Afghanistan

Afghanistan, la guerre sans fin

Afghanistan, la guerre sans fin

L’OTAN met un terme officiel, le 31 décembre, à treize années d’occupation. Elle laisse derrière elle un Etat afghan des plus fragiles.

Il est plus facile de commencer une guerre que de la terminer. Après avoir souvent martelé cette vérité, le président américain en fait aujourd’hui l’expérience. Barack Obama avait espéré dégager les Etats-Unis du bourbier irakien en retirant ses troupes de Mésopotamie fin 2011: il y a renvoyé des forces cette année, devant la montée en puissance des djihadistes de l’Etat islamique. Il avait cru jusqu’à récemment pouvoir limiter drastiquement les missions de l’armée américaine en Afghanistan à partir de 2015: il vient de revenir sur ces restrictions. 

La Maison-Blanche n’a jamais caché qu’elle souhaitait maintenir quelque 10 000 soldats en Afghanistan au-delà de décembre 2014. Soit au terme de la mission de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF), déployée depuis treize ans dans le pays avec la bénédiction du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais ces troupes étaient censées se limiter à des tâches d’encadrement de l’armée afghane et à quelques raids contre Al-Qaida. Or, le président américain vient de décider qu’elles combattraient aussi les talibans. Ce qui signifie – changement décisif – que les Etats-Unis continueront à participer directement à la guerre en cours. 

L’Etat islamique explique ce retournement. Ses succès ont trahi la vulnérabilité des institutions mises en place par Washington en Irak. Et ils montrent ce qui pourrait arriver au pouvoir afghan, créé de toutes pièces par les mêmes forces américaines d’occupation. 

Les Etats-Unis s’étaient fixé plusieurs objectifs au lendemain des attentats du 11-Septembre. Ils souhaitaient non seulement anéantir le coupable, Al-Qaida, mais aussi annihiler son complice le plus évident, le régime des talibans, coupable de l’avoir hébergé. Et pour éviter tout retour au pouvoir de formations violemment anti-américaines, ils ont entrepris d’arrimer l’Afghanistan à l’Occident avec l’aide de quelques forces locales, en lui imposant des institutions démocratiques et en essayant de lui inculquer des valeurs comme l’individualisme, l’émancipation des femmes et la liberté d’expression. 

L’Afghanistan a connu ces dernières années des bouleversements spectaculaires. Sa forte urbanisation, couplée à l’afflux d’argent occidental, a permis à de nombreux jeunes de gagner en indépendance, à des centaines de femmes d’accéder à des postes d’influence et à la scène médiatique de se diversifier. Ces changements se sont souvent avérés superficiels, cependant. L’éducation, censée représenter un chantier prioritaire, est restée d’un très bas niveau. Quant à la condition féminine, elle se caractérise toujours par des indices accablants, telles les 18 000 femmes qui meurent chaque année en couche, chiffre six fois supérieur à celui des victimes civiles de la guerre. 

L’Etat mis en place par les Américains se révèle lui-même extrêmement fragile. Il était censé tirer sa force de sa légitimité démocratique. Or, il dysfonctionne gravement de ce point de vue, comme l’a encore prouvé le dernier scrutin présidentiel. «Il s’agissait en théorie d’élections, on a assisté en réalité à un marchandage à l’afghane entre le nord et le sud, entre les Pachtounes et les non-Pachtounes, entre l’équipe de l’ex-commandant Massoud et celle d’autres dirigeants, observe Pierre Centlivres, ancien directeur de l’Institut d’ethnologie de Neuchâtel. Pour résoudre la crise, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a offert au perdant un poste de premier ministre non prévu par la Constitution.» 

«L’idée de «nation building», l’ambition de reconstruire des Etats depuis l’extérieur, relève de l’illusion, souligne Gabriel Galice, président du Conseil de fondation de l’Institut international de recherche pour la paix (Gipri), à Genève. Il est temps que l’Occident s’en rende compte.» «L’Afghanistan n’a jamais été un Etat, poursuit Alain Chouet, ancien chef du Service de renseignement de sécurité de la DGSE, le service de renseignement extérieur de la France. Treize ans d’occupation américaine n’y ont rien changé.» 

L’armée nationale se trouve également dans un triste état. Elle est loin de représenter, comme dans d’autres pays, un facteur d’unité et de stabilité. «Les soldats afghans sont d’une loyauté très discutable, estime Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse. Ils sont encadrés durant la journée mais personne ne sait ce qu’ils font à la nuit tombée. Et puis, leur taux de désertion est très élevé. Il existe un gros risque que les hommes forts du pays négocient des arrangements avec certains généraux et qu’ils finissent par se répartir les troupes.» 

Ce scénario n’a rien de fictif. Il s’est déroulé lors du dernier départ massif de troupes étrangères. Le retrait de l’armée soviétique, il y a 22 ans, a débouché sur un éclatement de l’armée afghane et le ralliement de nombre de ses unités à des seigneurs de la guerre – l’un des principaux transfuges de l’époque n’est autre que l’un des deux vice-présidents actuels du pays, l’Ouzbek Rachid Dostom, un chef de milice passé du jour au lendemain des rangs communistes au camp islamiste. 

Le pouvoir de l’époque, affaibli par les trahisons, a été balayé. Le tout est de savoir si le régime pro-américain actuel risque de subir le même sort. «Il sera difficile aux talibans de dominer l’Afghanistan comme ils l’ont fait par le passé, assure Pierre Centlivres. De nombreuses régions leur sont hostiles. Et le pays a changé: les villes y ont prospéré au détriment des campagnes, les populations se sont mélangées au fil des migrations.» 

«Les talibans ne reprendront peut-être pas tout le pouvoir, admet Alain Chouet. Mais ils vont en reconquérir tôt ou tard une partie. Ils se sont arrogé la représentation d’une partie trop importante de la population, les Pachtounes, pour qu’il puisse en être autrement.» Si les Etats-Unis veulent éviter le retour en force de leurs ennemis, ils risquent d’en avoir pour très longtemps.

Derrière l’échec, six erreurs monumentales 

Pour s’être montrés trop sûrs de leur force, les Etats-Unis ont mal estimé la situation

L’intervention américaine en Afghanistan a mieux commencé que l’occupation de l’Irak engagée deux ans plus tard par les Etats-Unis sous le même étendard de la guerre au terrorisme. Opération de légitime défense consécutive aux attentats du 11-Septembre, elle a soulevé l’espoir d’un règlement de l’interminable conflit afghan et reçu l’appui de nombreux Etats du monde, ce dont a témoigné l’aval de l’Organisation des Nations unies. Et pourtant, elle a tourné elle aussi au fiasco. Un échec qui s’explique par six erreurs monumentales. 

Une inflation d’objectifs 

Les buts de guerre des Etats-Unis ont souffert d’une grande confusion. Le premier d’entre eux, chasser Al-Qaida de son sanctuaire afghan, était clair et réalisable avec les moyens engagés. Mais les autres, la neutralisation des talibans et l’occidentalisation de la société locale, auraient mérité une réflexion plus profonde sur les limites de l’exercice. La propension de l’administration Bush à surestimer la puissance américaine et à diaboliser ses adversaires ne l’a pas permis. 

Le refus de négocier 

Les Etats-Unis ont refusé de négocier avec les talibans au moment où ils se trouvaient en position de force. Ils n’ont tenté de nouer le dialogue que des années plus tard, alors que leur ennemi était monté militairement en puissance. Il s’est agi là d’une autre grave erreur. Que cela plaise ou non, la milice islamiste est solidement implantée dans le terroir afghan. Elle bénéficie par ailleurs du soutien de puissants intérêts étrangers, dont celui des services secrets pakistanais. Bref, elle est incontournable. 

Excès de centralisation 

L’administration américaine a souhaité installer à Kaboul un pouvoir fort à sa botte. Elle a tenté d’y parvenir en créant un régime présidentiel hypercentralisé et en plaçant l’un de ses obligés, Hamid Karzaï, à la tête de l’Etat. Mais ces institutions ont déplu aux nombreuses minorités du pays qui, après des années de tyrannie talibane, espéraient être davantage prises en compte. Et elles n’ont rien fait pour stabiliser le pays. 

Impossible démocratie 

L’administration Bush a exporté en Afghanistan une démocratie à l’occidentale, où chaque adulte vaut une voix. Or, ce système est déconnecté de la réalité afghane, où les individus sont soumis à leur communauté. Dans ce contexte, donner son suffrage à un parti politique selon sa sensibilité politique n’a pas de sens. Ce qui compte est d’apporter son soutien au chef de son clan. Résultat: les institutions mises en place par Washington se sont révélées trop artificielles pour être respectées. 

Trop ou pas assez 

L’armée américaine est restée trop longtemps sur place ou pas assez. Trop longtemps pour ne pas se convertir en troupe d’occupation, pour ne pas multiplier les bavures et pour ne pas laisser à ses ennemis l’occasion de se ressaisir. Pas assez pour être en mesure de pacifier et de changer en profondeur la société afghane. La Maison-Blanche aurait dû se contenter d’un affaiblissement des talibans et d’un rééquilibrage des forces entre grandes factions afghanes. Elle a préféré rester et, ce faisant, a manqué l’occasion de garder dans le pays l’image d’une puissance victorieuse. 

Le détour irakien

 La décision d’envahir l’Irak deux ans après avoir conquis l’Afghanistan a été une erreur fondamentale. Elle a détourné des moyens en hommes et en matériel qui, demeurés sur place, auraient rendu la résurgence des talibans plus difficile. A partir du moment où les Etats-Unis avaient décidé de continuer à combattre les rescapés de l’ancien régime, ils se de­vaient d’y consacrer un maximum de forces. Pour avoir cru trop vite à une victoire définitive, pour avoir sous-estimé les capacités de résilience de leurs ennemis, ils ont perdu l’initiative de la guerre et n’ont pu, depuis, que courir derrière les événements.

Les chiffres des victimes

 La coalition militaire occidentale a perdu 3481 hommes en 14 ans, tandis que les pertes civiles afghanes tournent actuellement autour de 3000 par année

Toutes les victimes de la guerre afghane ne sont pas égales devant les statistiques. Alors que certaines sont minutieusement répertoriées, d’autres le sont très approximativement. 

A l’origine de la guerre afghane se trouvent les attentats du 11 septembre 2001, qui ont fait 2977 morts. Des victimes dont les noms sont aujourd’hui inscrits dans le marbre au propre et au figuré.

 Les militaires occidentaux tombés en Afghanistan ont été aussi dénombrés de manière précise. Selon le site iCasualties.org, ils ont été 3481 entre 2001 et 2014. Leur nombre annuel est resté au-dessous de 100 jusqu’en 2004 avant de s’élever brusquement pour atteindre le record de 711 en 2010, puis se réduire tout aussi vite jusqu’à 71 en 2014. 

Les victimes civiles de la guerre afghane ont été également décomptées. Mais l’instance internationale qui s’en est chargée, la Mission des Nations unies en Afghanistan (Unama), n’a commencé à le faire qu’en 2007. Elle en cite alors 1523, un chiffre qui s’est élevé régulièrement les quatre années suivantes pour atteindre 3021 en 2011, 2754 en 2012, 2959 en 2013 et 1564 au cours des six premiers mois de 2014. Des décès qui auraient été causés pour la plupart, et de plus en plus massivement, par des «éléments antigouvernementaux».

PAR ETIENNE DUBUIS/ Le Temps 3/12/14

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/44be6eea-7a57-11e4-a4b4-65a0dc79857a/Afghanistan_la_guerre_sans_fin

Le vrai statut des forces en Afghanistan et en Irak Par Ron Paul

Après treize ans de conflits en Afghanistan – la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis – le gouvernement des Etats-Unis est encore loin de la victoire. Le chaos règne dans le pays, qui s’effondrerait complètement sans une injection régulière de financements américains. La guerre a été un échec, mais Washington refuse de l’admettre. 

Plus de 2.000 soldats américains ont été tués pendant ces treize années de conflit. Plus de 20.000 civils afghans ont aussi trouvé la mort. Selon une étude menée l’an dernier par un chercheur de l’université de Harvard, les guerres en Irak et en Afghanistan auront coûté aux Etats-Unis un total de quatre à six trillions de dollars. Il est impossible d’observer l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis et d’y percevoir un quelconque succès. 

Face à cet échec, que fait l’administration d’Obama ? Admet-elle que les Etats-Unis ont fait une erreur ? Retire-t-elle les troupes américaines d’Afghanistan pour éviter d’aggraver davantage la situation ? Non ! Comme pour tous les autres programmes du gouvernement des Etats-Unis, si quelque chose ne fonctionne pas, il suffit d’y injecter plus de ressources et de poursuivre les mêmes politiques. Ces treize dernières années ont été un échec. Et la semaine dernière, le gouvernement des Etats-Unis a annoncé dix années de guerre supplémentaires ! 

Les troupes américaines auraient légalement dû quitter les Etats-Unis avant la fin de l’année, selon un ancien accord sur les statut des forces passé entre les Etats-Unis et l’Afghanistan. Les Etats-Unis ne sont pas parvenus à négocier de nouvel accord de statut des forces avec le président afghan Hamid Karzai. Le leader afghan commençait, à l’arrivée d’Obama, à voir la présence américaine sur son sol d’un mauvais œil. Les Etats-Unis avaient besoin d’un autre pantin au gouvernement. 

Comme nous l’a récemment dit le correspondant international Eric Margolis, les élections qui se sont tenues cette année en Afghanistan n’ont été qu’une farce. Les candidats ont été sélectionnés par les Etats-Unis. En plus de cela, écrit Margolis, « le parti le plus populaire du pays, celui des Talibans, a été exclu des élections en tant qu’association terroriste ». 

Et un nouvel accord de statut de forces a été signé. Les troupes américaines resteront dans le pays jusqu’en 2024. 

La guerre menée par les Etats-Unis en Irak a elle aussi été un échec. Les néoconservateurs veulent faire porter le blâme de la désintégration actuelle de l’Irak au président Obama, puisque c’est lui qui a pris la décision de retirer ses troupes du pays. Voilà ce que j’appelle un révisionnisme historique. Le blâme devrait être porté par ceux qui y ont envoyé des hommes ! 

Le président Obama ne souhaitait même pas retirer ses troupes d’Irak. Il avait tenté de négocier un nouvel accord de statut des forces avec le gouvernement de Maliki, mais ce dernier a hésité à étendre l’immunité des soldats qui se trouvaient encore dans son pays. Les Etats-Unis ont répondu en tournant le dos à Maliki et lui demandant de se retirer, bien qu’il ait été élu par son peuple. 

Le maintien des troupes américaines en Irak n’aurait pas empêché les troubles actuels, pour la simple raison que c’est leur présence même dans la région qui en est la cause. C’est l’invasion des Etats-Unis qui a entraîné le développement d’Al Qaeda et d’autres groupes extrémistes. Ce n’aurait dû être une surprise pour personne : Saddam Hussein était parvenu par des moyens brutaux à repousser ces groupes pendant des décennies. La même chose est vraie pour l’Afghanistan. 

Le gouvernement taliban qui dirigeait l’Afghanistan en 2001 ne s’en est jamais pris aux Etats-Unis. C’est Al Qaeda qui les a attaqués. L’attaque injustifiée de l’Irak par les Etats-Unis a permis la chute d’un chef d’Etat qui jusqu’alors avait su repousser Al Qaeda et d’autres organisations de combattants islamistes. En conséquence, l’Al Qaeda contre laquelle les Etats-Unis devaient se battre en Afghanistan s’est développée en Irak suite à l’invasion. Le gouvernement américain apprendra-t-il un jour que l’invasion et l’occupation ne sont pas des solutions, mais plutôt la cause de nombreux problèmes ? Aucun accord sur le statut des forces ne pourra changer ça.

Source: Daily Paul/24hgold.com Publié le 17 novembre 2014

http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-le-vrai-statut-des-forces-en-afghanistan-et-en-irak.aspx?contributor=Ron+Paul.&article=5889043186H11690&redirect=False

1 réponse »

  1. Je suis 1 dominateur pervers. Je veux que le monde me mange dans la main alors je cree la terreur en manipulant des ignorants et je les rends sadiques en utilisant des msg subliminaux ou en leur faisant ingerer des psychotrophes de mon invention. . Je veux etre glorifie car j’apporte de l’aide, evidemment personne ne voit qu’elle est piteuse. Je veux etre un dieu aux yeux du monde alors je cree l’argent dette et je vous rends esclave. Je voudrai créer une guerre mondiale mais des hommes s’y opposent. Que me reste -t-il à faire ? Je les elimine en creant pour les 1 des accidents, pour d’autres, je les discredite aux yeux de tous par exemple, bla, bla. Je me ris de l’ignorance de tous mm des plus avertis car je vous domine tous. Ainsi est notre realite, dominee par une poignee d’individus qui creent la pluie et le beau temps dans nos vies. Tant que nous laisserons faire, tant que nous restons assoupis par leur douce musique, l’economie mondiale ne reprendra pas son essor et la misere sera le lot de l’humanite. À bientôt ! 😉

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