Guerre de Religions

Le fabuleux trésor des djihadistes

Le fabuleux trésor des djihadistes

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L’Etat islamique dispose de moyens sans précédent. Grâce à la multiplication des sources de financement, il est devenu autosuffisant. L’argent du Golfe n’entrerait que pour 5% dans ses revenus

La bataille se prépare contre l’Etat islamique (EI). Bagdad a promis mercredi d’envoyer son armée pour délivrer les Turkmènes chiites d’Amerli, au nord de la capitale, assiégés par les djihadistes et menacés de mort. Le gouvernement irakien peut compter sur le soutien de nombreux Etats qui ont promis des armes.

Mais la partie qui s’engage sera difficile, car l’EI dispose d’une considérable puissance de feu. Ses moyens en hommes et en matériel le disputent aux Etats modernes. Cette guerre coûte cher, l’argent en est même le nerf. Comment l’EI la finance-t-il? Le business des otages n’y suffit pas, et les Etats du Golfe jurent ne pas envoyer des fonds.

Cette puissance militaire et financière – elle est sans précédent pour un groupe djihadiste et éclipse Al-Qaida – s’est bâtie rapidement: en moins de deux ans, l’EI a diversifié ses réseaux de financement. Si les estimations concernant le budget total et les revenus de l’organisation restent extrêmement vagues, les rares montants qui ont été avancés font froid dans le dos: en s’emparant de Mossoul, en juin dernier, les djihadistes ont fait main basse sur un trésor. Selon le chef du Conseil provincial, Bachar Kiki, il se trouvait entre 400 et 500 millions de dollars dans les coffres des banques de la ville. Mais l’EI a d’autres ressources qui lui garantissent des revenus plus réguliers.

L’EI s’implante officiellement en Syrie en avril 2013 sous l’appellation Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Avant cela, le groupe avait fait ses armes en Irak contre les forces d’occupation américaines. Une lutte durant laquelle le groupe djihadiste perd des plumes. Au moment de son implantation en Syrie, d’abord sous les bannières d’autres groupes djihadistes (Jabat al-Nosra notamment), il n’a plus beaucoup de ressources, hommes et matériels sont usés. La Syrie lui permettra de se refaire. De riches cheikhs du Golfe, appuyés officieusement par le Qatar et l’Arabie saoudite et sous le regard bienveillant du gouvernement turc, cherchent à investir dans la rébellion syrienne pour renverser le président Bachar el-Assad. L’argent commence à affluer, et les bailleurs ne sont pas regardants sur les qualités des destinataires. L’EI rafle une partie de la mise. Pour Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo), à Lyon, «l’argent et les armes continuent à passer par la frontière turque, une véritable passoire. Ankara n’a jusqu’ici montré aucune volonté d’endiguer la contrebande.» Contrairement aux autres groupes attelés à une lutte à mort contre l’armée de Bachar el-Assad, l’EI délaisse dans un premier temps la ligne de front, analyse Fabrice Balanche: «Les djihadistes de l’EI se sont consacrés à la conquête de territoires utiles qui pourraient leur assurer un revenu. Et pour accomplir ce but, ils ont tourné leurs armes contre les autres groupes insurgés et leur ont disputé le contrôle des villes et surtout des campagnes.»

Cette stratégie territoriale est l’une des clés du financement de l’EI, qui lève des impôts, taxe les marchandises en transit et se livre à la contrebande d’antiquités ou de pétrole. «L’EI accepte même que le blé récolté dans la région kurde de Hassaké, le grenier de la Syrie, soit exporté vers Damas via les zones sous sa tutelle, à condition que les intermédiaires, des chefs tribaux, paient une taxe. Même chose pour le pétrole, l’EI contrôle les principaux gisements sur le cours de l’Euphrate vers Deir ez-Zor, les camions passent d’un contrebandier à l’autre et finissent du côté du régime syrien ou en Turquie.»

En tout, selon le spécialiste des réseaux islamistes Romain Caillet, l’exploitation des ressources naturelles pourrait dégager près d’un million de dollars par jour. «Mais l’impôt révolutionnaire prélevé en Irak surtout reste la principale source financière. Avant qu’ils ne s’emparent de Mossoul, les djihadistes percevaient dans le gouvernorat dont Mossoul est la capitale 100 millions de dollars par année.» A ces rentrées, il faut encore ajouter le business des otages, qui concerne avant tout les populations locales. «On parle d’une dizaine de milliers de dollars pour obtenir la libération d’un Syrien», détaille Fabrice Balanche. Mais les rançons exigées pour les étrangers sont exorbitantes: «Le chiffre de 100 millions de dollars a été avancé pour James Foley, une somme que les Etats-Unis ont refusé de payer. Par contre, 18 millions auraient été payés pour la libération des deux Français», précise Romain Caillet.

«Les combattants pourraient abattre un MiG»

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Les djihadistes ont constitué un arsenal qu’ils déploient en Irak ou en Syrie

L’Etat islamique dispose d’armes lourdes avec lequel il pavane volontiers. Romain Caillet, consultant basé à Beyrouth et spécialiste des mouvements islamistes, fait le point sur sa force réelle.

Le Temps: D’où proviennent les armes de l’EI? Les ont-ils acquises?

Romain Caillet: La plupart d’entre elles sont des prises de guerre. Ils ont constitué leur butin sur le dos des forces loyales à Bachar el-Assad, mais aussi en s’en prenant aux autres groupes rebelles qui recevaient eux des armes en provenance notamment des pays du Golfe. Après s’être constitué un arsenal robuste, ils ont déployé une partie de ce dernier en Irak, ce qui leur a permis de conquérir une grande partie de la province de Ninive, et de s’emparer de nouvelles armes, notamment dans les bases militaires de Mossoul. C’est un cercle vicieux.

– Ont-ils aussi des armes lourdes?

– Oui, mais il faut distinguer les armes qu’ils exhibent, mais dont ils ne peuvent se servir faute de la logistique ou des compétences nécessaires, et celles qu’ils utilisent vraiment. Ainsi, lors d’un défilé cet été à Raqqa, ils ont montré un missile Scud, mais à ma connaissance ils n’ont pas encore eu recours à ce type de missile sur le champ de bataille. En revanche, ils ont des roquettes Grad, qu’ils ont tirées en grand nombre pour s’emparer de la base aérienne de Tabqa, dans le gouvernorat de Raqqa, dimanche dernier.

– Ont-ils des armes américaines?

– Du matériel comme des Humvee blindés, oui, mais vraisemblablement pas des armes sophistiquées, comme des missiles sol-air de dernière technologie.

– Pourraient-ils abattre un avion?

– Ils se sont rengorgés d’avoir abattu un chasseur syrien, mais n’en ont pas apporté la preuve. Par contre, ils ont descendu de nombreux hélicoptères. C’est presque devenu banal. En fait, bien qu’ils n’aient pas les missiles spécifiques pour tirer sur des avions de chasse, les Manpads qu’ils possèdent pourraient suffire pour frapper un MiG syrien.

Comment dès lors priver l’EI de ses sources de financement? Pour Romain Caillet, s’en prendre aux donateurs saoudiens ou qataris n’affecterait pas le fonctionnement du groupe. «Selon des documents de l’EI, auxquels le gouvernement irakien a eu accès, les dons en provenance du Golfe représentent 5% des recettes totales. La seule manière pour priver l’EI de ses ressources serait de le chasser de son territoire. Mais le soutien dont il bénéficie en Irak auprès des populations sunnites lui garantit un revenu», ajoute l’expert. Non seulement l’EI est autosuffisant, mais en plus il gagne plus qu’il ne dépense et accumule ainsi des richesses.

De quoi se battre pendant longtemps.

PAR BORIS MABILLARD Le Temps 28/8/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/5f496fe4-2e26-11e4-9b2f-a894516ff6c9/Le_fabuleux_tr%C3%A9sor_des_djihadistes

Otages: le commerce lucratif des islamistes avec l’Occident

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Al-Qaida et d’autres groupes terroristes auraient perçu plus de 165 millions de dollars en rançons depuis 2008. L’Etat islamique (EI) en aurait exigé 130 pour la libération du journaliste américain James Foley, dont les images de la décapitation ont horrifié le monde

Les pays occidentaux sont-ils responsables de la progression de l’Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak? Les médias américains s’interrogent après avoir divulgué plusieurs chiffres sur les montants des rançons exigées par les djihadistes en Syrie. Selon la chaîne de télévision CBS, EI aurait ainsi demandé 6,6 millions de dollars pour la libération d’une humanitaire américaine retenue en Syrie. C’est peu en comparaison des 130 millions réclamés en échange de la libération de James Foley, le journaliste américain sauvagement assassiné par les militants islamistes et dont les images vidéo de la décapitation ont horrifié le monde.

165 millions à Al-Qaida depuis 2008

L’enlèvement et le commerce des otages avec les pays occidentaux sont depuis plusieurs années un marché lucratif pour les groupes terroristes. Qu’il s’agisse d’Al-Qaida ou des militants de l’Etat islamique en Syrie et en Irak. Ainsi, ces cinq dernières années, l’EI aurait perçu 124 millions de dollars dans le rançonnage d’otages occidentaux, selon les chiffres articulés par le Daily Mail. Presque autant qu’Al-Qaida et ses groupes affiliés (Aqmi, Aqpa, Al-Shabab) qui auraient empoché 165 millions depuis 2008, d’après les chiffres du Trésor américain publiés fin juillet dans une enquête du New York Times.

Si les médias anglo-saxons s’insurgent, c’est parce que ces montants exorbitants perçus par les terroristes illustrent les disparités nationales en matière de rançonnage. En juin 2013, tous les pays du G8 se sont engagés officiellement à refuser de verser des rançons en cas d’enlèvements de leurs ressortissants. Un accord renforcé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU au mois de janvier 2014. Cependant, comme le rappelle The Guardian , seuls les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont tenus à cet accord. Alors que plusieurs pays européens – dont la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne – ont trouvé officieusement le moyen de canaliser l’argent vers les groupes terroristes en échange de leurs otages.

Une manne financière indispensable

Ce rançonnage très lucratif pour les djihadistes s’opère la plupart du temps par la livraison de plusieurs valises d’argent liquide déposées dans le désert par des intermédiaires. Des pratiques aux conséquences imprévues, mais inévitables, relève encore The Guardian . Pourquoi? Comme le souligne le quotidien britannique, plusieurs ressortissants européens ont été la cible d’enlèvements ces dernières années, car ils représentent une manne financière indispensable aux djihadistes.

D’autre part, le rançonnage de plusieurs pays européens a eu pour conséquence de gonfler les prix exigés pour la libération des captifs. Des montants de plusieurs millions (voire plusieurs dizaines de millions) de dollars impossibles à payer pour les familles et les employeurs des otages qui tentent de négocier en privé.

Interrogé par The Guardian , Phil Balboni, le rédacteur en chef du site d’informations Global Post où travaillait James Foley, s’est dit en faveur d’une meilleure coordination entre les gouvernements. Avant sa décapitation, «James Foley était retenu en compagnie d’otages français, espagnols, italiens, allemands et danois. Tous ont été libérés» contre paiement, commente Phil Balboni. Sauf James Foley.

Al-Qaida peut compter sur la France

Selon l’enquête du New York Times , c’est la France qui a versé, via des aides au développement déguisées ou des intermédiaires (le quotidien américain cite le géant du nucléaire Areva) les plus gros montants aux djihadistes depuis 2008. Le journal articule la somme de 58 millions de dollars, dont 40 rien que pour Al-Qaida au Maghreb (Aqmi) en vue de la libération, en octobre 2013, des quatre otages français retenus au Mali.

Le Monde avait alors dévoilé les dessous financiers de la négociation. A l’époque, le quotidien français articulait la somme de 20 à 25 millions d’euros prélevés sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement français. Paris avait démenti. «La France ne brise pas ses principes… le non-paiement des rançons», déclarait François Hollande à l’heure d’accueillir ses quatre ressortissants.

La Suisse aussi

Après la France, viennent la Suisse (12,4 millions de dollars), l’Espagne (5,9 millions) ou l’Autriche (3,2 millions). A noter également les 20 millions payés, pour le compte de gouvernements européens, à Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) par le Qatar et Oman, deux pays du Golfe qui servent habituellement d’intermédiaires aux Occidentaux au Yémen. A l’origine, Al-Qaida est financé par de riches donateurs du Golfe. Désormais, l’organisation terroriste peut compter sur les millions des pays européens pour financer le recrutement, l’entraînement et l’achat d’armes.

PAR MEHDI ATMANI/ Le Temps 29/8/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f44177b2-2f71-11e4-9b2f-a894516ff6c9/Otages_le_commerce_lucratif_des_islamistes_avec_lOccident

L’EI décapite un combattant kurde

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AFP  29/8/2014

Le groupe djihadiste de l’Etat islamique (EI) a décapité un combattant kurde en Irak, mettant en garde la région autonome du Kurdistan contre d’autres exécutions si elle poursuivait sa coopération avec les Etats-Unis, a rapporté le centre américain de surveillance des sites islamistes : SITE

 Sur la vidéo diffusée par la branche de l’EI dans la province de Ninive, dans le nord de l’Irak, on voit un groupe de combattants kurdes retenus par le groupe, habillés en tenue orange. Trois d’entre eux demandent au président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, «et au gouvernement kurde de mettre fin à leur coopération» avec les Etats-Unis, selon SITE. «Ne laissez pas l’Amérique intervenir dans notre région. Nos âmes sont entre vos mains […] Toute erreur ou imprudence de votre part conduira à la [perte] de notre vie», dit notamment l’un des captifs selon SITE.

On voit ensuite un autre otage en tenue orange entouré par trois hommes en noir devant une mosquée à Mossoul, chef-lieu de la province de Ninive, alors que sur une deuxième moitié de l’écran défilent des images montrant des rencontres entre dirigeants kurdes et américains. L’un des djihadistes décapite ensuite le combattant kurde

1 réponse »

  1. On en apprend de belles, et pas des moindres, la propagande c’est pas ça qui manque, pendant ce temps là la guerre continue. Et notre Pays la France, fait la sourde oreille, ou fait semblant de ne rien entendre…

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