Behaviorisme et Finance Comportementale

Idées courtes, idées fausses : ce n’est pas parce qu’on vous le dit ou qu’on l’écrit que cela est vrai…

La suite et 3éme billet de ma   rubrique destinée à tordre le cou à certaines idées politiquement correctes,  car destinées à caresser la bête dans le bon sens du poil, mais économiquement fausses….Alors au risque de déplaire, restons « contrarian »  et vive la contrariété !!!!

IDEES COURTES IDEES FAUSSES : ce n’est pas parce qu’on vous le dit  et/ou qu’on l’écrit que c’est vrai

Le keynésianisme et ses corolaires les «  New Deal I ET II » constituent  un échange gagnant-gagnant enrichissant la collectivité : Faux

ANDRE GOSSELIN, GARY BECKER VOUS EN DISENT DAVANTAGE   EN SUIVANT :

01.03.2009 – Gosselin, André , F and I

Le New Deal II : la dérive

Tout au long de la dernière campagne présidentielle américaine, le monde entier a été témoin des talents de tribun du président Barack Obama. Plus récemment, lors de la formation de son cabinet, nous avons été à même de constater une autre de ses grandes qualités : sa capacité à rechercher le consensus plutôt que la confrontation et la division.

Afin de convaincre le peuple américain de la justesse de son plan de relance économique de 2 000 G$, par exemple, il a sollicité l’appui de quelque 200 économistes, dont neuf récipiendaires du prix Nobel.

L’exercice de communication publique a même pris la forme d’une « annonce » dans les grands quotidiens américains, où on lisait que ce programme ramènera l’économie des États-Unis sur « la voie d’une croissance soutenue à long terme ». But de la manoeuvre : montrer aux Américains que la grande majorité des économistes, et donc des experts en la matière, endossent son plan économique.

La riposte ne s’est pas fait attendre. Sous l’initiative du Cato Institute, une centaine d’économistes, dont trois « nobélisés », ont exprimé leur opposition à certains aspects du plan Obama. Certains d’entre eux ont même été jusqu’à dire qu’il ne devrait pas y avoir de plan gouvernemental pour nous sortir de la crise, car le marché est le meilleur moyen de rétablir les choses, quitte à ce que de très grandes entreprises, industrielles ou bancaires, fassent faillite. Bref, nous sommes loin du consensus tant recherché par le président Obama.

Une douzaine d’économistes québécois ont signé une déclaration sur Internet, dans laquelle ils dénoncent les plans de relance gouvernementaux qui visent à remettre l’économie sur les rails. « À la lumière de la théorie et de l’histoire économiques, écrivent-ils, nous estimons que ces mesures, au lieu de relancer l’économie, hypothéqueront les revenus des contribuables, rendront les producteurs encore plus dépendants de l’État, stimuleront le protectionnisme et ouvriront la voie à des problèmes plus graves encore dans l’avenir. Si leurs véritables intentions étaient de favoriser la croissance économique, nos gouvernements choisiraient plutôt d’aplanir les obstacles à l’investissement, au travail et à la production, notamment en réduisant le fardeau fiscal des individus et des entreprises et la réglementation. »

Le grand public se rendra compte avec cette crise que l’économie n’est pas vraiment une science exacte. Qu’elle est tout au plus une discipline historique sur les moyens que l’espèce humaine a employés pour assurer sa subsistance jusqu’à nos jours. Il comprendra alors que ce qu’on appelle la « science économique » est un perpétuel débat philosophique sur les meilleures façons d’assurer le confort matériel du plus grand nombre d’individus possibles. Et que personne ne s’entendra jamais sur ces moyens. Et encore moins sur leurs fins.

Quelques rares économistes ont reconnu les limites de la « science économique », et ont douté notamment de sa capacité à nous fournir des recettes pour nous sortir d’une récession ou d’une dépression. Friedrich Hayek par exemple, récipiendaire du prix Nobel en 1974, affirmait que les mécanismes complexes du marché, soumis aux actions de millions d’individus et de groupes sociaux, sont non seulement difficilement mesurables, mais tout à fait imprévisibles.

À l’instar de Friedrich Hayek, je ne peux m’empêcher de sourire quand j’entends les économistes d’orientation keynésienne affirmer, s’appuyant sur leur fameux « effet multiplicateur », que chaque dollar dépensé par le gouvernement américain avec son plan de relance, générera 1,57 $ de PIB. Qu’il y ait un effet, multiplicateur ou non, on l’imagine assez facilement. Mais de là à nous le spécifier en dollar, à la cenne près, il y a une marge…

Le retour de Keynes

Grâce aux démocrates bien en poste à Washington, les keynésiens sont de retour au pouvoir. Après plusieurs décennies d’absence, notamment depuis l’ère Reagan aux États-Unis et celle de Thatcher en Angleterre, ils auront une nouvelle occasion de nous prouver que leur théorie, au bout du compte, ne fonctionne pas.

Nous voilà donc revenus aux beaux jours des déficits budgétaires et des dépenses colossales dans les infrastructures pour relancer la machine économique. Nous voilà à nouveau plongé tête première dans cette pensée magique selon laquelle c’est seulement en dépensant des sommes gigantesques et en creusant des déficits année après année qu’on réussira à stopper l’hémorragie et à relancer l’économie. Mais pour relancer l’économie justement, les gouvernements doivent bien prendre l’argent quelque part. Et où le prennent-ils, si ce n’est dans les poches des investisseurs, des entrepreneurs et des consommateurs, et de tous ceux qui créent la richesse ?

Cette renaissance des politiques keynésiennes et du keynésianisme dans les officines gouvernementales est d’autant plus étonnante, quand on sait à quel point le nom de Keynes et les politiques fiscales dont il fut l’ardent promoteur, ont été balayés du revers de la main par la macroéconomie moderne. Pourquoi ? Tout simplement, ça ne fonctionne pas. La Grande Dépression des années 1930 a duré plus d’une décennie parce que les grands travaux publics de Roosevelt ont empiré la situation, confisquant les ressources du secteur privé.

Les politiques du New Deal ont été instaurées en 1933. En 1939, la dépression commençait tout juste à se résorber. Harold L. Cole et Lee E. Ohanian, professeurs d’économie respectivement à l’Université de Pennsylvanie et à l’UCLA, ont illustré dans un article récent que les politiques de l’emploi et les politiques industrielles du New Deal ont prolongé la récession d’au moins sept ans.

La décennie perdue au Japon (années 1990), nous a également montré que les politiques gouvernementales ne peuvent pas grand-chose contre les crises qui naissent d’un excès de crédit, à l’endroit des entreprises comme des ménages.

John Cochrane, professeur de finance à l’Université de Chicago, rappelait récemment que les politiques fiscales de stimulation économique ont constitué, à partir des années 1970, une idée de moins en moins populaire chez les économistes. À peu près tous les manuels de macroéconomie publiés au cours des 40 dernières années, dit-il, enseignent que les politiques fiscales keynésiennes, aussi nobles soient-elles quant à leurs intentions, sont trop longues à implanter. Et qu’elles arrivent donc toujours trop tard, au point d’être nuisibles à la reprise. Parmi tous les défauts de ces politiques, le moindre n’est pas de décourager l’investissement privé plutôt que de le stimuler.

Heureusement, nous sommes à l’ère du néo-keynésianisme. Les nouveaux économistes keynésiens ont appris qu’une intervention active de l’État au sein de l’économie ne peut pas se faire à n’importe quel prix, n’importe quand et n’importe comment. Ils ont appris que les politiques keynésiennes, après la Deuxième Guerre mondiale, ont laissé l’Angleterre aux prises avec 30 ans de croissance misérable. Qu’elles ont laissé également un goût amer aux Américains à cause de la dislocation de leur économie, du chômage et de l’inflation galopante des années 1970.

Les plans de relance économique que tous les gouvernements du monde s’apprêtent à mettre en place nous apprendront, une fois de plus, que lorsque les hommes politiques et les fonctionnaires prennent en charge l’économie, c’est la logique politique plutôt que la logique économique qui prédomine. Ce sont les intérêts de la classe politique et ceux des bureaucrates qui prennent le dessus sur ceux des investisseurs, des producteurs et des travailleurs. Si le passé nous a appris une chose, c’est que quand l’État se sent obligé de prendre l’économie en main, il ne le fait jamais temporairement. Même si dans tous leurs discours, les chefs d’État s’évertuent à nous dire que ces mesures ne sont que temporaires et ponctuelles en attendant que le secteur privé se relève et que le consommateur reprenne confiance.

James Buchanan (incidemment, prix Nobel d’économie en 1986) et les économistes de l’école dite des choix publics nous ont montré que, lorsque des programmes gouvernements sont instaurés pour résoudre une crise, ils ont tendance à perdurer, et même à croître, une fois que le problème est résolu. Des groupes d’intérêts puissants se mettent alors en place pour profiter le plus longtemps possible de ces programmes, aussi bien dans les partis politiques que chez les fonctionnaires. Sans oublier la « clientèle » de ces programmes qui, tous autant qu’ils sont, se sont habitués à vivre, et même à très bien vivre, grâce à ces mesures dites d’urgence.

SUR JAMES M BUCHANAN ET LA THEORIE DU LIBRE CHOIX :

http://fr.wikipedia.org/wiki/James_M._Buchanan

SUR LES RAVAGES DU NEW DEAL 1 (Roosevelt):

 http://workforall.net/Lecons-du-Crash-de-1929-et-de-la-grande-D%E9pression.html

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01.05.2009 – André Gosselin, F and I 

 

Gary Becker : un Prix Nobel en colère

Les économistes, récipiendaires du prix Nobel, qui prennent la peine de participer au débat sur les moyens de traverser la récession et de revoir les politiques économiques ne sont pas légion.

Gary Becker, nobélisé en 1992 pour ses travaux en microéconomie des comportements humains, n’hésite pas à prendre la plume pour dire ce qui ne va pas.

Âgé de 78 ans, ce professeur de l’Université de Chicago n’est pourtant pas un spécialiste des cycles économiques, des marchés financiers ou des politiques gouvernementales et de leurs retombées. Qu’à cela ne tienne, Gary Becker juge que les gouvernements, partout dans le monde, font fausse route en pensant nous sortir de la récession avec des doses massives d’investissement public, des déficits budgétaires et une régulation étatique des marchés financiers et des industries en déroute comme l’automobile. Pour un tenant de l’école  » néolibérale  » de Chicago, élève et collègue du célèbre Milton Friedman, il n’y a là rien d’étonnant.

Dans tous les parlements d’Europe ou d’Amérique, comme dans les pages financières des grands quotidiens de la planète, on fait le procès du capitalisme trop libéral du dernier quart de siècle. On en appelle à une plus grande intervention de l’État dans l’économie, et parfois même à plus de protectionnisme, afin de protéger les emplois de  » chez nous « . Et pourtant, dit Gary Becker, ce capitalisme nous a permis de faire croître le PIB mondial de 145 % entre 1980 et 2007, soit un taux annuel de 3,4 % environ. Même avec le scénario d’une dépression économique qui pourrait retrancher 10 % à la production mondiale entre 2008 et 2010, on en arrive à une croissance du PIB mondial de plus de 120 % sur 30 ans.

Les réformes libérales et les principes du capitalisme, que la Chine, l’Inde, la Russie, le Mexique ou le Brésil ont introduits dans leur pays, ont permis de sortir des centaines de millions de familles de la misère chronique. L’élimination de certaines barrières tarifaires et une plus grande souplesse dans les lois du travail et le commerce international ont aussi permis d’augmenter le revenu par habitant de la planète de près de 40 %, ce qui ne s’était pratiquement jamais vu dans toute l’histoire de l’humanité.

Or, les États occidentaux sont en train de tuer la poule aux oeufs d’or en voulant nous sortir de la récession coûte que coûte. Selon Gary Becker, les interventions des gouvernements ont le grand défaut de créer encore plus d’incertitude et de risque dans une situation qui en contient déjà beaucoup. Les entreprises, les banques ou les ménages ne sauront plus comment investir, prêter ou dépenser, dans un contexte où les prix des biens et services fluctuent au gré des intrusions de l’État dans le champ économique.

Ainsi, les milliards de dollars que les gouvernements et les banques centrales injectent dans le système font craindre le pire quant à l’inflation. Dans un tel contexte, les banques sont de moins en moins tentées de prêter de l’argent aux entreprises ou aux particuliers, en sachant que cet argent pourrait valoir beaucoup moins dans deux, cinq ou dix ans.

Les réformes et les prises de participation que les États s’accordent dans le capital ou les actifs des banques feront également que la logique politique (la recherche de gains électoraux, la bureaucratisation des institutions financières par les fonctionnaires gouvernementaux, le lobbying des groupes de pression plus ou moins solvables pour avoir un plus grand accès au crédit bancaire, etc.) prendra le dessus sur la logique de marché et la responsabilité de chacun dans les contrats entre acteurs économiques. L’administration de Barack Obama, comme d’autres en Occident (la France, notamment), veut jouer un plus grand rôle dans le fonctionnement de certaines industries telles l’automobile ou la pharmaceutique, ce qui n’a pas plus de sens aujourd’hui qu’autrefois.

Plusieurs acteurs économiques, des banques aux propriétaires de maisons en passant par les investisseurs, les entreprises de construction, les fonds de couverture et les compagnies d’assu-rance, ont perdu beaucoup d’argent dans la crise financière qui nous frappe. La plupart d’entre eux n’ont pas l’intention de répéter la même erreur la prochaine fois, et ils étaient disposés à corriger les gaffes commises. Mais voilà que l’État se mêle de les  » aider « , de redéfinir les règles de responsabilité, avec pour résultat de prolonger la crise.

Les promesses faites par le gouvernement Obama d’aider les ménages aux prises avec une maison trop chère pour leurs moyens, et une hypothèque trop coûteuse sont le parfait exemple d’une poli-tique qui n’incite pas certains acteurs à être plus raisonnables la prochaine fois. Et c’est sans compter les effets dévastateurs d’une telle politique sur le moral de ceux qui ont pris leur responsabilité en achetant une propriété à la mesure de leurs moyens financiers. Ils voient leurs impôts servir à des programmes d’aide aux propriétaires irresponsables.

Durant le dernier quart de siècle, les politiques keynésiennes pour nous sortir d’une récession n’étaient plus à la mode chez les économistes universitaires. Leur échec, tant aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde, était tellement flagrant qu’on a cessé de les étudier pour en connaître les vrais effets et pour les mesurer précisément. On ne sait pas grand-chose, par exemple, du supposé effet multiplicateur des dépenses de l’État sur le PIB.

Les conseillers économiques du président Obama ont beau prétendre qu’un dollar dépensé par le gouvernement crée un dollar et demi de richesse économique, au fond on n’en sait rien tant les études sont peu nombreuses sur la question. Si Gary Becker devait risquer une hypothèse, il dirait qu’un dollar dépensé par le gouvernement crée à peine 50 cents de richesse collective. À ce compte-là, on a de belles années de gaspillage de fonds publics devant nous. Et on n’est pas sortis du bois pour rembourser la dette et pour sortir de la crise.

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