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Le Point sur le rebond en cours des Marchés : l’exemple des Pays Emergents

L’Asie, la Chine et le Brésil ,la hausse de ce début d’année est-elle surfaite ?

Un marché indien en hausse de 48%, celui de Shanghai de 45%, celui de Taiwan, plus mature, de 45% et celui de l’Indonésie de 40% forment le quatuor à la tête des marchés asiatiques depuis le début de l’année. A la traîne, la Malaisie, avec une hausse de « seulement » 16%… Quant au Brésil, il les surpasse tous avec une hausse de 49%. Que s’est-il passé ? Ces performances élevées se sont concrétisées sur les deux derniers mois. Un rythme très rapide, trop rapide ? L’importance de la hausse surprend, malgré la nette amélioration du contexte global. Sommes-nous sur le point de répliquer la hausse du second semestre 2007 qui a précédé la chute du premier semestre 2008 ?

LE DETAIL EN SUIVANT :

Phase N° 1

La hausse réalisée depuis mars est conséquente. le taïwanais TSMC, ou le brésilien Vale ont vu leurs actions bondir de 36%, 38% en 2009 Si l’on garde les prévisions de profits de début d’année, la région asiatique, qui se payait moins de 7x au point bas d’octobre 2008 (prix / profits par action pour 2009), est désormais proche de 13x. Nous avons donc une très forte expansion des ratios de valorisation. Ce mouvement à la hausse, avec des investisseurs prêts à payer une prime sur ces marchés, est essentiellement lié à l’amélioration macroéconomique globale. Mais comment expliquer une telle surperformance par rapport au reste du monde ? Une bonne partie de la réponse se trouve en Chine. Mois après mois depuis janvier, nous avons la confirmation que l’objectif de croissance élevée (8%) visé par cette économie sera certainement atteint. Les économistes les plus négatifs, qui prévoyaient une croissance autour de 5% / 5,5% en début d’année, sont tous en phase de révision à la hausse. Désormais, le scénario médian s’établit à 7.5% de croissance minimum en 2009, suivi de 9% en 2010. C’est une révision très conséquente.

 

Economists’ estimates for China’s GDP growth from a year earlier:

 

                      2Q     3Q       4Q    2009

Action Economics      6.5    7.0      8.4    7.0

BNP Paribas           7.0    8.1      9.0    7.7

BoCHK                 8.0    8.5      9.0    8.0

CICC                  6.9    8.0      9.0    7.6

Citic Securities      7.0    8.9      9.9    8.2

Citigroup             6.7    8.2      8.7    7.6

Deutsche              6.8    7.9      9.1    7.5

Industrial Bank       6.6    8.5      9.2    7.6

JPM Chase & Co.       6.0    7.1      9.0    7.2

Moody’s Economy.com   7.8    8.0      7.9    7.5

Nomura                7.2    8.8     10.0    8.0

SJS Markets           6.5    7.0      8.5    7.0

Standard Chartered    6.66   7.0      7.4    6.8

UBS AG                6.8    8.0      8.7    7.5

MEDIAN                6.8    8.0      9.0    7.5

 

Le lien vers  le tableau original de Bloomberg :

http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601089&sid=aLdmVUpdqy_Q&refer=china 

 Autre élément important, cette tendance est aussi visible dans la plupart des pays de la région, à l’exception de la Thaïlande. Des pays comme l’Inde et l’Indonésie devraient voir leur PIB croître de plus de 4% en 2009. La Chine a un réel effet d’entraînement sur ses voisins. Cette amélioration macroéconomique a produit ses effets sur les marchés. Il reste désormais à savoir quelle sera la concrétisation de ces effets positifs sur les sociétés et leurs profits.

Phase N°2

Une deuxième phase devrait donc débuter dans les mois à venir en Asie et au Brésil, avec des révisions à la hausse des profits des sociétés. Les premiers signes viennent d’apparaître suite à la publication des résultats du premier trimestre. Sur 2009 et pour l’ensemble de la région asiatique, le marché attend une baisse des profits de 17% par rapport à 2008. Selon ces prévisions, certains secteurs subiraient de très lourdes pertes… C’est le cas notamment du secteur technologique : une baisse de 50% est attendue. Le scénario est le même pour les matières premières (-22%) et pour l’énergie (-10%). Or, force est de constater que les sociétés de ces différents secteurs affichent, au premier trimestre 2009, des résultats qui dépassent les attentes et que le point bas atteint sur ce trimestre est finalement supérieur au point bas attendu. Les managements des sociétés restent très prudents quant aux perspectives des 2e et 3e trimestres, mais la majorité indique une amélioration par rapport au 1er trimestre 2009, ce qui amène les analystes à revoir leurs prévisions à la hausse. Les prévisions des profits 2009, depuis décembre 2007 jusqu’à avril 2009, n’ont cessé d’être revus à la baisse en Asie. Mai constitue le premier mois où ces prévisions sont revues à la hausse, hausse de plus de 2,5%. Point important à noter, ces révisions positives ne sont pas seulement liées à des secteurs spécifiques où à certains pays en particulier. La tendance est nette à Taiwan, en Corée et pour les valeurs chinoises cotées à Hong Kong. Même les économies comme Singapour & Hong Kong, qui afficheront une croissance négative en 2009, anticipent des résultats meilleurs qu’attendu (chiffres en augmentation de 1,3% pour Singapour et de 1% pour Hong Kong au mois de mai). Toutefois, le pays qui affiche la hausse la plus spectaculaire reste Taiwan avec une révision de +33% en mai, qui provient notamment du secteur technologique… Sur le plan sectoriel, les profits des financières chinoises sont revus à la hausse : +2,2% pour les banques et +6,6% pour les assurances.

Si l’on regarde un autre indicateur de valorisation, le ratio Prix / Actif Net, celui ci semble quelque peu élevé. Après avoir touché un point bas à 1x en octobre, il est remonté à 1,7x aujourd’hui, proche de sa moyenne historique qui se situe autour de 1,8x (à titre de comparaison, il avait atteint 3,1x en novembre 2007). L’une des raisons pour laquelle nous ne pensons pas redescendre au niveau d’octobre est liée à la santé des grandes sociétés asiatiques, qui est bien meilleure si on la compare à celle des crises précédentes. Les niveaux d’endettement sont inférieurs à 30% contre 45% ou 50% en 1998. Les bilans sont beaucoup plus solides et le retour sur fonds propres devrait rester largement supérieur à celui qui avait été atteint au plus bas de la crise de 1998, 10% contre 3% en 1998.

Une phase intermédiaire ?

La hausse récente a été très forte et très rapide. Il ne s’agit donc pas de courir après des marchés, qui,  sont en passe de compléter la première phase de hausse. Il est toutefois très difficile de prévoir quand la deuxième phase, celle de révisions des profits, va entraîner les marchés vers un nouveau point haut. Une phase de consolidation devrait prendre place dans l’intervalle mais il semble justifié de rester investi et d’attendre la reprise avec une pondération toujours forte sur la Chine mais aussi sur l’Inde, l’Indonésie et les pays nord-asiatiques, Hong Kong, Taiwan et Corée.

Quels facteurs, autres qu’une révision à la hausse des profits, peuvent justifier une telle reprise ?

1. Les investisseurs domestiques investissent davantage ; les montants sont plus conséquents. Les volumes, au cours des mois d’avril et de mai se sont étoffés. Il n’est pas rare d’avoir des journées de trading d’un montant de 70 Mds USD sur l’ensemble des marchés (marché A chinois inclus). 31 Mds de dollars (actions + dérivés) ont été échangés en Inde par exemple en une seule journée. Cette liquidité peut faire craindre un emballement et il est certain que de la « hot money »(argent spéculatif), prompte à repartir, se joint au mouvement. Mais la majorité des investissements individuels viennent d’épargnants asiatiques qui ont rapatrié leurs fonds investis en Europe et aux USA au cours de 2008. Ils sont désormais beaucoup plus confiants pour investir dans leur région plutôt qu’en dehors. La volatilité s’est aussi beaucoup atténuée sur ces marchés au cours des trois derniers mois.

2. Les investisseurs internationaux( institutionnels), au niveau des flux entrants sur les pays émergents, viennent tout juste de tourner positif au cours des dernières semaines. La hausse des fonds investis représente désormais 0,7% du montant total de capitalisation boursière. C’est un facteur de retournement très récent. La plupart des flux sont dirigés vers la Chine ; ceux vers l’Inde viennent à peine de commencer – environ 4 Mds USD depuis le début de l’année contre 15 Mds USD sortis l’année dernière. C’est également le cas pour la Corée et Taiwan qui voient du net entrant à hauteur de 3 Mds USD contre des sorties nettes de 35 Mds USD et de 15 Mds USD respectivement l’année dernière.

3. Le secteur financier asiatique est en bonne santé. Pas de recapitalisation nécessaire en Chine, en Indonésie et en Inde. Certaines, importantes, ont eu lieu en Corée et à Singapour et sont désormais derrière nous. Le secteur des assurances continue d’afficher une croissance positive de ses nouvelles polices d’assurance, notamment en Chine. Le crédit à la consommation fonctionne à très bon régime en Chine et en Indonésie et reprend tranquillement en Inde. Les ventes automobiles, en hausse de 10% à 20% depuis le début d’année dans ces trois pays, en témoignent. Le crédit en Chine devrait croître de plus de 20% en 2009 par rapport à 2008.

4. Les diverses élections & événements politiques récents ont eu un effet accélérateur beaucoup plus important qu’attendu. Les élections parlementaires en Indonésie, et tout récemment en Inde, sont importantes parce qu’elles se sont déroulées sans heurts majeurs avec des taux de participation élevés et ont reconduit au pouvoir les partis déjà en place, ce qui est très rare dans l’histoire (jeune) de démocratie de ces pays d’Asie en développement. La continuité dans le pouvoir est le gage de voir la poursuite, sur 2009 et 2010, des mesures mises en place, dès le second semestre 2009, pour lutter contre le ralentissement.

5. L’autre événement majeur à été l’annonce par China Mobile, #1 de la téléphonie mobile en Chine, d’une prise de participation de 12% dans le #3 taïwanais, Taiwan Mobile. C’est une première entre les deux pays. D’autres mesures d’échange sont en cours : augmentation du nombre de vols aériens directs entre les deux pays, possibilité de venir s’installer plus facilement dans le pays de l’autre, intégrer plus directement le marché financier de Taiwan à la Troïka chinoise (Shanghai, Shenzhen, Hong Kong). Ces événements vont mettre du temps à produire leurs effets. Les hausses des marchés indiens et taïwanais sur les annonces (+20% sur 2 et 3 jours respectivement) sont exagérées mais elles traduisent, néanmoins, un niveau de confiance en nette amélioration.

Il est désormais en effet clairement établi que la Chine continentale va accélérer son développement financier et économique autour des 3 grandes places financières que sont Taiwan, Hong Kong et Singapour

Le Gouvernement de Hong Kong et le Ministère du Commerce chinois ont signé l’accord de phase 6 de CEPA qui couvre 29 articles/politiques visant à encourager une plus grande coopération entre les villes chinoises et Hong Kong. L’un des ces nouveaux développements concerne la possibilité pour les banques et les brokers d’ouvrir des bureaux dans la province de Guandgong, permettant ainsi de renforcer leur présence auprès des 60 millions d’habitants de cette province

Les détails des prochains accords entre la Chine et Taïwan se précisent. Le processus sera long mais comprend des points de développement intéressants pour la plupart des grands secteurs de l’île : la technologie, la finance et l’industrie

Illustration :

Chine: PetroChina va acquérir 45% d’un raffineur de Singapour

PEKIN, 25 mai 2009 (AFP)

La compagnie pétrolière chinoise PetroChina a annoncé lundi son intention d’acquérir 45,5% du capital du raffineur Singapore Petroleum pour 1,47 milliard de dollars de Singapour (1,02 md dollars US). PetroChina a conclu un accord avec Keppel Oil  & Gas Services Pte pour la vente par ce dernier d’approximativement 45,51% du capital de Singapore Petroleum, a indiqué la société chinoise dans un communiqué boursier. L’offre sur le titre de Singapore Petroleum, à 6,25 dollars de Singapour, représente environ 24% de plus que la dernière cotation à la Bourse de Singapour, le 22 mai, est-il précisé

6. La tendance long terme qui pousse à accroître la pondération Asie, et plus particulièrement la Chine et l’Inde, au sein des portefeuilles globaux se profile. Les flux qui se sont retirés violemment l’année dernière devraient revenir dans les mois à venir.

7. Resserrement significatif des liens entre pays émergents. Le président brésilien Lula vient d’achever, avec 240 PDGs du pays, une visite d’une semaine à Pékin. Deux sujets importants ont été discutés. D’une part, l’idée de moins recourir au dollar comme monnaie de choix dans les transactions directes entre les deux pays. Les USA restent le partenaire majeur du Brésil avec 53 Mds de dollars d’échange en 2008, mais la Chine est passée de 0,6 Mrd en 1990 à 36 Mds en 2008 et la tendance haussière est forte. D’autre part, la mise en place d’accords bilatéraux sur le secteur de l’énergie. Une première annonce : la Chine va prêter 10 Mds de dollars à Petrobras, première société pétrolière brésilienne, en échange probablement d’un accès privilégié à l’offre de pétrole brésilienne. D’autres accords, sur le minerai de fer notamment (la Chine consomme 27% de la production brésilienne annuelle) sont attendus…

Détail de l’opération Petrobas :

La compagnie pétrolière publique brésilienne Petrobras, qui prévoit d’investir 175 milliards de dollars d’ici à 2013, a rassemblé 30 milliards de dollars sous forme de prêts bancaires, a indiqué jeudi son PDG José Sergio Gabrielli. Cette somme a été réunie en cinq mois «en pleine crise financière»,a souligné M. Gabrielli lors d’une conférence de presse à New York. Petrobras est un spécialiste des gisements offshore à grande profondeur, qui sont particulièrement coûteux à développer. Avec la chute des cours du brut, qui valaient jeudi environ 60 dollars le baril contre près de 150 dollarsen juillet 2008, de nombreux analystes craignent que les compagnies ne réduisent leurs investissements dans l’exploration de nouveaux gisements. Petrobras a ainsi vu son bénéfice fondre de 20% au premier trimestre. La société avait annoncé mardi avoir obtenu un prêt de 10 milliards de dollars sur dix ans de la China Development Bank. Parallèlement à cet accord, elle s’est engagée à livrer à Sinopec, premier raffineur d’Asie, 150.000 barils par jour cette année et 200.000 barils par jour pendant les neuf années suivantes. M. Gabrielli a expliqué que la compagnie avait également conclu un prêt-relais représentant 6,5 milliards de dollars avec un groupement de six banques sur deux ans, période qu’elle compte mettre à profit pour lancer des emprunts obligataires. Source AFP

Source edram

DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES  ET TOUR D’HORIZON :

Le survivant de Séoul Malgré les essais nucléaires de la Corée du Nord, l’ETF sud-coréen devrait être gagnant

PAR TIERNAN RAY | JDF  | 30.05.2009 |

Des opportunités dans les actions coréennes
Agitée par des scandales internes et secouée par les missiles qui volent au-dessus de sa tête, la Corée du Sud est néanmoins un pilier important dans la marche mondiale vers la reprise économique. C’est pourquoi il est tout à fait recommandé de saisir des actions coréennes, surtout sous forme d’ETF iShares MSCI South Corea Index (EWY).
A l’annonce des essais nucléaires de son voisin, qui vient de mener à bien une petite explosion pour la première fois depuis 2006, la Bourse coréenne, selon l’indice Kospi, a dérapé de 2 % du jour au lendemain – sa quatrième session de déclin consécutive. Puis, mardi, la Corée du Nord a lancé à partir de zones côtières de la mer du Japon des missiles d’une portée de 80 miles, suffisamment performants pour atteindre Séoul, la capitale de la Corée du Sud.
Relations commerciales entre la Chine et la Corée du Sud
Cela suffirait presque à faire oublier que la Corée du Sud, à travers son commerce avec la Chine, offre ce qui pourrait bien s’avérer de réels éléments précurseurs du rétablissement de l’économie mondiale.
Il y a certes des risques que le PIB de la Corée du Sud chute de 3,5 % cette année, pire encore que la baisse de 2,8 % anticipée pour les Etats-Unis par de nombreux économistes, mais les résultats des entreprises de Corée du Sud, eux, pourraient croître de 5,4 %, ce qui est nettement plus appréciable que le recul de 13 % prévu pour les entreprises américaines.
Dynamisé par un afflux d’investissements dans les fonds d’Asie, l’EWY a de loin dépassé les performances des indices de valeurs américaines ; lundi, il a clôturé en hausse de 24,6 %. Si cela reste inférieur au rendement de 38 % de l’indice MSCI Marchés Emergents, c’est tout de même sans comparaison avec la croissance de 1,5 % affichée par le S&P 500 sur un an.
Etant donné les perspectives de profits, il y a des chances pour que les investisseurs continuent de se tourner vers la Corée.
Cela s’explique en partie par les relations commerciales de la Chine avec la Corée du Sud, son plus vaste marché d’exportation. Selon le S&P, le PIB de la Chine risque de n’augmenter que de 6,5 % cette année : c’est inférieur aux 9 % de l’année passée, mais une telle croissance, assez solide de surcroît, fait de ce pays un partenaire commercial fantastique pour la Corée.
De plus, la Corée du Sud contrôle certaines industries vitales, comme la construction navale, avec 40 % de la part mondiale et des acteurs solides comme Daewoo Shipbuilding & Marine Industries.
Qui plus est, cette croissance de 5,4 % peut s’acquérir pour une bouchée de pain : selon Alec Young, chargé de la stratégie internationale en equity pour le S&P, le titre EWY s’échange à 15 fois les bénéfices anticipés de cette année.
Des perspectives de profits sous-valorisées
Malgré tout, le dernier croisement de sabres tient le monde entier en haleine. La santé du président de la Corée du Nord, Kim Jong-Il, est-elle suffisamment mauvaise pour qu’il se lance dans un ultime combat désastreux avec le Sud ? Le suicide ce week-end de l’ancien président, Roh Moo-hyun, qui avait oeuvré pour un rapprochement avec le Nord, souligne que le président actuel, Lee Myung-bak, a maintenu une ligne d’action sans compromis avec Kim Jong-Il, générant des tensions.
Mais réagir à la peur n’a jamais été une stratégie gagnante lorsqu’on investit en Corée du Sud, observe Young, de S&P. « Ce qui tire les valeurs coréennes vers le haut, ce n’est pas le tapage du Nord, mais la force du rétablissement prévu en 2010 », explique-t-il. Et les résultats de 2010 sont complètement sous-valorisés, fait-il remarquer, puisque l’EWY s’échange autour de 10 fois les revenus anticipés de 2010.
C’est peut-être pour cette raison que la perspective d’une dégringolade de l’indice Coréen EWY semble s’éloigner toujours plus : en matinée, il affichait une baisse de 4 %, mais avait déjà réduit ses pertes à moins de 2 % en début d’après-midi, remontant à 35,31 dollars.
Il est bien normal que la situation au nord de Séoul inquiète. Mais les investisseurs qui ont du flair feraient bien de garder un oeil ouvert sur les niveaux de valorisation attrayants, la croissance de ses résultats et le potentiel économique de la Corée

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Malgré une hausse spectaculaire, les places émergentes gardent du potentiel

Seuls les pays émergents afficheront une croissance positive en 2009. La grande volatilité des cours impose toutefois la prudence

TABLE RONDE AVEC DES GERANTS SPECIALISTES ANIMÉE PAR LAURE BURRUS ET MARIE-CHRISTINE SONKIN | JDF| 30.05.2009 |

Les places émergentes ont entamé depuis mars un rattrapage fulgurant. Ces pays neufs disposent pour certains de fondamentaux économiques justifiant leur retour en grâce. Pour d’autres, le rebond semble plus artificiel et pourrait s’avérer éphémère.
Dans la nébuleuse des marchés émergents, les Bourses asiatiques, et principalement la Chine, rassemblent la majorité des suffrages, tandis que l’Europe de l’Est suscite la méfiance. Pour jouer la reprise de la consommation locale, beaucoup de gérants se repositionnent sur les valeurs cycliques, comme l’automobile, les valeurs bancaires, les biens de consommation. Le thème des infrastructures, le premier à susciter l’attention des investisseurs, reste également privilégié bien que les valeurs du secteur soient déjà revenues à des cours moins attrayants.
LE JOURNAL DES FINANCES. Comment expliquez-vous la forte hausse des places émergentes depuis le début de l’année ?
VINCENT STRAUSS : Au début de l’année, les gérants conservaient des liquidités, en raison du pessimisme ambiant sur la conjoncture. Le rebond a été d’autant plus significatif que les investisseurs disposaient de liquidités importantes et qu’ils devaient les placer. Les flux acheteurs ont donc soutenu cette forte hausse des cours sur les marchés émergents.
BRUNO VANIER : En octobre 2008, la plupart des places émergentes ont touché leur plus bas. Les valorisations des actions avaient atteint des niveaux aberrants. Depuis le début de l’année, pas moins de 20 milliards d’euros ont été investis. Les investisseurs ont acheté pratiquement toutes les places émergentes à un prix décoté par rapport à la valeur des actifs nets comptables. Ils ont profité d’une belle occasion !
HERVÉ THIARD : Les places émergentes ont aussi largement profité d’une baisse de l’aversion au risque. Cet assouplissement se traduit notamment par l’évolution des taux. Le marché obligataire est la classe d’actifs la plus significative pour apprécier la qualité des fondamentaux d’une région. Depuis avril, la dette en devise locale des pays émergents a bénéficié tant de l’appréciation des devises émergentes face au dollar que de l’anticipation de baisse des taux d’intérêt. De même, les mesures de relance et d’aides financières qui ont été mises en place par les pouvoirs publics et par les institutions internationales, comme le FMI, ont contribué au retour de la confiance des investisseurs sur des places financières qui étaient jugées risquées.
LE JOURNAL DES FINANCES. Ce rebond n’est-il pas précipité ?
CYRIL JULLIARD : Nous sommes actuellement dans la phase de retournement des marchés. Toutes les places émergentes bénéficient de l’afflux de capitaux. Mais ce rebond s’explique aussi par une dimension macroéconomique : à l’inverse des économies dites « développées », les pays émergents profitent d’un excédent de leurs balances de paiement et d’excédents budgétaires. Les pays qui disposent d’importantes réserves de matières premières, comme la Russie ou le Moyen-Orient, nous semblent ainsi les mieux positionnés pour profiter de la reprise. Nous sommes réservés sur le Brésil et l’Inde, dont la situation économique est plus ambivalente. Enfin, une région comme l’Europe de l’Est semble plus risquée, car très dépendante des capitaux extérieurs.
ALAIN ZEITOUNI : Lorsque les investisseurs anticipaient un scénario de dépression, les marchés émergents ont relativement bien résisté à la baisse. Dans leur ensemble, ils ont connu un fléchissement de la même ampleur que la moyenne des Bourses mondiales… Depuis, les investisseurs ont changé leur perception du monde.
Certains marchés ont rebondi fortement pour des raisons très différentes. C’est le cas de la Russie, qui avait été pénalisée par la baisse du prix du pétrole, et qui profite à présent de la remontée des cours. Le marché indien a bondi de 18 % en deux heures à la suite de la victoire du parti du Congrès aux élections parlementaires… Il faut donc bien prendre en compte les éléments géopolitiques et les spécificités politiques et économiques internes pour faire la part entre les différents marchés.
ROMAN PODKOLZINE : Certains catalyseurs internes ont en effet contribué de manière significative au rebond de plusieurs marchés émergents, comme c’est le cas de la Russie ou de l’Inde. En plus des facteurs macroéconomiques de long terme et des mouvements de flux, ces catalyseurs court termistes expliquent des rebonds extrêmement violents et parfois inattendus. Par ailleurs, les indices des marchés émergents sont dominés par les matières premières et les banques, dont les perspectives se sont améliorées.
LE JOURNAL DES FINANCES. Ne faut-il pas faire un tri entre les marchés émergents ?
ROMAN PODKOLZINE : Lorsqu’on procède à des arbitrages entre les places émergentes, le risque d’erreur est important. On recommande donc aux particuliers d’investir dans des fonds diversifiés.
ALAIN ZEITOUNI : Je ne peux qu’abonder en ce sens. Il est très difficile de trouver le « meilleur » moment pour investir dans un marché, car ces places demeurent très volatiles et on ne peut pas savoir quelle sera l’ampleur du rebond ou de la correction. La meilleure stratégie en termes d’allocation d’actifs est de rester diversifié.
Nous demeurons toutefois plus optimistes sur l’Asie car, grâce au colossal plan de relance chinois, les dépenses en infrastructures devraient permettre de palier en partie la faiblesse des exportations vers les économies européennes et américaines. On préférera donc cette région au Brésil, dont le marché a déjà beaucoup progressé et dispose donc d’un plus faible potentiel de croissance. L’Europe de l’Est nous semble également périlleuse en raison des difficultés économiques.
CYRIL JULLIARD : La Russie et la Chine disposent d’excédents budgétaires confortables, ce qui leur permet de réduire leur dépendance aux économies développées.
D’une façon plus générale, le thème des marchés émergents peut se jouer grâce aux devises, ce qui évite de devoir choisir des valeurs de sociétés dont les comptes sont parfois complexes à comprendre. Sur les cinq prochaines années, il y a fort à parier que le rouble et le yuan vont s’apprécier par rapport à l’euro et au dollar. Aujourd’hui, avec un rendement de 0 %, le dollar est disponible gratuitement sur la planète, alors que les yuans ou les roubles offrent une rémunération pouvant atteindre 8 à 10 % sur des signatures de bonne qualité. Le rapport rendement-risque est donc bien plus favorable aux devises émergentes qu’à l’euro ou au dollar.
HERVÉ THIARD : Sur le marché obligataire, nous restons confiants sur la dette émergente, qui bénéficie d’un très bon portage et d’une convergence des taux des pays émergents vers ceux des marchés développés. Sur le marché des actions, les histoires les plus intéressantes se trouvent toujours en Chine. Le gouvernement déploie les mesures nécessaires pour que, progressivement, le consommateur chinois remplace le consommateur américain.
De même, Taïwan a longtemps été boudé par les investisseurs, car 70 % des valeurs sont liées aux exportations. Toutefois, ce marché pourrait profiter de la dynamique chinoise. Enfin, la Russie reste le meilleur marché pour jouer le thème de l’énergie et des matières premières, alors que le Moyen-Orient devrait connaître une phase de stabilité en raison de l’approche du ramadan.
LE JOURNAL DES FINANCES. En Russie, le rebond est avant tout lié au prix du pétrole et semble fragile. N’y a-t-il pas un risque de correction ?
BRUNO VANIER : Le climat des affaires en Russie n’est pas très encourageant pour un investisseur. La hausse du baril de pétrole ne profite pas réellement aux actionnaires de Lukoil ou de Rosneft.
Pour jouer les matières premières, le Brésil est un de nos marchés favoris. Même si la place brésilienne a très fortement rebondi, elle devrait encore profiter de la hausse des prix sur le long terme. De plus, les taux d’intérêt réels sont encore très élevés au Brésil. Ils disposent donc d’un potentiel de baisse important, ce qui profitera aux placements en actions.
En revanche, nous sommes très pessimistes sur l’Europe de l’Est. Ces marchés sont très étroits. Les problèmes d’endettement sont inquiétants.
En règle générale, nous considérons que l’Asie demeure un point d’ancrage stratégique. La Chine bénéficie à la fois d’excellents fondamentaux économiques et du faible endettement des futurs consommateurs. Ce marché représente donc 20 % de l’allocation d’actions émergentes. La consommation future en Chine et à Taïwan est donc un thème privilégié. Toujours en Asie, l’Inde demeure attrayante, en dépit du récent rally. Sur les prévisions de bénéfices de 2010, les valeurs indiennes sont encore attrayantes.
VINCENT STRAUSS : La Chine est intéressante au niveau macroéconomique, mais dans une dynamique de stock picker, il est délicat de sélectionner de belles sociétés, aux comptes et au bilan transparents et de bonne qualité. On est acheteur par défaut de beaucoup de sociétés, et des mauvaises surprises sont à attendre sur certaines publications.
Une correction est à redouter sur le marché russe, car sa hausse récente a été beaucoup trop violente.
Dans ce contexte, il est préférable de sélectionner les sociétés qui seront les plus fortes au sortir de la crise, à savoir les entreprises qui génèrent des free cash flows élevés et dont le management est de très bonne qualité, ce qui est le cas en Afrique du Sud, un marché dont les investisseurs ne sont pourtant pas friands.
LE JOURNAL DES FINANCES. Quels sont les secteurs les plus prometteurs dans ces pays ?
BRUNO VANIER : Toutes les valeurs cycliques se sont redressées depuis début mars, comme les financières. Les petites et moyennes capitalisations ont également très bien réagi. A la suite de ce rally, on peut revenir à une approche fondée sur les fondamentaux en matière de sélection de valeur, et se défaire de l’allocation sectorielle.
HERVÉ THIARD : Les valeurs financières ont connu de beaux parcours boursiers et ont bien résisté. Elles constituent un relais de la croissance locale. Les valeurs cycliques permettent de jouer la reprise : automobile, biens de consommation, sociétés industrielles.
ROMAN PODKOLZINE : On peut miser sur les secteurs qui profiteront des mesures de relance en Chine, comme le secteur automobile. En règle générale, les thèmes liés à la consommation locale retrouvent leur pertinence.
ALAIN ZEITOUNI : Seuls 18 % des flux provenant des fonds indiciels se sont concentrés sur les marchés émergents. Les investisseurs internationaux ne sont pas tous encore revenus sur ces places. Elles conservent donc un potentiel de hausse et on peut parier sur une progression indiscriminée de ces marchés. N’oublions pas que les économies émergentes seront les seules à connaître un taux de croissance positif en 2009… Les secteurs comme les infrastructures ou les télécommunications conservent leur attrait.

VINCENT STRAUSS : Le thème des infrastructures me semble un peu galvaudé. On oublie trop souvent que tous les pays émergents n’ont pas forcément les moyens de financer des dépenses significatives en infrastructures.
CYRIL JULLIARD : Même si les valeurs liées à l’infrastructure sont devenues chères, c’est le seul secteur à pouvoir tirer la croissance. Dans une même optique, les valeurs bancaires sont intéressantes.
LE JOURNAL DES FINANCES. Vous faites tous preuve d’un optimisme mesuré sur les marchés émergents. Quelle part faut-il consacrer à ces marchés dans une allocation d’actifs ?
VINCENT STRAUSS : Les institutionnels, qui ont une vision à très long terme, pourraient vouloir accroître la part de leurs actifs dans les marchés émergents.
BRUNO VANIER : Compte tenu des perspectives de croissance à long terme, nous recommandons toujours une forte surpondération sur ces marchés. Y consacrer près d’un tiers d’une allocation des actifs en action nous paraît toujours d’actualité. Dans le futur, ces places boursières prendront de plus en plus d’importance. Il est donc nécessaire de s’y positionner dès maintenant.
HERVÉ THIARD : Les actions émergentes représentent 10 % de notre allocation d’actifs. Nous surpondérons également la Chine et l’Asie.
ALAIN ZEITOUNI : Accorder 10 % de la poche actions aux marchés émergents semble le plus raisonnable

LEURS VALEURS PRÉFÉRÉES

JDF | 30.05.2009 |

Vincent Strauss

TSMC Ce constructeur taïwanais de semi-conducteurs va bénéficier de la cartélisation du secteur. Ce marché est évalué à plus de 16 milliards de dollars.
CHINA LIFE Le secteur de l’assurance-vie est amené à se développer en Chine, même si le taux d’épargne des particuliers va baisser.
JBS Cette entreprise familiale brésilienne est spécialisée dans la production de viande bovine. Ce marché devrait croître de 1,6 % par an.

Bruno Vanier

BMF C’est l’opérateur de la Bourse brésilienne. La valeur présente une décote par rapport à ses homologues d’autres places financières.
CHINA INSURANCE Cette valeur permet de jouer le développement de l’assurance-vie, mais elle est très décotée par rapport à ses concurrentes Ping An et China Life.
INFOSYS On peut jouer la SSII indienne dans une approche contrariante. Nous percevons cette société comme un grand consolidateur mondial.

Hervé Thiard

DONGFENG MOTOR CORPORATION Cette société est le troisième producteur automobile de Chine. Sa gamme est très large et tournée vers les particuliers. Le groupe devrait profiter de l’essor de l’équipement en automobile du pays.
CHINA DONG JXIANG Ce groupe chinois représente la marque de vêtements Kappa en Chine. Elle permet de jouer le thème de la consommation locale. Le titre s’échange près de 14 fois les bénéfices.
SHANGHAI INDUSTRIAL HOLDING Cette société immobilière chinoise est bien positionnée pour profiter de la forte demande de logements des particuliers.

Roman Podkolzine

ITAU UNIBANCO Itau et Unibanco, deux banques brésiliennes, ont fusionné à la fin de l’année 2008. De leur fusion est né le numéro un du secteur bancaire au Brésil. Cette nouvelle banque devrait profiter d’une part de l’essor de la demande de crédit dans le pays et d’autre part de son positionnement concurrentiel avantageux.
HOPSON DEVELOPMENT HOLDINGS Cette valeur chinoise est un promoteur immobilier. Le titre dispose d’un certain potentiel de croissance, car il offre une décote par rapport à la valeur de l’actif net réévalué. Il permet de jouer l’amélioration des perspectives du secteur de l’immobilier en Chine.
OTP BANK OTP est la première banque de détail hongroise. Le titre a pâti des risques de credit crunch dans la région, mais, depuis mars, les investisseurs lui font à nouveau confiance. A juste titre, semble-t-il, puisque la publication des résultats trimestriels a rassuré quant à son exposition sur les marchés ukrainien et russe. Les analystes ont été agréablement surpris.

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mercredi27 mai 2009

Les fonds souverains accélèrent le rééquilibrage en faveur du Sud

Par Yves Genier le temps

Investies à près de 70% dans les pays du Nord, les fortunes étatiques se tournent vers les économies émergentes, selon Javier Santiso, un économiste de l’OCDE

«Bien que la crise les ait ralentis, les échanges directs entre pays du Sud demeurent très actifs. Les fonds souverains sont au centre de cette dynamique qui fait que les économies développées du Nord ne sont plus au centre du monde.»

Economiste à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) à Paris, où il occupe la fonction de responsable au Centre de développement, Javier Santiso attribue une très grande importance aux fonds souverains. Qu’ils soient détenus directement par des gouvernements ou qu’ils fassent partie des réserves de change des banques centrales, ces institutions ont constitué des trésors de guerre qui leur valent le respect de toutes les capitales et de chaque grande entreprise. Javier Santiso a développé son analyse mardi à Genève lors d’une conférence organisée par le broker français Exane Derivatives.

La fortune cumulée des 47 plus gros fonds souverains était estimée en 2008 à 3194 milliards de dollars. Près de la moitié de cette fortune appartient à des fonds basés au Moyen-Orient, le quart l’est en Asie, tandis que la fortune aux mains d’Etats membres de l’OCDE (Amérique du Nord, Europe, Japon, Corée) ne représente que le sixième du total.

Meilleurs rendements

Or, cette masse énorme de fonds tend à se détourner des pays développés, qu’elles avaient privilégiés, pour s’orienter vers les économies émergentes. Actuellement, selon les chiffres de l’OCDE, 69% de la fortune est investie en Amérique du Nord et en Europe. Cependant, ils investissent désormais 7 à 10% de leurs fortunes dans les marchés d’actions des économies émergentes. «Cela représente un afflux net annuel de 100 milliards de dollars dans ces marchés», observe Javier Santiso.

Les flux actuellement observés vont s’accroître au fil de l’application de mesures qui se prennent actuellement. Temasek, détenu par le gouvernement de Singapour, va réduire de 40 à 20% l’allocation de ses actifs à des placements en actions dans des sociétés du Nord. Ce seront désormais celles du Sud qui recevront la part du lion de ce fonds. La raison est simple: le retour sur investissements est plus élevé que dans les valeurs occidentales.

Les participations prises par ces fonds – notamment Temasek et GIC de Singapour, Adia d’Abu Dhabi, ou KIA du Koweït – dans des sociétés occidentales ont souvent vu leurs valeurs fondre. «Ces fonds sont probablement devenus plus prudents dans leurs choix d’investissement depuis lors», note Javier Santiso.

Au-delà des prises de participations, ce sont les flux financiers qui se réorganisent. L’économiste de l’OCDE livre deux exemples de liens directs Sud/Sud qui s’établissent, court-circuitant les habituelles étapes nordistes. D’une part, la banque centrale de Chine a conclu un accord de swap avec son homologue brésilienne, lequel facilite les transferts de fonds entre les deux pays sans passer par le dollar. D’autre part, le président brésilien Lula a conclu un accord de coopération financière avec l’Arabie saoudite lors d’un récent voyage officiel dans ce pays.

Les fonds souverains viendront-ils à se passer du billet vert? Pour le moment, la devise américaine représente 60% de leurs placements. Mais «ils se dirigent vers une diversification des devises», prévient Javier Santiso.

Distribution des avoirs des fonds souverains

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a8bbc260-4a35-11de-9c35-e22a110a8e8e/

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mercredi20 mai 2009

L’ascension des monnaies des pays émergents

Par Emmanuel Garessus le temps

L’opinion majoritaire n’accorde aucune chance aux petits pays. La réalité pourrait être différente.La suprématie du dollar n’est pas aussi manifeste qu’on le pense, selon une étude de Christian Thimann, économiste à la BCE (1)

Avec la reprise en main de l’économie par la politique, l’opinion majoritaire n’accorde aucune chance aux petits pays. La réalité pourrait être différente. Car la compétitivité ne se décrète pas. C’est par exemple le cas des monnaies. Symbole de souveraineté, la monnaie est aussi un symbole de puissance économique et financière. La réelle suprématie du dollar est moins manifeste qu’on ne le pense, selon une étude de Christian Thimann, économiste à la BCE*.

Certes 60% des avoirs dans le monde sont en dollars, et beaucoup de monnaies sont liées au dollar, note l’IMD. Mais le rôle global d’une monnaie s’évalue généralement à l’aune d’un autre critère, les marchés de la dette internationale. Le dollar représente alors près de la moitié du marché mondial (44,3%) et l’euro presque le tiers (31,3%). Les 14 principaux pays émergents n’arrivent qu’à 2,9% du marché mondial. Aussi traditionnel soit-il, cet instrument de mesure n’est qu’un médiocre succédané.

Le marché de la dette internationale ne représente que le dixième du marché obligataire global. Et il ne cesse de décliner sur le marché international des capitaux. La globalisation a modifié la donne. Les pays émergents ont développé leur système financier. Ils permettent aux investisseurs internationaux d’acheter les actions locales ainsi que les obligations en monnaies locales. Or le marché de la dette internationale les qualifie de «domestiques» et les ignore.

Cette approche traditionnelle passe sous silence une floraison de changements dans le comportement international des banques centrales des pays émergents et des fonds souverains. Dans sa nouvelle étude, l’IMD ne s’y trompe pas: «Avec environ 6000 milliards de dollars de réserves de monnaie, les puissances émergentes sont les nouveaux acteurs clés et vont augmenter leur poids au sein des organisations internationales. De plus, les fonds souverains, malgré leur perte, gèrent encore 3000 milliards de dollars.»

Encore faut-il choisir le critère adéquat du rôle global d’une monnaie et de ses deux caractéristiques majeures. D’une part le rôle global reflète l’importance d’une monnaie dans l’économie globale et ses fonctions de financement et d’investissement. D’autre part, l’emploi d’une monnaie en dehors du pays d’origine correspond à son rôle «international».

L’étude de Thimann parsème son travail sur la taille réelle des marchés de considérations sur la qualité des structures des pays (ouverture, réglementation).

La taille des grands marchés est aisée à évaluer. Le volume global du marché de la dette pèse 69 400 milliards de dollars, la capitalisation des actions 50 600 milliards, les dérivés de gré à gré sur les taux d’intérêt 291 900 milliards. Les marchés industrialisés dominent encore largement ces marchés. Leur présence y est supérieure à leur part au PIB mondial (68,5%) et au commerce international (47,9%). Mais les pays émergents poursuivent leur ascension. Ils détiennent 14,6% des marchés mondiaux des actions. Ce qui est plus de deux fois supérieur à leur rôle sur le marché de la dette (6,4%). Ils organisent déjà près du quart des introductions en bourse (24%). Par contre, ce sont encore des nains dans les produits dérivés et ils existent à peine sur le marché des devises avec 6% d’un chiffre d’affaires quotidien de 2000 milliards de dollars.

La notion d’emploi international d’une monnaie est plus difficile à appréhender. Il ne se limite pas au marché de la dette internationale (7800 milliards de dollars). Prudent, le FMI évalue les obligations détenues par des non-résidents à 11 200 milliards de dollars. Ce chiffre est lui-même sujet à caution. Le total des titres internationaux s’élève maintenant à 18 400 milliards de dollars. Le marché international des actions reflète aussi l’emploi international d’une monnaie. Le FMI l’estime à 8800 milliards de dollars.

Ces nouvelles estimations de taille des marchés remettent les pays émergents à leur juste place. Leur part de marché est quatre fois supérieure à toutes les études précédentes. Le rôle global de leurs monnaies atteint 11,2% et non plus 2,9%, selon Christian Thimann. Le rôle du dollar descend alors à 38,7%, l’euro à 27%. Le franc suisse (2,3%) passe derrière le dollar canadien (2,7%), mais appartient au Top 6. Ces chiffres sont importants. Ces proportions devraient se retrouver dans les portefeuilles internationaux.

Les pays sont toutefois pénalisés par leur manque d’ouverture et le développement insuffisant de leur secteur financier. Si Thimann ajuste ses 11,2% à divers critères structurels, leur rôle diminue de moitié (à 6,5%).

Les chiffres de Thimann datent d’avant la crise. Or la politique hyperlaxiste de la Réserve fédérale devrait déployer ses effets pervers sur la monnaie américaine. Comme l’affirme l’IMD hier, «plusieurs nations sont déjà en train d’envisager de se distancer du dollar».

Contrairement à l’idée du G20, ce ne sont pas les grands pays qui résistent le mieux à la crise. Les Etats-Unis ne figurent qu’au 28e rang du stress test de compétitivité de l’IMD, l’Allemagne 24e, la France 44e. Moribonds les petits pays? Le Danemark est en tête, devant Singapour, le Qatar, la Norvège, Hongkong et la Suisse. Ce n’est pas étonnant si actuellement, plusieurs investisseurs privilégient la couronne norvégienne.

* Global roles of currencies, C.Thimann, ECB, WP1031/2009

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La Chine va reprendre les introductions en Bourse le mois prochain

SHANGHAI, 25 mai 2009 (AFP)

Les introductions en Bourse sur les places chinoises, suspendues depuis septembre, vont reprendre le mois prochain, a annoncé la Commission de régulation boursière.

Elles recommenceront après le 5 juin, une fois mises au point de nouvelles règles visant à simplifier celles relatives au cours d’introduction, à établir un mécanisme davantage « guidé par le marché » et permettre un meilleur accès des investisseurs privés aux offres, a précisé la Commission (CSRC) dans un communiqué au cours du week-end.

La CSRC avait suspendu les introductions en septembre, alors que le marché était en pleine dégringolade.

L’indice composite de la Bourse de Shanghai a perdu 65,5% sur l’ensemble de 2008, mais il a rebondi depuis le début de l’année, prenant plus de 40% et enregistrant ainsi l’une des meilleures performances mondiales.

BILLET PRECEDENT CONCERNANT LE REBOND DES MARCHES FINANCIERS :

http://leblogalupus.com/2009/05/19/le-point-sur-les-resultats-des-entreprise-du-sp500-us-au-1er-trimestre-et-a-venir/

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