Comment l’or vietnamien pèse dans la balance commerciale Suisse  

Les bijoux vietnamiens font basculer l’équilibre suisse. En février, l’excédent de la balance commerciale a fondu de moitié (-53%), à 731 millions de francs. Les exportations continuent de ralentir (-17,3%). Les importations, quant à elles, ont chuté de 13%. L’érosion de ces chiffres trouve une explication logique dans la faible demande émanant des partenaires commerciaux du pays et dans la diminution des prix des biens importés, des matières premières notamment. Il est par contre intéressant de noter que les importations depuis l’Asie ont grimpé de 56,5% le mois dernier.

Un phénomène provenant de l’explosion des livraisons en provenance du Vietnam d’ornements en or destinés à la refonte. La période actuelle pousse en effet les propriétaires asiatiques de bijoux à transformer leurs biens en lingots, valeur refuge par excellence. De mémoire de douanier, un tel phénomène s’était déjà produit lors de la crise asiatique de la fin des années 1990.

Sébastien Dupré, responsable de la section statistique à l’administration fédérale des douanes (AFD), observe ce phénomène depuis quelque temps déjà. En trois mois, plus de 28 tonnes d’or, sous forme «d’articles d’orfèvrerie», ont été importés en Suisse. Soit un montant total de 988 millions de francs (dont 844 millions en février). «Une partie de cet or a probablement déjà été réexporté». Probablement? Car ces ornements sont transformés en lingots. Et le trafic d’or n’entre pas dans les statistiques du commerce extérieur suisse. Il existe toutefois un moyen de le tracer. Les importations et exportations d’or sont publiées trimestriellement par l’AFD. Mais le département prévient: «Ces chiffres sont à interpréter avec une certaine prudence, car les entrées et sorties d’or des entrepôts douaniers ne sont pas pris en compte.» Pas de doute, la Suisse reste un carrefour incontournable du trafic aurifère dans le monde.

D’ailleurs, le métal jaune a en effet toujours fait l’objet d’un traitement particulier. Une pratique qui se base sur une décision du Département fédéral des finances de 1981. Le Conseil Fédéral avait alors décrété que les intérêts de la place financière suisse passaient avant le devoir d’information convenu par l’ordonnance sur la statistique du commerce extérieur. Malgré plusieurs postulats, dont le dernier a été déposé en 2007, la pratique est demeurée inchangée.