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Et si l’Allemagne et la France s’entendaient pour sortir de l’euro ? Par Jean-Jacques Rosa

Et si l’Allemagne et la France s’entendaient pour sortir de l’euro ? Par Jean-Jacques Rosa

FIGAROVOX/TRIBUNE- Pour les économistes Jean-Jacques Rosa et Gérard Lafay, il faut en finir avec la monnaie unique qui détruit les économies européennes. Mais la sortie de l’euro ne peut se faire unilatéralement et doit être concertée.

Jean-Jacques Rosa est économiste et professeur à l’institut d’études politiques de Paris. En 1998 dans son livre L’erreur européenne, il mettait déjà en garde contre la monnaie unique. Il n’a pas changé d’avis depuis et prône la sortie de l’euro.

Gérard Lafay est économiste et professeur à l’Université Panthéon-Assas et auteur de nombreux ouvrages d’économie dont le dernier en date 12 clés pour sortir de la crise (l’Harmattan).

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Les élections européennes viennent de montrer que les électeurs, en France comme en Allemagne, ont bien pris la mesure des réalités essentielles de la supranationalité monétaire. Ils ont compris quel rôle particulièrement néfaste a joué l’euro dans l’aggravation des difficultés des pays de la zone monétaire, la croissance du Produit Intérieur Brut réel, la plus faible du monde, n’y ayant été en moyenne que de 1,3 % par an depuis l’origine jusqu’en 2013.

Ce constat est désormais largement reconnu, même par les européistes les plus convaincus, mais qui n’en tirent cependant aucun enseignement. C’est pourtant l’euro qui maintient très en dessous de son potentiel la croissance des économies qui l’ont adopté. La raison tient à leur large ouverture sur l’extérieur. En 2012, la part dans le PIB des échanges de biens et services avec le reste du monde représente 28 % pour l’Italie, 30 % pour la France, 32 % pour l‘Espagne, 47 % pour l’Allemagne, et elle atteint des chiffres supérieurs à 75 % pour les plus petits pays. Et la fraction de ces exportations et importations se faisant à l’intérieur de la zone euro représente, selon les cas, entre un tiers et deux tiers de l’ensemble des échanges extérieurs des pays membres.

Pour des économies aussi ouvertes, le taux de change est évidemment LE prix le plus important, car il affecte ceux de toutes les importations et de toutes les exportations. Or l’euro supprime toute possibilité de correction des divergences de coûts entre pays membres par le moyen simple et efficace des modifications des changes nominaux. Et il a été, de plus, considérablement réévalué par rapport au dollar et au yuan au fil des ans.

Il faut donc en finir avec l’euro car le système restera nocif pour des pays structurellement dissemblables.

Deux facteurs ont ainsi condamné nos économies à la destruction. D’une part, la surévaluation générale de l’euro à partir de 2003: au taux nominal actuel de 1 euro contre 1,4 dollars, le niveau moyen des prix de la zone dépasse de 17 % celui des prix aux Etats-Unis et de 32 % celui des prix de l’ensemble du monde. D’autre part, les écarts structurels d’inflation entre les pays membres se sont creusés: vis-à-vis de l’Allemagne, ils atteignaient ainsi, cumulés entre 1998 et 2011, 11% pour la France, 17 % pour l’Italie, 19 % pour la Grèce, 21 % pour le Portugal, 29 % pour l’Espagne. Essayer de réduire de tels écarts par la déflation, comme actuellement, constitue un procédé lent, économiquement coûteux et socialement insupportable.

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Il faut donc en finir avec l’euro car le système restera nocif pour des pays structurellement dissemblables. Mais la sortie isolée d’un seul pays pose problème car elle contribuerait à majorer les dettes extérieures en euros en cas de dévaluation de la nouvelle monnaie nationale. De plus aucun pays ne veut sortir le premier de peur d’être stigmatisé comme le fossoyeur de la «construction européenne» qui constitue la religion commune de nos élites politiques.

Une solution coopérative s’impose alors pour sortir de cette impasse. L’Allemagne et la France, les deux principaux responsables de la création de l’euro, pourraient reconnaître, à la lumière des résultats électoraux comme à celle du risque désormais non négligeable de déflation, qu’elles considèrent désormais indispensable d’en sortir, même si leurs raisons sont dissemblables. L’Allemagne par crainte d’avoir à subventionner le sud à perpétuité dans une «économie de transferts»; la France pour éviter de s’enfoncer toujours plus dans la déflation et la dépression.

Une solution coopérative s’impose alors pour sortir de cette impasse. L’Allemagne et la France, les deux principaux responsables de la création de l’euro, pourraient reconnaître qu’elles considèrent désormais indispensable d’en sortir, même si leurs raisons sont dissemblables.

La coopération franco-allemande pour assumer la responsabilité partagée du changement nécessaire jouerait ainsi un rôle essentiel, mais pour favoriser le retour à la croissance de tous les pays membres au lieu de les conduire, comme actuellement, vers la déflation compétitive et les dissensions politiques. Ce serait une solution efficace que le pragmatisme impose, car il faut bien reconnaître qu’une solution plus démocratique de négociation à 18 est pratiquement impossible en une matière qui appelle à la fois rapidité et secret, en raison des implications prévisibles sur les marchés financiers internationaux. Qui plus est, une sortie franco-allemande ferait baisser l’euro «résiduel», pour autant qu’il subsiste, ce qui faciliterait d’autant la sortie individuelle de chaque pays du sud en allégeant le poids réel de sa dette extérieure en euros.

On irait ainsi vers un ajustement complet des parités des nouvelles monnaies nationales, condition indispensable du retour à l’expansion et à l’emploi. Les dettes publiques extérieures en euros de chaque pays seraient converties en sa monnaie nationale, tandis que les dettes privées extérieures seraient converties en une unité commune de compte, équivalente à l’ancien écu et proche dans sa définition de ce que serait un euro comptable. Parallèlement, des accords d’aide financière devraient être négociés au niveau de l’ensemble des partenaires pour faciliter la transition dans les pays en défaut financier partiel. Les pertes seraient ainsi réparties équitablement entre les créanciers.

La coopération européenne qui se substituerait de cette façon à la fracture actuelle contribuerait enfin à restaurer la croissance pour tous sur le continent.

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Par Jean-Jacques Rosa, Gérard Lafay / Le FIGARO Publié le 09/05/2014

http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2014/05/09/31007-20140509ARTFIG00087-et-si-l-allemagne-et-la-france-s-entendaient-pour-sortir-de-l-euro.php


ELECTIONS – Même s’ils sont sous les projecteurs en ce moment, il reste encore quelques détails étonnants que vous ne connaissiez sûrement pas sur nos élus européens…

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20 Minutes a recensé quelques statistiques qui en disent beaucoup sur les eurodéputés.

36%, c’est le nombre d’élues au Parlement européen. Un chiffre correct mais pas non plus incroyable si l’on compare aux 56% de femmes élues au Rwanda ou aux 50% en Andorre. Dans l’Union européenne, c’est la Suède qui détient la palme de la parité avec 45% de députées, suivie par la Finlande (42,5%) et l’Islande (39,7%). Pour comparaison, l’Assemblée nationale compte 26,2% de femmes.

Pour autant, au sein du Parlement européen, la France est dans le peloton de tête (8ème) avec un 45,5% d’eurodéputées. Evidemment, les quotas paritaires imposés par la loi n’y sont pas pour rien dans ces bons résultats…

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3,10 euros,  c’est le coût par an et par habitant du Parlement européen.Une paille comparés aux 8,20 euros par an et par habitant que coûtent les députés allemands et les 8,10 euros que coûtent les députés français à leurs concitoyens, selon une étude du Parlement européen (à retrouver ici, ainsi que pleins d’autres chiffres). Pourtant, les indemnités de député européens sont parmi les meilleurs au sein de l’Union européenne, avec 7 957 euros brut par mois d’indemnités de base et 4299 euros d’indemnité pour les frais généraux. Sans compter les 304 euros d’indemnités forfaitaires par jour lors des périodes d’activités parlementaires.

16,6%, c’est la proportion d’élus issus de «professions scientifiques» toutes nationalités confonduesselon une étude sur le profil des députés européens sur l’actuelle législature. C’est le contingent le plus important du Parlement européen, juste devant les cadre supérieur du privé (12,1%) et les profession de l’information et de la communication (10,5%). Les ouvriers ne représentent que 0,4% des élus et les agriculteurs 2,4%.

18%, c’est le taux d’abandon du mandat en cours de route par les députés européens français! C’est le chiffre pour la période s’étalant de 2009 à 2013, selon une étude de la Fondation Robert Schuman. Un record qui prouve bien le peu de cas que font certains eurodéputés français du Parlement européen… Pour les 27, le taux est de 11% quand en Allemagne, seuls 4% des eurodéputés lâchent leur mandat et 6% au Royaume-Uni. Autre record dont les Français ne devraient pas se vanter: ils sont 40,5% à cumuler des mandats (contre 22,2% pour l’Allemagne et 4,1% pour la Grande-Bretagne)…

1, c’est le classement de l’eurodéputé français UMP Joseph Daul en terme d’influence par rapport à tous ses pairs, selon le classement d’une grande entreprise française de la Défense (qui reste anonyme). Malgré tout ce qu’on peut lire, la France a de l’influence au sein de l’Union européenne. Elle a notamment occupé 11% des postes à responsabilités au cours de l’actuel mandat. C’est certes moins bien que l’Allemagne (14%, mais qui compte 96 députés) mais mieux que la Grande-Bretagne.

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http://www.20minutes.fr/politique/1374825-cinq-chiffres-etonnants-sur-les-deputes-europeens

7 réponses »

  1. Comme d’habitude, au vu des derniers sondages, nous constatons que :

    Les français sont PRÊT À TOUT ?

    A condition que rien ne change !

    Au final ?

    Les choses étant ce qu’elles sont après avoir été ce qu’elles furent,
    tout nous porte à croire qu’à partir de dorénavant, ce sera comme d’habitude.

    Corollaire :

    LES CHOSES DEMEURENT CE QU’ELLES SONT
    ET CE N’EST PAS PEU DIRE !

    Peut pas mieux dire ! lol

  2. L’euro est une arme contre les peuples.

    Rosa et Lafay sont des gentils garçons. Ils ont de bonnes compétences intellectuelles. Ils nous démontrent ce que chacun sait, y compris les défenseurs de l’euro: Que celui-ci a des aspects très négatifs. Ils nous disent que c’est mauvais pour les peuples. Ils pourraient ajouter comme ils le font quelque fois, que maintenir l’euro à tout prix, cela fait régresser la démocratie. Ils nous disent que des schémas existent, schémas qui permettent de limiter les conséquences négatives d’une cassure de cette monnaie unique.
    Oui! Et alors!

    Tout cela est su, dit, redit, constaté et ne produit aucun effet. Aucune réaction.
    Conclusion: c’est un travail intellectuel sans intérêt.

    Il faudrait expliquer pourquoi malgré toutes ces évidences, on s’entête, on continue.
    Là, cela commencerait à devenir intéressant. il faudrait faire comprendre que les souffrance imposées par le maintien de l’euro sont un dommage collatéral, un coût imposé pour autre chose, une autre raison, un autre objectif. L’euro s’inscrit dans un dispositif plus vaste qu’il faut éclairer sinon dénoncer.

    Il faudrait montrer quelles couches sociales sont gagnantes et expliquer en quoi et comment.

    Il faudrait montrer l’articulation du lien entre le maintien d’une monnaie asphyxiante et absurde et un projet politique ou géopolitique au service d’une minorité ou d’une hégémonie.
    Il faudrait montrer que cette monnaie unique n’est pas pour le bien commun ou dans l’intérêt général, mais qu’elle sert des objectifs spécifiques pour des catégories spécifiques.

    Il faudrait indiquer les points faibles des forces ennemies qui imposent l’euro, comment les attaquer, comment les diviser, les séparer de leurs alliés.

    Bref il faudrait cesser de croire à la magie et aux incantations et faire œuvre utile, concrète, quasi militaire ou mieux Léniniste. Sortir du carcan de l’euro est un combat, un affrontement. Si l’euro existe et si on le maintient en vie envers et contre tout, c’est que l’euro est une pièce maitresse dans un dispositif . Et c’est ce dispositif qu’il faut démasquer et combattre.

  3. A bon ? Depuis quand un pays faisant partie de la zone Euro ne pourrais pas abandonner l’Euro sans devoir référer avant à d’autres membres ? 🙂
    Naturellement la réintroduction demande disons d’abord de la préparation puis organisation. 🙂
    Mais en cas d’urgence il est certain que les pays vont enfin reprendre leur souveraineté de la monnaie, avant qu’il ne soit trop tard.

    Amicalement
    Viggo

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