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Comment l’Italie et le Royaume uni vont doper leur PIB : L’économie souterraine sera désormais prise en compte dans la richesse du pays

Comment l’Italie et le Royaume uni vont doper leur PIB : L’économie souterraine sera désormais prise en compte dans la richesse du pays

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« Décision de l’Institut de la statistique (Istat) d’intégrer à partir de septembre 2014 dans le calcul du PIB les revenus tirés de la prostitution, de la contrebande et des trafics divers et variés. Sans vouloir faire offense aux Italiens, on devine aisément que la production illicite de richesse n’est pas négligeable dans leur pays. Il y a deux ans, la Banque d’Italie avait estimé à 10,9 % du PIB le poids de la seule économie criminelle. Dans une grande étude « The Shadow Economy in Europe », l’économiste Friedrich Schneider a chiffré, lui, à 21,6 % du PIB en 2012 la part de toute l’économie souterraine en Italie (travail au noir compris), soit 338,2 milliards d’euros.

L’Italie n’est pourtant pas championne d’Europe en la matière. En Bulgarie, le poids de l’économie souterraine représenterait 31,9 % du PIB, 29,1 % en Roumanie, 28,5 % en Lituanie. Les pays d’Europe du Sud ne se situent pas très loin (24 % en Grèce, 19,2 % en Espagne, 19,4 % au Portugal), deux fois plus que la France (10,8 %), le plus vertueux étant l’Autriche, avec 7,6 % du PIB. Dans toute l’Europe, la création de richesse souterraine aurait approché 2 000 milliards d’euros en 2012 (1 902,5 milliards, pour être très précis).

Bien sûr, toutes ces évaluations sont hautement acrobatiques, puisque l’économie illégale échappe par définition au contrôle des États. Il serait à la fois indélicat et assez vain de demander aux parrains de la Camorra de communiquer leurs comptes, comme d’exiger des petits dealers des banlieues ou des entrepreneurs au noir qu’ils publient leurs bénéfices. Pour faire leurs estimations, les économistes et les statisticiens se basent donc sur les informations fournies par les services de police et de justice, mais aussi sur d’autres indicateurs. Citons la consommation globale d’électricité, la vente de préservatifs ou encore la quantité d’argent liquide en circulation dans l’économie, qui aident à détecter les écarts entre la richesse déclarée et la richesse réelle.

Si insolite puisse-t-elle paraître, la décision de l’Italie, imitée il y a quelques jours par le Royaume-Uni, d’intégrer dans son PIB l’économie souterraine n’a rien de scandaleux. Elle correspond à l’application, effective aux États-Unis depuis juillet 2013 et décidée par le Parlement européen en début d’année, de nouvelles normes comptables internationales préconisant d’intégrer toute cette partie cachée de l’activité économique. Cachée et illégale, certes, mais qui existe malgré tout.

Ce grand ajustement comptable du vice et de l’illégalité vise moins à gonfler artificiellement la croissance et à améliorer de façon miraculeuse le ratio déficit/PIB qu’à coller au plus près de la réalité économique. Et à harmoniser les calculs à l’échelle internationale. Les Pays-Bas, par exemple, intègrent dans leur PIB les revenus officiels tirés de la consommation du cannabis et de la prostitution, activités qui sont légales chez eux, ce qui fausse les comparaisons statistiques avec les pays où elles sont interdites. Des biais qui peuvent se révéler coûteux lorsqu’on sait que les contributions de chaque pays au budget européen sont calculées en fonction de leur PIB.

Selon un nouveau rapport de l’institut statistique ISTAT, l’endettement public italien est à un sommet depuis 1990. Le poids de la dette de 2000 milliards d’euros correspond à 133% de l’économie – le ratio plus élevé d’Europe après la Grèce (à plus de 170%).

La menace est telle que l’ISTAT a sonné l’alarme mercredi en affirmant que les risques «élevés» de l’endettement nécessitent une intervention «à court et long terme».

«Le pays est obligé de consacrer 5% de son PIB au seul remboursement des intérêts de la dette, contre une moyenne de 3% dans la zone euro», renchérit la banque BNP Paribas.

Encore la récession?

La mise en garde de l’ISTAT est survenue au lendemain d’un bulletin de santé inquiétant de l’économie italienne: celle-ci s’est contractée de 0,5% (en rythme annuel) au premier trimestre, après une faible hausse de 0,1% au dernier trimestre 2013 et un recul de 1,9% pour l’ensemble de l’année. Autrement dit, l’Italie risque de retomber en récession, après deux années dans le rouge.

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À cet égard, les experts sont d’avis que la récession italienne a surtout été causée par la chute de la consommation. Après -4% en 2012, les dépenses des ménages ont reculé de 2,6% l’an dernier. «La consommation est trop faible […] et les exportations ne peuvent compenser», explique la Banque Barclays dans une note financière. D’ailleurs, le PIB italien vient à peine de retrouver son niveau de 2000. C’est donc 14 ans perdus! On comprend mieux la volonté du gouvernement de pousser la croissance naissante.

PAR Richard DUPAUL/ La Presse 2/6/14

http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201406/02/01-4771933-au-diable-les-dettes-forza-italia.php

Ce qui définit l’économie souterraine, c’est que la production, l’échange et la consommation de biens et de services s’y font en violation de la loi. En revanche, d’un point de vue strictement économique et comptable, il n’y a pas de vraie différence entre un achat illégal de cannabis et un achat légal de vin rouge. Pas de différence entre le commerce d’objets d’art volés ou non volés. Entre l’achat d’un paquet de cigarettes dans un bureau de tabac ou auprès d’un vendeur à la sauvette. Dans tous les cas, pour reprendre les termes employés par Eurostat, il s’agit de transactions où « toutes les parties prenantes le font par accord mutuel. ». On notera que l’Insee intègre depuis longtemps dans son calcul des comptes nationaux, par le biais de savants redressements statistiques, ce qu’il appelle « l’activité économique dissimulée », comme le travail au noir dans la construction ou la contrebande de tabac. »

Pierre Antoine DELHOMMAIS Le Point – Publié le 05/06/2014

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais/comment-l-italie-va-doper-son-pib-05-06-2014-1832623_493.php

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Comment le Royaume-Uni calcule son PIB: … 60 879 prostituées x 25 clients par semaine x 67 livres sterling par visite

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En février, le Parlement européen a demandé aux pays membres de calculer les revenus provenant d’activités illégales incluant la prostitution, la production et la consommation de drogue. Après l’Italie, l’Espagne et la Suède, la Grande-Bretagne vient elle aussi de décider de prendre en compte les produits de ces activités pour le calcul de son produit intérieur brut (PIB).

Selon le journal The Guardian, les statisticiens britanniques ont conclu que cette économie souterraine générait à peu près la même contribution au PIB que l’ensemble de l’agriculture du Royaume-Uni mais qu’elle était toutefois légèrement inférieure à celle des éditeurs de presse et des maisons d’édition cumulés.

Ne disposant pas des données réelles, compte tenu que les prostituées et les dealers ne mentionnent pas les revenus générés par leurs activités sur leur déclaration de revenus, l’Office for National Statistics (ONS) s’est résolu à calculer lui-même cette contribution, et pour ce faire, il ne s’est pas embarrassé de détails. Il a procédé comme suit :

Selon les estimations de 2009, les 60.879 prostituées du territoire britannique ont « traité » avec 25 clients par semaine en moyenne, chacun s’étant acquitté de 67,16 livres par visite. Avec cette méthode de calcul, on aboutit à un produit de 5,3 milliards de livres.

Le calcul des revenus liés à la consommation de cannabis n’a rien à envier à celui de la prostitution sur le plan de l’approximation : les experts statisticiens britanniques ont estimé qu’il y avait 2,2 millions de consommateurs de cannabis au Royaume Uni en 2009, et qu’ils avaient dépensé plus de 1,2 milliard de livres pour se procurer leur drogue. Ils ont pris pour hypothèse que la moitié du hachisch correspondant avait été cultivé dans le pays, occasionnant des coûts de production de 154 millions de livres. Les ventes combinées de cannabis, d’héroïne, de cocaïne (poudre), de crack, d’ecstasy et d’amphétamines ont été évaluées quant à elles à 4,4 milliards de livres.

Ces deux catégories font donc ressortir un supplément de PIB de 9,7 milliards de livres, soit 0,7% du PIB britannique.

« L’ONS travaillera dans les prochains mois pour mettre à jour ces données dans les prochains mois. Les chiffres seront alors inclus dans la catégorie générale des dépenses des ménages dans la rubrique « biens et services divers », comme les produits d’assurance vie, les produits de soin personnel et les services postaux », explique l’agence de statistiques britanniques. « On ne sait pas si l’ONS va payer ses agents pour qu’ils mènent leurs diligences dans les bordels, ou qu’ils organisent alternativement des sessions « en intra » dans les bureaux de l’agence », ironise le blog financier Zero Hedge. « Ce qui est clair, en revanche, c’est que bientôt, le plus gros pourvoyeur marginal de « croissance » en Grande-Bretagne, mais aussi dans tous les autres pays d’Europe, seront des activités autrement réputées illégales », ajoute-t-il.

En février de cette année, le journal The Times avait noté que la Grèce avait déjà tenté d’améliorer la présentation de ses comptes au moyen d’un artifice comparable. En 2006, elle avait tenté de réviser ses statistiques en incluant la prostitution, le blanchiment d’argent et d’autres activités illégales, ce qui avait abouti à augmenter brutalement le PIB de 25%. A l’époque, Bruxelles avait rejeté cette méthode. Cependant, en 1995, la législation européenne avait été modifiée pour inclure la comptabilisation de la prostitution et du trafic de drogue à partir de 1998, mais cette loi n’a jamais été appliquée.

Au printemps dernier, le parlement européen a relancé le débat, réclamant la mise en place de ces principes. Désormais, les États membres ont jusqu’en septembre pour les appliquer.

Toutes les activités illégales ne sont pas incluses, cependant : seules les transactions qui font intervenir deux parties de leur plein gré sont prises en compte. Le trafic de drogue et la prostitution sont les deux principales activités visées. En revanche, les vols ne seront pas compris.

Certains se demandent pourquoi la France ne s’est pas laissée tenter par ce nouveau mode de calcul du PIB. « Pour une fois qu’on pouvait booster la croissance … », écrit Marc Fiorentino de MonFinancier.com.

PAR Audrey DUPERRON /Express.be 02 Juin 2014

http://www.express.be/business/fr/economy/comment-le-royaume-uni-calcule-son-pib-60-879-prostituees-x-25-clients-par-semaine-x-67-livres-sterling-par-visite/205473.htm

8 réponses »

  1. Sachant qu’une BONNE (sic) partie de l’économie « dites » souterraine
    est plus que tolérée, quasiment encouragée par « laid tas »
    vu qu’elle absorbe, résorbe » en recyclant » (re-sic) des gens in-employables
    ou déclarés tel par ailleurs, il n’est que justice (ben tsé) qu’on en prenne acte
    dans les (mes)comptes de l’État, dont le rôle de « parrain » n’est de toutes façons
    plus à démontrer .

    Et dans le cadre de :

    UN COUP PARTI ?

    Pourquoi pas « çui là hein ? »

    Et puis ce pourrait (CE SERA) le premier pas vers une forme créative de taxation ?

    C’est qu’en France, nous avons des « génies » pour ce genre de truc !

    On n’a toujours pas de pétrole. On n’a plus d’idées, mais pour TAXER ET ENFUMER,
    ON EST LES MEILLEURS !

    E LA MI.SE.RIA !!!

  2. hé hé hé… la course à l’échalotte…

    c’est le PIB qui dit à la dette « Cours moi après que j’t’attrape… « 

  3. si on analyse les politiques économiques menées en Italie et UK, on s’aperçoit que les dirigeants enlèvent la « mauvaise graisse » (dépenses publiques) de leur PIB.. L’italie notamment qui s’attaque à faire baisser la fonction publique, supprime le sénat, réduit le train de vie de l’état… : 1er point : baisser les dépenses publiques sans toucher forcément aux « système social ».. c’est un bon point pour Renzi.. d’autant qu’il
    Bien entendu, pour ne pas souffrir de la récession que la baisse des dépenses publiques engendrerait… il compense en intégrant des activités dites « illégales » mais qui pour autant contribuent largement dans la consommation (poste du PIB).. les trafiquants et les prostituées sont des gens comme les autres.. ils achètent des logements, des voitures et tout le reste…

    Bref, en France on se refuse à cette pratique… c’est une question d’éthique sans doute… il est bien connu que nos petites putes d’élus en tout genre ne vendent pas leurs fesses.. mais les nôtres…

    Pour autant, qu’ont-ils donc de plus qu’une prostituée ? L’honneur ? la dignité ?

    J’ai beau chercher je ne vois pas, si ce n’est leurs salaires, leurs avantages, leurs patrimoines.

    En 2010, (pour l’anecdote du jour), les députés se sont auto-congratulés parce qu’ils avaient, consenti à baisser leur « retraite » de 8% en solidarité aux français à qui on venait d’annoncer le recul de l’âge de la retraite… SAUF QUE… depuis 2004, ces voleurs s’étaient octroyé un 13me mois de retraite, sans que cela ne repose sur aucune base légale.. La France a applaudi ce qui en réalité était que la fin d’un vol. Pour le trop perçu depuis 2004… là, y’a pas eu d’effet rétroactif. 🙂

    • Désolé mais vouloir remplacer une mafia par une autre cela vous donne juste une idée et de la porosité du système, et de son degré de corruption! Le PIB élargie c’est juste un gâteau avec de la mauvaise graisse et là on assiste juste à un partage de territoire entre bandes rivales! et puisqu’on y est pourquoi ne pas rajouter dans ce savant calcul : le trafic d’organes, le trafic d’enfants et mieux encore: le trafic d’organe d’enfants…Déliquescence quand tu nous tiens!!!

      • Pourquoi « désolé »… ai-je dis que je cautionnais ces magouilles comptables ?
        Depuis le temps que je dénonce cette vaste poubelle qu’on appelle PIB.

        On peut je pense expliquer des mécanismes, étayer la façon de penser de nos « zélites » sans forcément que ce soit l’expression d’un parti pris…

        Moi, je ne parle pas de remplacer une mafia par une autre… je dis que la mafia qui tient le pouvoir, refuse à la mafia de la rue pour des questions « d’éthique »… L’exemple parfait de ce que sont nos donneurs de leçons.

        Je dis juste que tout ça me fait bien marrer… je dis que ce qui est légal ou illégal, c’est selon le décideur qui lui est un « maquereau » légal.. il a le droit de tout et surtout celui d’interdire ici mais d’autoriser là..

        Légal, illégal, mais dans le PIB, donc reconnu…

        Bref, tout ça est très « cohérent ».. comme d’hab.

        Ne prenez pas mon propos au 1er degré, ce n’est qu’une explication, une analyse placée au même stade que les pratiques de nos mafieux.

        Leur raisonnement est incohérent, dénué de toute valeur morale, et en même temps, dans leur prêchi-prêcha sur la moralisation de la vie politique, ils voudraient qu’on les prenne pour des « saints hommes »…

        Bref…

        • Elle s’en va faire « la pute »!

          Le ratio utilisé par les Maîtres pour juger de la solvabilité d’un pays et de sa capacité à rembourser ses dettes est le ratio dette/GDP. Si vous montez le GDP vous faites baisser le ratio, la dette est en apparence plus soutenable.

          En fait ce ratio ne veut rien dire. C’est un attrape nigaud.

          Le chiffre important c’est celui de la tonte: de combien peut-on tondre les gens pour rembourser la dette?

          Si un pays a un taux de prélèvement obligatoire de 50%, il peut difficilement tondre plus sans pénaliser la marche des affaires, c’est une évidence.

          Si un pays a un taux de prélèvement obligatoire de 25% il peut augmenter la tonte sensiblement.

          S’agissant de l’économie souterraine, la question est moins au niveau du gonflement du GDP qu’au niveau de la normalisation du vice. Si le vice est normalisé, admis, reconnu, voire encouragé, alors on peut imaginer que l’on va augmenter le prélèvement sur lui, le taxer et le faire rentrer dans l’assiette fiscale.

          C’est ce qui se fait avec la légalisation de la drogue et de la prostitution dans certains pays.

          Nos sociétés évoluent dans cette direction. L’évolution consiste à faire rentrer dans le champ de la marchandise, ce qui ne l’est pas, pour augmenter la matière taxable.

          Ainsi il suffit de déclarer, ce que l’on fera un jour, que les prestations à soi-même, comme le logement quand on est propriétaire et le ménage fait à la maison sont des marchandises et on peut le taxer.

          L’avenir, c’est la prestation familiale taxable. L’idéal serait de proclamer que l’épouse est l’équivalent de la « pute » et de pouvoir ainsi taxer la prestation qu’elle accorde à son mari ou partenaire, le soir. Le glissement est évident du moment que l’on reconnait que certaines femmes, non « putes » sont, comme on dit, intéressées!

          Plus loin encore, je pense que dans la même ligne de non-pensée on en arrivera à taxer la masturbation, prestation ô combien à soi-même, car elle est l’équivalent de l’amour avec sa femme, sa fiancée ou la »pute ».

          Je pense que dans cette banalisation/ marchandisation, jean François devrait nous illustrer tout cela par la chanson « la pute » de Sardou, elle est mignonne et il se plaint qu’elle n’est pas assez connue.

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