Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

De l’inconsistance, de l’inconscience, et de l’inefficacité des plans de relance à la mode keynésienne

Fort bon article du toujours très bon éditorialiste et journaliste économique Beat Kappeler (un Suisse pour pas changer !!!) pour dénoncer ce que l’on peut désormais qualifier d’arnaque économique  et de hold up sur les générations futures concoctés avec leur savoir faire habituel par les Etats antisociaux et irresponsables de l’Europe socialiste….

POUR CONNAITRE LA SUITE :

La logique, première victime de la crise

Par Beat Kappeler 27/6/09

Quand les Etats font de la relance, la logique en est la première victime. Le secteur financier craque – alors construisons. Est-ce que les banquiers vont mettre le goudron?

L’industrie d’exportation ne marche plus – alors mettons les milliards dans la consommation interne. Est-ce que les consommateurs vont manger des pièces métalliques?

Les consommateurs sont surendettés aux Etats-Unis – alors la banque centrale reprend leurs dettes des bilans des banques pour qu’ils puissent recommencer. Est-ce que la confiance des investisseurs augmente ainsi?

Les mesures de relance pèchent aussi par manque d’études de préparation. Ceux qui demandent des milliards de nouvelles dépenses ont-ils fait des études de faisabilité? De rentabilité? Des plans de repaiement  futur? Normalement, quelqu’un qui demande quelques centaines de milliers seulement doit fournir des plans exacts, des calculs. La prudence, qui normalement entoure tout projet d’une salle de gymnastique au niveau communal, est complètement abandonnée au niveau national, s’il s’agit de relance.

Visitez le site de la «Kreditanstalt für Wiederaufbau», KfW. Cet organe de crédit servait à la reconstruction de l’Allemagne dévastée après 1949. Ensuite il est devenu la pompe à milliards pour la réanimation de l’ancienne RDA. Aujourd’hui, le gouvernement allemand a confié les 50 milliards d’euros de relance (80 milliards de nos francs suisses) à cette banque. Sur son site, elle appelle instamment les entreprises à présenter des projets qu’elle pourrait soutenir. Qu’il s’agisse, dit-elle explicitement, de petites entreprises ou de géantes.

Après la logique qui se perd, après l’incurie des effets et des coûts, on arrive ainsi à une troisième faille – le double emploi. Les aides tous azimuts, en Europe comme aux Etats-Unis, maintiennent des capacités de production qui de toute évidence sont de trop. Des experts estiment que le marché des automobiles en Europe, sous des conditions de haute conjoncture, est bien inférieur aux possibilités de production actuelles. Mais on soutient ces usines à coups de milliards, ainsi que leurs fournisseurs.

D’autres marchés sont dans la même surabondance. En affectant des moyens gigantesques à ces sites existants, on concurrence en premier lieu les sites qui ne sont pas encore en faillite et qui seront confrontés à des concurrents renfloués presque gratuitement.

On aurait avantage à mettre les moyens dans des productions nouvelles. Mais d’une part les politiciens ne peuvent pas pressentir l’avenir, et d’autre part les quelques affectations «vertes» dans l’énergie alternative ne font pas le volume recherché. Alors on soutient ce qui existe, sans compter.

La facture arrivera. Les Etats européens font cette année et l’année prochaine un déficit d’environs 7 ou 8% du produit national. Déjà, les taux d’intérêt sur les dettes des Etats prennent l’ascenseur, encore retenus çà et là pour l’instant par la pression des banques centrales.

Dans trois ans, l’Europe se sera vissée à ses vieilles industries en surcapacité, dans des dettes incroyables, avec des générations importantes arrivant à la retraite. L’Asie, elle, prendra encore plus de relief. Le producteur d’acier Mittal vient d’annoncer son intention de mettre son poids futur sur l’Asie.

Mais qu’est-ce qu’il faudrait faire? Si on croit devoir aplanir toute vicissitude de la vie économique, on devrait abaisser les charges des citoyens – impôts, primes des assurances sociales, freins administratifs – et leur laisser le choix des dépenses. Eux, et les entrepreneurs flaireront les nouvelles affectations, les innovations. En plus, c’est un soutien immédiat et réversible à tout moment.

Les promesses du gouvernement pour des aides aux chômeurs, pour le soutien de la recherche appliquée des PME ne seront votées par la routine parlementaire qu’en décembre! Et la restitution de la redevance CO2 devrait être avancée et cumulée sur trois ans maintenant, ce qui donnerait à chaque ménage vers 500 francs suisse . Il ne faut pas voter encore des milliards dans le parlement, il lui suffit de faire son devoir, rapidement, à la mi-août.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :

http://leblogalupus.com/2009/06/01/idees-courtes-idees-fausses-ce-n%e2%80%99est-pas-parce-qu%e2%80%99on-vous-le-dit-ou-qu%e2%80%99on-l%e2%80%99ecrit-que-cela-est-vrai%e2%80%a6-3/

ET EN RAPPEL :

LA CHRONIQUE de Jacques Marseille. Quoi qu’en dise la pensée unique, le New Deal n’a jamais mis fin à la crise

Chronique publiée dans le numéro d’Investir Magazine de décembre 2008-janvier 2009 

Keynes, Roosevelt, New Deal : la crise dans laquelle nous sommes plongés depuis plus d’un an remet à la mode ces personnages et cette solution. Entre le président de la CGPME qui demande un New Deal pour les PME et Daniel Cohn-Bendit qui appelle à un «New Deal écologique», tous ou presque appellent à la main «vertueuse» de l’Etat pour guérir les Etats-Unis et le monde des errements d’un capitalisme devenu fou à la suite des dérives d’un «ultralibéralisme» qui, dans les années récentes comme dans les années 20, aurait provoqué ce gâchis de milliards de dollars ou d’euros.

En fait, contrairement à ce que prétendent les new-dealers et les néokeynésiens, les politiques d’intervention de l’Etat pendant la crise des années 30 ne furent pas si efficaces qu’on le prétend. Comme Obama en 2008, Roosevelt fut avant tout un homme de communication. 

Son programme parlait à une Amérique plongée dans la crise la plus grave de son histoire. Tantôt libéral, tantôt conservateur, partisan du renforcement des pouvoirs fédéraux et de l’équilibre budgétaire, défenseur de la libre entreprise et de la planification, Roosevelt fit preuve soit d’une totale incohérence intellectuelle, soit d’un total opportunisme électoral. Accusant Herbert Hoover, le président sortant, de mener les Etats-Unis sur la voie du socialisme, il condamnait les dépenses publiques «imprudentes et extravagantes», promettait de les réduire de 25%, de diminuer les impôts et de restaurer une monnaie «solidement basée sur l’or» pour éviter toute manipulation. Un programme que n’aurait même pas osé revendiquer John McCain. Un programme qui le ferait aujourd’hui traiter d’ultralibéral. 

Se faire élire, tout un programme 

Curieusement, alors que les Etats-Unis comptaient plus de 12 millions de chômeurs, soit 25% de la population active, Roosevelt ne manifestait aucune hâte à traiter le problème du sous-emploi. Ni doctrinaire ni philosophe de l’action politique, Roosevelt, comme aujourd’hui Obama, puisait dans le réservoir des idées du temps, même quand elles étaient contradictoires, cherchant seulement, c’était tout son programme, à être élu. 

Mais entre son élection, en novembre 1932, et sa prise de fonction, en mars 1933, la situation se dégrade. Dès son intronisation, il fait l’inverse de ce qu’il avait promis, provoquant la démission de plusieurs de ses conseillers les plus compétents. Baisser l’impôt ? Les tranches marginales sont augmentées de 90%. Restaurer une monnaie solidement gagée sur l’or ? Il interdit les transactions en métal et ordonne que le prix de l’or soit fixé par l’Etat. Faillites bancaires ? Il fait fermer des banques et provoque une panique des épargnants qui engendre 2.000 faillites supplémentaires ? Réduction des dépenses publiques ? Elles augmentent de 83% entre 1933 et 1936. Au terme du premier mandat, l’activité ne repart pas et le chômage diminue à peine. En 1936, le PIB par habitant est de 6.204$ alors qu’il était de 6.899$ en 1929. En 1938, au milieu de son deuxième mandat, il s’élevait à 6.126$. Le déficit fédéral était passé de 20,9 milliards de dollars en 1933 à 43 milliards en 1938 et le pays comptait toujours 9 millions de chômeurs. Autant de chiffres qui invitent à ne pas accorder au New Deal les vertus que lui prête aujourd’hui la pensée unique. 

Leçon de pragmatisme 

Pour mieux comprendre le sens de l’intervention de l’Etat qui fait aujourd’hui consensus, il suffit de relire Keynes : «Si le ministère des Finances remplissait des bouteilles avec des billets de banque, les enterrait dans des mines de charbon désaffectées qu’on remplirait ensuite d’ordures ménagères, et s’il laissait aux entreprises le soin de retrouver ces billets, il n’y aurait plus de chômage. Il serait certainement plus raisonnable de faire construire des maisons ou quelque chose d’analogue ; mais si ceci se heurtait à des difficultés pratiques, on pourrait recourir au moyen cité ci-dessus et ce serait toujours mieux que rien.» Une leçon de pragmatisme qui nous éloigne des grandes doctrines.

10 réponses »

  1. pour la petite histoire, Beat Kappeler, que j’admire également, a été secrétaire de l’Union syndicale Suisse (USS) pendant 5 ans…
    Je souris rien que de penser à l’esprit qui sortirait de la fusion de CFDT, FO et CGT 😉

    Pour info, les flux de fonds US du mois de mai sont sortis:
    l’investissement en action s’accélère +18 Md$ dont 4 Md$ pour l’oversea, c’est le meilleur mois depuis 2 ans. Le flux sur l’obligataire franchit un nouveau record absolu à 31 Md$.
    Le flux forex est de nouveau négatif, les gens sortent le cash pour -26 Md$ mais les zinzins sont plus timorés puisqu’il ont encore placé 7 Md$ dans le fourgon.

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