Carmignac Gestion

Carmignac Gestion : Lettre Mensuelle Juin 2009

Carmignac et son illustre patron Edouard est une des rares Maison de gestions d’actifs à laquelle j’accorde un réel intérêt quant au suivi et commentaires  de marché. D’abord parce que contrairement à beaucoup de leurs confrères français ( à la langue de bois toute stalinienne !!!!) il ne se montrent ni anticapitalistes ni antilibéraux ce qui dans nos contrées collectivistes et socialisantes à outrance est déjà un exploit. Ensuite parce qu’ils ont su avec le temps développer une vraie politique et stratégie de gestion basée sur une réelle expertise des Marchés, stratégie  à laquelle ils n’ont jamais dérogés au cours de ses nombreuses années et cela quelque soit  la phase de cycle économique envisagée. Voici donc en quelques lignes  leur dernières analyses macroéconomiques :

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

BILLET PRECEDENT SUR CARMIGNAC GESTION :  http://leblogalupus.com/2009/06/08/carmignac-gestion-deroulement-cyclique-impeccable/

  Lettre mensuelle juin 2009 et allocation d’actifs 

Ni irrationnels ni exubérants

 
  L’indice mondial des actions affiche une hausse de près de 30% depuis début mars. Que pouvons-nous vraiment attendre de la période estivale à venir?
 
 
  Eric Le Coz*
 
  Depuis la mise en faillite de Lehman Brothers le 15 septembre dernier, l’indice mondial des actions est encore en recul de 20% à fin mai. Après un début d’année particulièrement difficile, les marchés boursiers ont repris le chemin de la hausse depuis le 9 mars. Ainsi, l’indice mondial enregistre depuis cette date une progression de 27,7%. Ne boudons pas ce moment. Cependant, pour spectaculaire que soit la reprise de la plupart des marchés boursiers, celle-ci ne nous semble ni irrationnelle ni exubérante.Début janvier il nous semblait que la très brutale chute d’activité survenue en fin d’année devrait inéluctablement conduire à une période de restockage global, atténuant ainsi les effets de la crise économique étranglant les économies développées. Nous estimions aussi que les mesures prises par les gouvernements et banques centrales des plus importantes économies émergentes pour relancer leur croissance économique enregistreraient des résultats à relativement court terme. Dans le même temps, la paralysie du système bancaire mondial et la détérioration de l’économie réelle nous avaient conduits à observer la plus grande prudence. Début mars, les premiers signes d’une amélioration faisaient leur timide apparition alors que l’aversion au risque et la capitulation boursière atteignaient un paroxysme. Après ces trois derniers mois de reprise, où en sommes-nous et que pouvons-nous attendre de la période estivale à venir?Du côté des États-Unis, l’amélioration de la situation reste contrastée. Elle n’en est pas moins réelle. La stabilisation du marché immobilier tarde à se matérialiser mais la hausse du chômage ralentit et les commandes à l’industrie se reprennent. Ainsi la composante «Nouvelles Commandes» de l’indice des Directeurs d’Achat a-t-elle franchi la barre fatidique de 50, indiquant une expansion et non seulement une moindre contraction, comme les mois précédents. La confiance des consommateurs est aussi en nette hausse, sans doute en partie sous l’effet réflexif de la reprise boursière, mais qu’importe. Dans toute crise économique le psychologique a son rôle à jouer. Le système bancaire américain se remet rapidement sur pied. Les 19 banques qui ont été soumises aux «stress tests» ont aujourd’hui levé l’intégralité des capitaux dont le résultat de ces tests avait fait apparaître la nécessité. Et parfois plus. Elles pressent aujourd’hui le gouvernement pour repayer les fonds qui leur avaient été octroyés dans le cadre onéreux et contraignant du programme TARP. Dans le même temps, et en dépit d’un appétit moindre à l’emprunt de la part des ménages, elles recommencent à prêter avec des marges confortables. Nous avons conservé au cours de ce mois une indexation de nos portefeuilles globaux aux banques américaines, qui progressent encore de plus de 15% pour la période.Du côté de l’Europe peu de choses à dire malheureusement. L’activisme monétaire et fiscal américain n’a pas fait école, Madame Merkel rappelant même à l’ordre l’ensemble des banques centrales en critiquant ouvertement les mesures non conventionnelles prises et leur manque d’indépendance vis-à-vis de leur gouvernement respectif. Monsieur Trichet ne baisse plus les taux, tout en avançant des révisions particulièrement sombres de prévision de croissance pour la zone Euro en 2009 et 2010. Souhaitons que la phase de restockage global atteigne nos rivages et que le retour de la croissance vigoureuse dans les économies émergentes nous tire un peu de notre léthargie et de notre attentisme.En effet, les grandes économies émergentes de la planète vont mieux, j’ai presque envie de dire qu’elles vont bien. Certes, ce n’est pas de la croissance à 10% ou 13%, mais tant en Chine qu’en Inde ou au Brésil, la croissance se confirme. La progression de plus de 9% de l’indice des actions des marchés émergents sur le mois, alors que l’indice mondial ne progresse que de 2,5%, ne traduit-elle pas simplement cette surperformance économique par rapport aux économies développées? En Chine, l’indice composite des Directeurs d’Achat est pour le troisième mois consécutif ressorti au-dessus de 50, confirmant le retour de la croissance. Croissance des crédits, progression des chiffres de vente dans l’immobilier résidentiel, dans la construction, dans les ventes de voitures, d’électronique domestique. Le moral des ménages semble revenu. Les importations de pétrole et de produits pétroliers battent tous les mois des records, les stocks mondiaux de cuivre sont en net recul, les taux de fret maritime reprennent leur ascension. Ce sont autant d’indications que le plan de relance mis en œuvre par le gouvernement de Monsieur Wen est efficace et commence à produire des résultats très encourageants.L’Inde a, quant à elle, connu un événement remarquable au cours de ce mois. C’est en effet par une victoire éclatante aux élections législatives que le parti au pouvoir a renforcé sa légitimité et sa capacité de faire avancer le pays. N’est ce pas un paradoxe de voir qu’à l’heure où l’État n’a jamais été aussi présent dans nos pays développés, où tout un chacun demande plus de réglementation et de surveillance, 420 millions d’électeurs indiens viennent de demander plus de réformes libérales, plus de déréglementation, moins d’État? C’est une bonne nouvelle pour la croissance et le développement structurel de l’économie indienne. Saluée par les investisseurs, cette victoire a propulsé l’indice des valeurs indiennes de Mumbai qui enregistre une hausse de près de 29% en euros sur le mois. L’Inde représente désormais un poids significatif dans notre gestion globale.

Le Brésil enfin, qui donne lui aussi des signes de vitalité de son économie dont les ressorts sont essentiellement domestiques. Avec des taux réels qui restent parmi les plus élevés au monde, le Brésil dispose encore d’une marge de soutien monétaire supplémentaire. Dans le même temps, la reprise du marché immobilier se confirme, comme celle de la production industrielle. Du côté de la consommation, les ventes de véhicules ont atteint un record historique au cours du mois de mai. Les exportations se reprennent elles aussi, grâce notamment à la demande de ressources naturelles en provenance de Chine.

Si ces lignes donnent l’impression que tout se déroule comme prévu dans un scénario de stabilisation de l’économie globale sous le double effet de la nécessité d’une reconstitution des stocks et de la reprise de la croissance domestique émergente, on peut néanmoins légitimement se poser la question de la pérennité et de la durabilité de cette reprise. N’est-elle que temporaire? Les marchés n’ont-ils pas déjà largement intégré ce rebond économique? Quelle est la marge d’erreur?

Les marchés boursiers ont en effet retrouvé à la fois des niveaux techniques importants et des niveaux de valorisation pour lesquels la marge d’erreur sur les résultats trimestriels s’amenuise. D’un autre côté, l’encours sur les fonds de trésorerie en pourcentage de la capitalisation boursière est sur des niveaux historiques record, et la baisse de l’aversion au risque et la conviction grandissante que le pire de la récession est derrière nous pourraient conduire à un redéploiement de ces liquidités vers les marchés actions. Sur ce dernier point cependant, on peut faire l’hypothèse que les gérants ont en partie compensé leur faible exposition aux actions par un choix de thèmes et de secteurs particulièrement porteurs, dont les marchés émergents et les matières premières. Ce recul de l’aversion au risque a sans doute contribué au fait marquant de ce mois, la hausse des rendements des emprunts d’État, élément qui nous incite à une grande vigilance. Ce recul de l’aversion au risque a sans doute contribué au fait marquant de ce mois, la hausse des rendements des emprunts d’État, élément qui nous incite à une grande vigilance.

D’une certaine façon, la hausse des rendements des bons du Trésor américains à 3,5% a quelque chose de rassurant. En effet, à 2% en fin d’année, avec des anticipations d’inflation à long terme nulles, les craintes déflationnistes étaient à leur maximum et le refuge vers la «qualité» battait son plein. On a donc affaire à une normalisation qui tient compte des effets attendus des mesures qui ont été prises par le gouvernement de Monsieur Obama et par la Réserve Fédérale. Mais nous ne pouvons négliger l’hypothèse que cette hausse ne soit aussi un avertissement donné par les investisseurs.

D’une part la reconstitution des primes d’inflation autour de 2% nous indique que le marché commence à attribuer une certaine crédibilité au caractère inéluctablement reflationniste de la reprise économique à venir. Sur ce point, il nous semble encore prématuré de s’inquiéter d’éventuelles pressions inflationnistes alors que la réduction de l’effet de levier excessif ne vient que de commencer, alors que la consommation finale reste atone et que le chômage continue de monter. Cette possibilité justifie néanmoins pleinement la présence d’une composante aurifère dans les portefeuilles actions. Sur le mois, l’indice des sociétés aurifères progresse de près de 25% contre dix fois moins pour l’indice mondial. D’autre part, les investisseurs, en exigeant des rémunérations plus élevées nous indiquent aussi les limites des politiques de relance keynésiennes dans les pays développés. Sur ce point Madame Merkel a sans doute raison. Il ne suffit pas de prendre des mesures d’urgence d’une ampleur jamais égalée. Il faut aussi que les gouvernants prennent des engagements quant au retour à une plus grande discipline fiscale, une orthodoxie budgétaire qui permettra de maîtriser la dette publique.

Enfin, il faut admettre que si les rendements offerts par les bons du Trésor sont encore sur des niveaux historiquement bas, une dégradation supplémentaire pourrait à terme remettre en cause le rétablissement rapide d’une économie américaine encore fragile. La titrisation hypothécaire est aujourd’hui pratiquement limitée aux agences gouvernementales Fannie Mae et Freddie Mac, dont le refinancement est assuré par la FED. Néanmoins, le mois de mai a été le théâtre d’une légère remontée des taux fixes des crédits immobiliers. Outre le risque d’un assèchement des refinancements bon marché, on risque donc, si le mouvement devait se poursuivre, de retarder encore la stabilisation du marché immobilier résidentiel, condition absolument nécessaire à la reprise de l’économie.

Ainsi le printemps qui s’achève aura marqué un rebond sensible des marchés, saluant la phase de restockage global, les premiers effets d’une relance keynésienne massive par les États-Unis, et la confirmation d’un retour de la croissance domestique des principales économies émergentes. Ce contexte ne rend vos gérants ni irrationnels ni exubérants. Pleinement conscients que la nouvelle donne économique qui se dessine est encore fragile et susceptible de phases de recul, nous veillons à tenir compte au plus près des nouveaux développements économiques et de marché, en répartissant les risques des portefeuilles selon plusieurs vecteurs qui nous permettront, espérons le tous, de passer un été plus serein que le précédent.

* Carmignac Gestion LETTRE MENSUELLE DE GESTION 6/6/09

Attention à la hausse des rendements des emprunts d’Etat

 

Carmignac Gestion estime qu’une poursuite de la hausse des rendements offerts par les bons du Trésor pourrait à terme remettre en cause le rétablissement rapide d’une économie américaine encore fragile. Il souligne ainsi que le mois de mai a été le théƒtre d’une légère remontée des taux fixes des crédits immobiliers. Or selon le gérant d’actifs, outre le risque d’un assèchement des refinancements bon marché, la continuation de ce mouvement pourrait encore retarder la stabilisation du marché immobilier résidentiel, ® condition absolument nécessaire à la reprise de l’économie ¯.

 

Actions : Carmignac conserve des expositions nettes inchangées

 

Carmignac Gestion indique conserver des expositions nettes inchangées en portefeuille sur les actions. ®Bien qu’on ne puisse exclure une pause à court terme, il ne nous semble pas que les actions soient particulièrement risquées sur ces niveaux¯, estime-t-il. Carmignac estime que, si une normalisation des taux sur des niveaux légèrement plus élevés entraîne une pause pour les grands indices, ils ne sont pas encore suffisamment élevés pour pénaliser les valorisations ou pour remettre en cause la reprise économique.

 

Mat. premières : des niveaux ne sont pas déraisonnables pour Carmignac

 

Carmignac Gestion dit rester ®très à l’aise¯ avec le thème des matières premières sur une optique de moyen terme. ®Ni les valorisations des sociétés ni les cours des matières sous-jacentes ne nous semblent avoir atteint des niveaux déraisonnables encore¯, écrit-il. Carmignac a renforcé sa position sur le titre Petrobras  et a repris le norvégien Seadrill  en portefeuille. Il observe que le contexte de liquidités abondantes est favorable à la croissance domestique des économies émergentes, qui à son tour soutient la croissance de la demande de ressources naturelles.

 

 

     

7 réponses »

  1. Merci de me donner votre adresse pour vous faire parvenir mon nouveau livre, à paraître le 25 juin 2009, intitulé « Lettre ouverte aux bandits de la Finance ». En voici le texte de présentation:
    « Messieurs les bandits de la finance, votre avidité et votre cupidité viennent de précipiter le monde dans la plus vaste destruction de valeurs de tous les temps. Embarqués dans la galère des “subprimes” et autres produits vénéneux, vous saviez vos trafics monstrueux condamnés à finir dans le décor !
    Oui, vous le saviez, et je vais le prouver… en entrant dans le réseau inextricable de vos complots qui ont fini par pulvériser les économies des grandes puissances, au nez et à la barbe de magistrats, contrôleurs, auditeurs en tout genre qui ont tout vu, tout su et tout laissé faire, se rendant complices, de facto, du plus grand hold-up de l’histoire !
    En France, comme ailleurs, vous vous êtes dévoyés dans des spéculations délirantes. Qu’il s’agisse de la Société générale, du groupe Caisses d’épargne – Banque populaire (avec Natixis), de BNP Paribas, de Dexia et autres Crédit agricole, les dossiers dépassent toute imagination, avec des pertes ahurissantes. Les dessous des « affaires » Jérôme Kerviel ou de l’escroc Bernard Madoff me révèlent que vous leur avez ouvert la boîte de Pandore. Chapeau, messieurs les banquiers !
    Bandits de la finance, par appât du gain, en toute connaissance de cause, sans honte et sans vergogne, vous nous avez tous plumés. J’entends ici vous clouer un à un au pilori. »

    Jean Montaldo

    • Mr Montaldo avec plaisir, comptez sur moi pour en faire une lecture attentive et critique ( autant que mes modestes compétences puissent me le permettre) et y faire ici même un compte rendu bien évidement subjectif mais qui sera marqué je n’en doute pas du sceau de la bienveillance… 🙂
      En attendant je souhaite à votre ouvrage le même succès de librairie que les précédents

      cordialement

Laisser un commentaire