Formation a la gestion de portefeuille

Anthony Bolton : «C’est le bon moment pour investir en Bourse»

ANTHONY BOLTON est président des investissements du leader mondial de la gestion d’actifs, Fidelity. A la tête de Fidelity Special Situations, il a gagné en moyenne 20% par an pendant trente ans. Dès 2006, il mettait en garde contre les cours trop élevés. En décembre, en pleine dépression, il anticipait un rally pour le printemps. Bien vu !

PERSPECTIVES ET DEVELOPPEMENT :

  Avec les années, le “gourou” Anthony Bolton est devenu l’un des gestionnaires de fonds les plus efficaces de tout le Royaume-Uni. De 1979 à 2007, à la tête du fonds Fidelity Special Situations Fund, il s’est construit une solide réputation en affichant de remarquables prestations. Sur ces 28 années de gestion, il est parvenu à obtenir un rendement annuel moyen de 20%. Autrement dit, les chanceux qui lui avaient confié 1.000 livres (GBP) à l’époque ont pu compter sur un montant de 147.000 livres (166.000 euros) en 2007. D’ailleurs, le gestionnaire de fonds a arrêté juste avant l’éclatement de la crise, évitant ainsi ses nombreuses conséquences…

Résumé d’une Interview récente publiée dans Le Revenu :

“Un nouveau bull market a commencé en 2009. Selon moi, la reprise depuis début mars n’est pas un rebond temporaire, mais l’amorce d’une tendance sur deux à trois ans. Le sentiment général au premier trimestre n’a jamais été aussi négatif : c’est un bon signal pour investir sur les actifs risqués » 

« A fin février, les avoirs monétaires représentaient près de la moitié (47%) de l’ensemble des actifs financiers (monétaires, obligations et actions) sur les marchés américains. C’est une proportion historiquement très élevée, jamais atteinte lors des trente dernières années. Ces liquidités ne pourront pas rester inactives et non rémunérées alors que les taux directeurs tendent vers zéro dans presque toutes les zones géographiques. Rester sur un biais vendeur paraît désormais difficile pour l’investisseur, tant le niveau des valorisations est bas. Les intervenants qui auront peu à peu le sentiment d’avoir raté le rebond vont revenir sur les actions. Les masses énormes de cash disponibles alimenteront le rally »

« La période de déstockage a en outre été violente et brutale. Les sociétés auront besoin de repasser des commandes, ce qui stimulera les chiffres d’affaire, autre facteur de soutien »

« Il faut dès maintenant investir dans les actifs risqués, obligations d’entreprises et actions, et éviter les liquidités et les actions d’Etat.”

28.05.2009 Autre interview pour Challenges cette fois ci :

Challenges. A la fin de l’année dernière, vous anticipiez le rebond… puis une phase de consolidation. Où en sommes-nous ?
Anthony Bolton. Ce n’est pas un rally dans un marché baissier, c’est un nouveau marché haussier qui commence. Il devrait durer deux ou trois ans. Le point bas du marché a été atteint en mars. A plus court terme, dans les prochains mois nous assisterons à un mouvement de hausse important, car beaucoup ont manqué le mouvement de rebond récent. Dans un second temps, il y aura des mouvements de yo-yo. La seconde phase d’un marché haussier passe toujours par une phase correction sur les actions. Il faudra une pause pour attendre l’amélioration des bénéfices.

Les fondamentaux sont-ils assez solides pour soutenir la hausse ?

Les données économiques vont continuer à s’améliorer de façon progressive, comme nous le voyons doucement. Les projections du FMI aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, dans la majeure partie de l’Europe, en Chine et au Japon sont meilleures. Pas bonnes, mais moins mauvaises.

Quels éléments tangibles plaident en faveur du retournement ?

La chute des prix immobiliers se ralentit aux Etats-Unis. La hausse du chômage aussi. L’indice de confiance manufacturier, ainsi que celui des consommateurs, se rétablit. Les principaux indicateurs avancés se sont améliorés et cela va continuer. Nous venons de connaître la pire phase de déstockage de l’histoire. Cela ne peut pas durer éternellement. J’anticipe la fin de la récession aux Etats-Unis au prochain trimestre. Second point important : l’action, sans précédent, des gouvernements en réaction à la crise financière. Il faut au moins six mois pour en sentir les effets. Cela commence à être le cas. C’est pourquoi je pense que nous verrons les statistiques s’améliorer dans les prochains mois. Je ne crois pas à une dépression de l’ampleur des années 1930.

La Bourse a donc, comme d’habitude, six à douze mois d’avance sur l’économie ?

Oui. C’est un cycle habituel, même s’il est brutal.

Quelle hausse des marchés peut-on attendre dans les années à venir ?

La reprise va être lente et longue à cause du nuage de dettes qui surplombe le paysage. Ce qui est assez bon pour le marché des actions, cela durera plus longtemps.

Combien de temps pour retrouver les plus hauts de 1999 ?

C’est le bon moment pour investir. Je mets ma main au feu que nous connaîtrons une hausse de 15% dans les prochains mois. Mais, pour doubler vos actifs, il faudra être plus patient. Vous pourriez avoir à attendre plusieurs années.

Comment convaincre que le moment est venu de revenir en Bourse ?

J’ai trois signaux : les cycles historiques de hausse et de baisse; l’humeur des investisseurs, car c’est dans les extrêmes qu’il y a des opportunités ou du risque; le niveau des fonds monétaires par rapport au marché. Tous trois sont à l’achat.

 

Ce Britannique a consenti à partager ses connaissances avec le reste du monde au travers d’un ouvrage: ‘Investing Against the Tide’. Il y révèle 6 règles importantes et universelles à respecter en matière d’investissement.

 

“Ne vous laissez pas berner par le baratin d’une entreprise”

Avant d’investir dans une entreprise, Bolton se demande toujours “quelles sont les chances de voir cette entreprise valoir plus d’ici 10 ans?”.  Si la réponse est “aucune” (et selon l’ancien gestionnaire de fonds, cela arrive souvent), l’entreprise en question ne vaut naturellement pas la peine qu’on s’y intéresse. Mais, question logique: comment pouvez-vous le découvrir? En épluchant les résultats de l’entreprise, pardi! “Le management prête beaucoup d’attention à la manière dont il va formuler les choses. Des informations se perdent alors par exemple dans les communiqués de presse”. En outre, il ne faut pas perdre de vue le bilan d’une entreprise et les commentaires qui l’accompagnent (et que le management espère parfois qu’ils seront lus par tout le monde…).

“Tenez le management à l’oeil”

Avant de commencer sa journée, Bolton vérifie quels types de transactions ont été effectuées par les membres du personnel de la société concernée. “Les transactions qui m’interpellent sont celles qui vont à l’encontre de ce que j’avais prévu: un manager qui rachète un gros paquet d’actions après que les actions aient atteint des sommets ou un directeur qui revend juste après que son entreprise ait subit une forte correction en bourse.” Vous pourrez consulter un aperçu de ces opérations sur le site internet de la CBFA en Belgique (www.cbfa.be).

“Un adolescent doit pouvoir comprendre vos investissements”

Bolton a repris une astuce bien utile de son collègue américain Peter Lynch: assurez-vous de pouvoir expliquer en quelques phrases pourquoi vous avez décidé de détenir une part de certaines entreprises. Plus important: des adolescents doivent être en mesure de comprendre votre explication. Et par conséquent, le prix d’une action n’a plus aucune importance. Plus fort encore: “Mieux vaut oublier le prix que vous avez payé pour une action,  sinon, cela pourrait devenir une barrière psychologique si le cours de votre action commençait à chuter.”

“Allez à contre-courant”

Peu d’investisseurs s’intéressent aux entreprises qui se portent moins bien. “Pourtant, lorsque les analystes abandonnent une entreprise ou que les prévisions se font rares, cela peut être un signal important.” Même les entreprises qui viennent tout juste de mettre la clé sous le paillasson (ou qui sont sous concordat judiciaire) peuvent parfois constituer des opportunités intéressantes. “De telles entreprises échappent bien souvent à l’attention de la plupart des investisseurs institutionnels.” Enfin, la dernière catégorie des entreprises impopulaires et effrayantes – parfois à tort – pour beaucoup d’investisseurs: les sociétés dotées d’une structure de capital complexe ou inhabituelle.

“Tout est dans le graphique des cours”

D’après Bolton, le graphique des cours constitue un véritable trésor en matière d’informations. Par contre, il ne s’agit pas d’observer les mouvements au cours des derniers jours ou mois, mais bien l’évolution des 3 à 5 dernières années. De cette façon, l’évolution actuelle du cours est placée dans une perspective plus large. Et là, Bolton se montre très prudent envers les actions qui ont enregistré d’excellents résultats. “Dans ce cas, une grosse partie des bonnes nouvelles est déjà contenue dans le prix des actions.” Par ailleurs, le gestionnaire de fonds britannique conseille d’éviter les actions “poussées”, bien cotées sur les marchés et que les investisseurs espèrent voir encore augmenter… afin qu’ils puissent les revendre avant qu’il ne soit trop tard.

Comment reconnaître une action bon marché?

Astuce numéro 6: la “formule magique” de Bolton. Pour déterminer si une action est en effet une bonne affaire, Bolton manie 5 ratios différents:

  1. Rapport cours/bénéfice: pour calculer ce ratio, vous devez diviser le cours actuel de l’action par le bénéfice par action. Attention toutefois, il convient de placer ce ratio dans une perspective historique. Une action avec un ratio de 20 peut paraître intéressante, mais eu regard des 25 dernières années, ce ratio peut tout de suite s’avérer l’être nettement moins. Il convient également de prendre en compte les prévisions de bénéfice pour les deux prochaines années.
  2. Valeur d’entreprise/cash-flow d’exploitation (Ebitda): pour calculer ce ratio, vous devez faire la somme de la capitalisation de marché et de l’endettement net, et ensuite diviser le montant obtenu par le cash-flow d’exploitation. De cette manière, les dettes sont également prises en compte dans l’exercice d’évaluation de l’entreprise, au contraire des gains (ou pertes) exceptionnels.
  3. Cash-flow libre: c’est le cash-flow pur généré par une société. Plus il est élevé, plus l’entreprise est en mesure de faire face à ses obligations. 
  4. Valeur d’entreprise/chiffre d’affaires: Ce ratio tient compte des chiffres de vente de l’entreprise vis-à-vis de la valeur de celle-ci. Plus il est bas, mieux c’est.
  5. Retour sur capital investi: ce ratio permet de déterminer à quel point les investissements d’une entreprise contribuent à ses bénéfices.

 ET TOUJOURS D’ACTUALITE :

 http://leblogalupus.com/2009/05/05/anthony-bolton-la-citation-du-jour/

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