l’investissement et la résidence est désormais révolue en Europe. Malte a mis la citoyenneté aux enchères avec un rabais de 78% ! Il est possible d’y acheter une nationalité et d’en partir.

Le gouvernement de Malte a ratifié une loi qui fixe le prix de la nationalisé Maltaise à 650.000 euros pour tout candidat non-Européen. Cette citoyenneté n’est pas liée à une résidence ou à un investissement minimum. Les gens peuvent juste venir, traverser quelques obstacles mineurs, payer, obtenir leur nationalité et leur passeport, puis partir s’installer en Allemagne ou ailleurs. Simon Busuttil, à la tête du parti nationaliste de l’opposition, a décrété que Malte pourrait être vue comme un paradis fiscal louche des Caraïbes.

Le premier ministre Joseph Muscat a admis que l’objectif du programme était de vendre des passeports. Malte avait besoin d’argent. Selon lui, 45 personnes devraient acheter une nationalité à Malte au cours de la première année, pour un total de 30 millions d’euros de revenus.

Vous ne voyez pas où est le problème? Henley and Partners, une firme de conseil internationale, a mis en place ce programme. La firme se spécialise dans la résidence et la citoyenneté pour les familles et individus fortunés et leurs conseillers partout dans le monde. Le directeur de la firme Eric Major a décrété que ce programme serait transparent. Mais contrairement au premier ministre, Mr Major estime que Malte devrait pouvoir vendre entre 200 et 300 citoyennetés par an, ce qui nous donne donc un maximum de 200 millions d’euros de revenus annuels – pas mal pour un peu de paperasse. Et beaucoup de monnaie pour un si petit pays.

Et si son produit se vendait ? Le prix de la nationalité est avantageux, compte tenu de ce que charge Chypre, et des centaines de millions de riches et modérément riches venus d’Inde, de Chine et autres pourraient s’en servir de route de sortie. L’Europe pourrait devenir le prochain bon coup.

Mais il faut aussi noter la compétition qui existe, comme Chypre a pu s’en rendre compte. Le gouvernement de Malte a déclaré que d’autres pays considéraient la vente de nationalités. Cela ne peut vouloir dire qu’une chose : pression à la baisse sur les prix.

La Grèce offrira-t-elle la nationalité Grecque pour 599.000 euros ? Peut-être juste pour être plus compétitive ? C’est ce que la Troika et tous les autres attendaient tant : une exportation phénoménale à moindre coût et au potentiel illimité. Si un million de nationalités étaient vendues pour ce prix au cours de ces trois prochaines années, la Grèce pourrait rembourser toute sa dette, financer ses banques correctement et permettre à ses politiciens d’empocher 100 milliards de dollars de gains personnels, et aurait toujours assez d’argent pour acheter quelques chars et frégates Allemands.

A moins que la Slovaquie s’y mette et fasse passer le prix à 399.000 euros.

Par Wolf RichterTestosterone Pit/24hgold.com

http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-la-citoyennete-europeenne-en-soldes.aspx?article=4741170168G10020&redirect=false&contributor=Wolf+Richter

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