Art de la guerre monétaire et économique

Document. Quiconque viole le droit des Etats-Unis sera sanctionné ! Quiconque le respecte sera aussi sanctionné !.

Document. Quiconque viole le droit des Etats-Unis sera sanctionné. Quiconque le respecte sera aussi sanctionné.

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Depuis des années, l’UBS est broyée par le système judiciaire américain. À elle la faute, mais pas seulement. Certes, des collaborateurs d’UBS ont commis des infractions aux États-Unis, mais l’artillerie lourde de la justice américaine a fait chou blanc. L’ancien dirigeant Raoul Weil, accusé au nom de la grande banque, a été acquitté de façon spectaculaire, en moins d’une heure, par un tribunal des États-Unis – après plus de six ans de calvaire. Cet échec retentissant des États-Unis a été annoncé en Suisse avec gêne, car il y a aussi chez nous bon nombre de bourreaux qui aimeraient bien voir pendus le plus de «banksters» possible.

L’affaire Weil a montré qu’une fois disparu l’écran de fumée des menaces américaines, il reste bien peu de choses. Il y a donc de quoi être plus que sceptique lorsque le Département de la Justice (DoJ), spécialisé dans l’intimidation et la collecte d’argent, s’en prend à une entreprise suisse.

Le dernier drame, en fait grotesque, concerne de nouveau l’UBS. C’est une affaire qui, par son absurdité, pourrait presque constituer à elle seule un programme de théâtre. Cette fois-ci, l’UBS est sanctionnée, non pour violation de la loi américaine, mais pour l’avoir strictement respectée.

L’accusation porte sur de présumées manœuvres douteuses dans le domaine du Libor et des devises. Le Libor est le taux interbancaire auquel les banques se prêtent de l’argent. Il était autrefois calculé sur consultation des banques. Les autorités de surveillance les appelaient et leur demandaient quels étaient les taux d’intérêt pour leurs prêts interbancaires. Des irrégularités se sont apparemment produites durant la crise financière dans le cadre de cette procédure problématique par nature. Certaines banques, dont l’UBS, se sont entendues sur les taux. On ne sait toujours pas s’il y a eu dommage et qui en a été victime. La forte implication des autorités, surtout des banques centrales, dans ces manipulations a été étouffée. Les juges d’aujourd’hui sont les complices d’hier.

L’UBS s’est dénoncée, il y a trois ans, auprès des autorités américaines pour avoir manipulé le Libor. Elle a conclu avec les autorités judiciaires un accord de non-poursuite, Non-Prosecution Agreement (NPA). Dans ce cadre, elle plaidait coupable pour certains délits. Elle a payé une lourde amende qui lui a permis d’échapper à une mise en accusation. Elle s’est surtout engagée, à la demande des Américains, à collaborer sur toute la ligne – décision qui risque maintenant de lui être fatale.

Un exportateur suisse bien connu a même été inculpé aux États-Unis par deux autorités en même temps. Les autorités douanières l’ont accusé d’avoir pratiqué des prix soi-disant trop élevés pour ses produits, tandis que les autorités fiscales du même État l’accusaient d’appliquer des prix soi-disant trop bas sur les mêmes produits. Cette entreprise assaillie de tous les côtés a fini par se reconnaître coupable des deux infractions et s’est acquittée d’une amende auprès des deux autorités américaines.

L’UBS fait aujourd’hui une expérience similaire. Par excès de prudence et par fidélité à ses contrats, elle s’est de nouveau dénoncée spontanément aux Américains dans l’affaire du Libor. Cette fois-ci, il s’agissait de transactions de change prétendument douteuses, dont se vantaient dans des courriels stupides certains collaborateurs de la banque. L’emploi de la forme hypothétique est ici volontaire car, non seulement la Finma, l’Autorité de surveillance des marchés financiers, n’a pas été en mesure de prouver que l’UBS, en dépit d’une condamnation publique hâtive, ait provoqué un réel dommage, mais même les autorités judiciaires américaines les plus pointilleuses disculpent, et ce doublement, maintenant l’UBS après examen de l’affaire des devises.

La division antitrust du DoJ a accordé l’immunité totale à UBS en raison de sa dénonciation spontanée. Le département d’enquête criminelle n’a, quant à lui, rien découvert de notable. Cette affaire de devises s’est traduite par une amende de zéro dollar.

Mais le clou de l’histoire, c’est que le DoJ disculpe l’UBS tout en la sanctionnant. Il fait tout simplement sortir un nouveau délit de son chapeau. Aux termes de l’accord, l’UBS devait dans l’affaire des devises coopérer avec les autorités américaines et s’autodénoncer. Au titre de sa dénonciation spontanée dans le cadre de l’affaire, qui n’avait rien de criminelle sur le plan matériel, l’UBS est désormais sanctionnée une seconde fois comme «récidiviste» pour manipulation du Libor. Les Américains déclarent l’UBS «banque criminelle» pour avoir répondu à leurs souhaits et respecté son contrat NPA.

Dans les dédales de la justice américaine, tous sont égaux, hormis les Américains qui le sont un peu plus que les autres. Citigroup a été plus sévèrement condamné au Japon que l’UBS pour fraude au Libor. J.P. Morgan fait l’objet d’une procédure en cours dans l’UE pour tricherie sur le Libor. Néanmoins, les banques américaines sont épargnées par les autorités américaines dans l’affaire du Libor. En contrepartie, elles tapent d’autant plus fort sur l’UBS, la Deutsche Bank, Barclays ou la Royal Bank of Scotland.

Le pouvoir fait la loi. Et la folie est au pouvoir. En se conformant à ses obligations contractuelles, l’UBS a violé le contrat aux yeux des Américains. Quiconque viole le droit des États-Unis sera sanctionné. Quiconque le respecte sera aussi sanctionné. Giacobbo/Müller, c’est à vous.

http://www.weltwoche.ch/ausgaben/2015-21/editorial-la-folie-au-pouvoir-die-weltwoche-ausgabe-212015.html

1 réponse »

  1. « Le pouvoir fait la loi. Et la folie est au pouvoir. »

    Qu’est ce qui fait le pouvoir, les hommes ou le systeme?.

    Les paradoxes soulevés par les différentes institutions juridiques US peuvent d’abord se comprendre par la multiplicité des institutions, leurs prérogatives mais aussi « l’air du temps ». Il est de bon ton de chasser l’étranger et de protéger le natif bancaire… l’étranger, c’est le bouc émissaire opportun pour ramasser de l’argent en s’acharnant sur lui, en lui cherchant des failles par tous les biais, et faire remarquer, par prestidigitation médiatique, au peuple que l’on est inflexible avec la loi.
    Les energies déployées dans un systeme complexe tendent à etre supérieures aux gains estimés, si bien que l’on peut y déceler ce qu’en thermodynamique on appelle ENTROPIE ou rendement marginal décroissant/dégressif, une déliquescence des institutions qui autonomisent leurs actions tout en se retrouvant desavoués par une autre… le chaos n’est jamais bon signe et l’acharnement un bien mauvais message lancé à la face du monde. L’hybris est passé par là.

    Ce qui fait la marque du pouvoir ce ne sont pas les hommes au premier chef mais bien le systeme!. Un certains nombre de symptomes ont prévalence sur les actes, ils sont la condition native (sine qua non) du systeme et retentissent sur la pensée et les actes des acteurs concernés. Une graine se développera d’une certaine maniere dans un environnement donné et differemment dans un autre, mais à la difference fondamentale des plantes il existe chez l’homme le libre arbitre et donc une capacité à infléchir une tendance exogène contraignante.

    Les institutions sont concues comme des corps d’expression dans lesquels l’humain est tenus à des obligations, des responsabilités. On attend de lui des actions normées découlant des fonctions pour lesquelles on le paie et pour lesquelles ils a été éduqués (apprentissage). Le fait de remplir une fonction implique de votre part une obligation d’obeissance, celle-ci apparait dès lors légitime puisque celà est indistinguible de la fonction… La fonction est un champs ouvert, potentionellement extensible, qui implique votre consentement à l’injonction (induite ou subie hiérarchiquement).
    Mais jusqu’ou peut aller ce consentement?… aussi loins que l’etat de votre coeur le resentira et que votre conscience résistera. En effet, quand bien meme l’autorité fairait pression et exercerait son pouvoir sur vous, il vous est toujours possible de refuser car votre responsabilité morale serait en jeu ou à une autre échelle, rationelle du fait que votre esprit logique buterait sur l’idiotie de l’ordre recus.

    Les déficiences caractérielles qui sont des déficiences morales et intellectuelles (coeur/conscience) sont souvent la condition première pour que le systeme déléguant du pouvoir puisse vous déresponsabiliser sur ce que vous faites de moralement répréhensible et vous entrainer dans les sombres coulisses de l’inconscience. Le zele chez certains peut se comprendre au moins de 2 facons, l’une a rapport au sentiment de puissance/jouissance que l’on éprouve addictologiquement, l’autre au désir de l’enfant (schème comportemental) de plaire à ses parents et de dépasser leurs supposées attentes.
    Ces 2 états d’etre ne sont pas necessairement dissociés, au procès de Nuremberg on se sentait irresponsable de ses actes, faisant reposer ceux-ci sur la hiérarchie des ordres; les ordres valant « coutume ». De la coutume s’exprime les rituels, les habitudes et une certaine liberté d’action y excelle… le zele et l’arbitraire.

    Le « laisser-faire » dans le monde de la finance qui est le trait le plus saillant du « néo capitalisme » permet aux hommes de se dépasser dans les exces… puisqu’ils sont permis par le systeme. Le systeme incarne l’exercice du pouvoir au travers de la sélection naturelle dans la course au profit, c’est donc la condition environnementale primitive qui est à l’oeuvre: la loi de la jungle comme condition premiere normant la pensée et les actes. La grégarité sociale s’exprime bien entendue dans la massification/globalisation des procédes mais aussi par mimétisme et suggestibilité cette dynamique qui se nourrit de réflexivité lui confère sa normalité… L’horreur devient la norme collective et peu d’acteurs divergent.
    Tout comme l’Ouroboros, le serpent financier se mort la queue… il produit sa propre substance nocive, signe pathologique de son entropie, entrainant à sa suite la meute dans le fleuve du Léthé.. l’oubli de leur humanité troquée pour un temps limité de pouvoir et de jouissance… Le contrat de Faust.

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