Art de la guerre monétaire et économique

A qui profite la crise ?: Les impressionnantes ressources de la Fed Par Michel Santi

A qui profite la crise ?: Les impressionnantes ressources de la Fed Par Michel Santi 

Les bénéfices de la Réserve fédérale s’élèvent au quart de la totalité des dividendes versés par toutes les entreprises américaines en 2013. 

Pas vraiment entité gouvernementale, pas tout à fait institution privée, la Réserve fédérale américaine est une sorte de créature hybride qui souffre parfois de cette position ambigüe. Fondée en 1913 dans le but de ramener l’ordre dans un contexte financier trouble secoué de crises bancaires, elle fut donc initialement crée pour superviser les établissements financiers américains. Cependant, c’est également l’activité économique de son pays – et du reste du monde! – qui est dépendante de ses interventions et de ses décisions en termes de politique monétaire, à travers la fixation des taux d’intérêt qui ont un impact direct et incontestable sur les prix et sur l’emploi. Pour la première fois de son Histoire, c’est donc une femme – Janet Yellen, épouse du Nobel d’économie 2001 George Akerloff – qui se retrouve ainsi à la tête de l’institution financière la plus puissante du monde. Ce qui fait d’elle la femme la plus influente du monde… en charge de la banque centrale – et de l’institution financière toutes catégories confondues – la plus profitable au monde! Car le business de la Fed est incroyablement lucratif, cette institution permettant en fait littéralement au gouvernement fédéral de son pays de continuer à tourner. Jugeons-en par les chiffres puisque, en 2013, elle fait remonter 77,7 milliards de dollars de bénéfices vers le Département du Trésor américain, après avoir distribué 88 milliards à son gouvernement l’année précédente, en 2012. En réalité, c’est les programmes successifs de création monétaire – ou baisses de taux quantitatives (QE1, QE2, QE3, Operation Twist) –, consistant en des achats massifs de Bons du Trésor émis par son gouvernement qui permettent ainsi à la Fed d’encaisser des intérêts (comme tout acheteur d’obligations). Encore mieux puisque la Fed fait également remonter vers son gouvernement fédéral les rendements touchés sur ses acquisitions de titres hypothécaires – dont les tristement célèbres «subprimes» qui s’avèrent désormais profitables! – ainsi que les bénéfices engrangés sur tout un faisceau de papiers-valeurs raflés jadis (en 2008 et en 2009) pour une bouchée de pain et qui profitent aujourd’hui au contribuable US. 

C’est donc d’abord et en premier lieu la Réserve fédérale américaine qui profite de sa propre création monétaire intensive, car c’est les fameuses baisses de taux quantitatives qui lui permettent de dégager des bénéfices annuels surréalistes de l’ordre de 80 milliards de dollars par an. De quoi faire rougir de jalousie l’ensemble des entreprises multinationales et des géants bancaires mondiaux dont la rentabilité semble bien mièvre en comparaison. La Fed ne gagne-t-elle pas le double d’Exxon Mobil (44 milliards) et qu’Apple (41 milliards)? Les 80 milliards gagnés par la Réserve fédérale ne sont effectivement rien moins que le quart de la totalité des dividendes payés par toutes les entreprises US qui s’élèvent en 2013 à 311 milliards de dollars! Quant aux profits réalisés par les mastodontes bancaires américains, ils parviennent tout juste au niveau de ceux de la Fed puisque les profits cumulés de JP Morgan, de Bank of America, de Wells Fargo, de Citigroup, de Goldman Sachs, d’American Express, de Capital One Financial, de US Bancorp, de PNC et de Bank of New York Melon totalisent «seulement» 78 milliards en 2013!

 Selon son ancien patron Ben Bernanke, la Réserve fédérale a ainsi fait remonter 350 milliards de dollars au Ministère des finances de son pays et, ce, depuis 2009. Somme équivalente, à elle seule, à l’ensemble des profits envoyés au gouvernement fédéral américain par sa banque centrale durant les 18 ans ayant précédé la crise ! A quoi bon se fatiguer à chercher du pétrole ou à concevoir des téléphones quand il est si simple de gagner des fortunes monumentales? La Fed n’est-elle pas assise sur un portefeuille de 4000 milliards de dollars de papiers-valeurs dont elle est en outre et accessoirement la seule à déterminer la rentabilité… puisque c’est elle qui dispose du privilège d’en déterminer le taux d’intérêt? Janet Yellen vient donc de prendre les rênes d’un établissement où les grands noms du «Fortune 500» font bien piètre figure. 

MICHEL SANTI Gestionsuisse.com 4/3/14

http://www.gestionsuisse.com/profite-crise/

2 réponses »

  1. Il doit aimer les methodes de la FED, ce Mr Santi, lui qui aime la relance monetaire, le deficit, et pour qui « la frugalite n’ est pas une vertu »… Ses reflexions n’ arrivent pas a la cheville de celles de Bruno Bertez.

    • Vous posez mal le problème: ici ce n’est pas tant sur l’auteur qu’il faut se focaliser mais sur son texte et le pourquoi de sa présence ici:
      C’est la parfaite démonstration, raisonnement monétariste à l’appui, du comment acquérir une fausse richesse avec de la fausse monnaie….avec effet garanti…mais comme dirait l’autre bien mal acquis ne profite jamais…

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