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Affaire HSBC-FALCIANI: Le témoin qui n’intéresse personne

Affaire HSBC-FALCIANI: Le témoin qui n’intéresse personne

Entretien avec l’avocat de Georgina Mikhael Complice de Hervé Falciani que le juge Van Ruymbeke ne veut pas entendre

EN LIEN:  Affaire HSBC-Falciani : Nouvelle procédure engagée dans l’affaire des listes falsifiées (Avec Commentaire de BRUNO BERTEZ)

En décembre dernier, Hervé Falciani a été condamné pour diffamation envers son ancienne amie Georgina Mikhael par la 17e Chambre correctionnelle de Paris. Avec exécution provisoire pour le paiement des dommages et intérêts. Il l’avait accusé d’être liée à un «groupe terroriste islamiste». Il affirmait que, selon des services secrets non identifiés, ce groupe aurait infiltré la banque HSBC à Genève. Dans son jugement, le tribunal insiste sur les «difficultés» d’Hervé Falciani «à rapporter sinon la preuve, du moins des éléments factuels en corrélation» avec ses propos, souligne le quotidien Le Parisien. L’ancien informaticien d’HSBC a ainsi tenté d’expliquer au Tribunal qu’il n’était pas parti au Liban pour vendre des données bancaires, mais dans «l’espoir que les banques libanaises lancent «une alerte» en Europe et dans le monde sur le fonctionnement des grandes banques». Hervé Falciani est un habitué des révélations douteuses. En 2010, il prétendait avoir été enlevé par le Mossad en plein Genève. Deux agents secrets israéliens lui auraient assuré que le Hezbollah libanais tentait d’utiliser HSBC «à des fins criminelles». Thierry Montgermont, l’avocat parisien de Georgina Mikhael, considérée par la justice suisse comme la complice d’Hervé Falciani, s’étonne qu’un individu ayant tenu des propos aussi incohérents et contradictoires dans les médias, et devant une chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, puisse bénéficier d’autant de crédibilité dans certains cercles parisiens. Hervé Falciani a été recruté en octobre 2013 par le ministère des Finances, pour son expertise en matière d’évasion fiscale.

Pour mémoire, Georgina Mikhael, née au Liban, âgée aujourd’hui de 39 ans, possède une maîtrise en informatique. Engagée en septembre 2006 chez HSBC à Genève, elle commence à sortir avec Hervé Falciani en novembre. Peu après le début de leur relation, il lui dit «posséder une banque de données qu’il voulait monnayer auprès de banques étrangères», écrit l’Office fédéral de la police. Fin juin 2007, le couple s’adresse au directeur de la société Direct Marketings Services (DMS) à Jeddah, en Arabie Saoudite, pour lui proposer des données financières de clients classés par pays, au prix de 1000 dollars par client. Hervé Falciani et Georgina Mikhael séjournent au Liban du 2 au 9 février 2008. Ils ont des rendez-vous avec la banque Audi, la Société Générale, BNP Paribas, Byblos Bank et FFA Private Bank. «Les données proposées à Beyrouth devaient permettre d’identifier une personne, d’estimer sa fortune, de définir son profil d’investisseur et sa nationalité», note encore l’enquête de police judiciaire. Contrairement à Hervé Falciani, qui s’est enfui en France après avoir été interrogé par la police judiciaire fédérale le 22 décembre 2008, Georgina Mikhael, entendue également le même jour, est revenue en Suisse les 9 et 10 mars 2010. Elle a été interrogée par la procureure Laurence Boillat, en présence de son avocat Thierry Montgermont. L’Agefi a rencontré ce dernier à Paris.

 Interview: Ian Hamel, Paris

Où vit actuellement Georgina Mikhael?

Au Liban. Elle est satisfaite qu’Hervé Falciani ait été condamné pour diffamation, bien qu’il n’ait toujours pas versé un seul centime de dommages et intérêts. En revanche, Georgina Mikhael a déclaré à de multiples reprises que les motivations d’Hervé Falciani étaient bien financières et surtout pas éthiques. Que ce dernier a tenté à plusieurs reprises de vendre des données, mais que cela n’a pas marché. Or, à ma connaissance, après ces déclarations, Hervé Falciani n’a jamais porté plainte contre elle.   

A-t-elle fait ces déclarations à la justice française?

Non, car les magistrats en charge du dossier n’ont pas demandé à l’entendre. Renaud Van Ruymbeke ne l’a jamais convoqué, alors qu’elle peut être considérée soit comme l’accompagnatrice, soit comme la complice d’Hervé Falciani.

Avez-vous une explication?

Il y a une utilisation politique d’Hervé Falciani présenté comme un patriote honnête, qui lutte contre l’évasion fiscale. Que ce soit vrai ou pas, tout le monde y trouve son compte. Les hommes politiques pensent gagner en crédibilité en reprenant à leur compte les déclarations d’Hervé Falciani, qu’ils n’ont pas été en mesure de vérifier. Ce dernier y a gagné une couverture nouvelle et une protection étatique: c’est un bon calcul pour lui.     

Mais que peut bien apporter un informaticien au ministère des Finances?

Hervé Falciani n’est ni expert-comptable, ni financier, ni banquier, mais informaticien avec des milliers de données de HSBC, dont certains remettent en cause aujourd’hui la fiabilité. Un gros travail d’analyse s’imposerait sur le contenu, et là-dessus, c’est l’omerta.

Source Agefi Suisse 21/2/2014

http://agefi.com/suisse/detail/artikel/hsbc-falciani-entretien-avec-lavocat-de-georgina-mikhael-complice-de-herve-falciani-que-le-juge-van-ruymbeke-ne-veut-pas.html?catUID=18&issueUID=528&pageUID=15785&cHash=790ba0df8ec9ab5c337882609da7fca0

1 réponse »

  1. Van Ruymbeke, un juge de l’establishment qui a accablé Kerviel… rien à ajouter

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