Art de la guerre monétaire et économique

Voilà pourquoi l’inflation ne sera pas d’origine monétaire

Voici ce que j’indiquais dans un précédent billet : Il n’existe pas “une” mais “des” sources d’Inflation (cliquez sur le lien) à propos de l’inflation d’origine monétaire :

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

C’est l’inflation qui proviendrait de la création monétaire “excédentaire”: toutes choses étant égales, l’augmentation de la masse monétaire se retrouvant en pourcentage similaire dans celle des prix, selon le modèle propagé par Milton Friedman.

Actuellement, il est vrai que la masse monétaire (et surtout ce que les américains appellent la base monétaire M0 dans le bilan de la FED: billets, dépôts des banques commerciales auprès de la banque centrale) a crû de façon importante. Cette croissance a très peu d’effet, aussi longtemps que les banques n’utilisent pas cette liquidité pour faire des prêts à l’économie (en fait, transformer le M0 en M1, actionner le “multiplicateur de crédit”). Les monétaristes constatent que la “vitesse de circulation de la monnaie” a fortement diminué. La base monétaire crée des “réserves” pour les banques auprès des banques centrales, mais pas des moyens de payement nouveaux pour la demande finale, donc finalement – à l’état actuel – pas de “carburant” inflationniste. Au contraire, on constate que les conditions de crédit au niveau des banques se durcissent: c’est le cas au niveau des crédits à la consommation et des crédits immobiliers: pas étonnant vu les taux de défaut croissants et l’état de solvabilité affaibli des demandeurs de crédit en période de récession – d’ailleurs le processus de désendettement du consommateur (US) est par nature étalé dans le temps. Pas étonnant non plus au regard de la solvabilité toujours fragile des banques et les nouvelles exigences en matière de fonds propres.  Par conséquent  au vu de ces quelques éléments d’un point de vue monétaire aucune inflation n’est à craindre….

Le célèbre libertarien Allan Meltzer pourtant très hostile à la politique actuelle de la FED est obligé de le reconnaitre au détour d’une interview quand on lui pose la question suivante( agefi du 9 juin 09) :

AGEFI : Certains économistes ont toutefois avancé que cette liquidité est maintenue dans le bilan des établissements financiers et n’aura pas d’effets sur l’économie réelle…

Allan Meltzer : Oui, c’est vrai, les banques détiennent aujourd’hui beaucoup de cash. Cependant, elles devront s’assurer que toute cette liquidité soit retirée avant d’être dépensée. La Réserve fédérale devrait commencer à absorber cette offre excédentaire de monnaie en réduisant, en premier lieu, son rythme de croissance.

Pour l’heure les  conseils de Meltzer sont sans fondement et ressemblent plutôt à des allégations anti Bernanke, pour preuve il suffit de regarder la courbe de  Croissance des crédits bancaires aux Etats-Unis  qui est à présent devenue négative. Les liquidités insufflées par la Fed ne sont donc pas réinjectées dans l’économie réelle par le système bancaire US….On a le même phénomène en Europe mais avec des conséquences plus graves pour l’économie puisque les Entreprises Européennes se financent en majorité non pas sur le Marché des capitaux mais via le système bancaire.

Pour nouveau rappel voici le mécanisme à l’œuvre : Le « quantitative/qualitative easing » (QE) inonde les banques de liquidités (via les dépôts contrepartie de dette nouvelle ou existante rachetées par les banques centrales –appelé à tord par certains la planche à billets). L’effet positif anticipé, le « win win » de ce mécanisme est très  tentant: l’état reçoit des moyens, la courbe de taux est gérée vers le bas, certains actifs illiquides trouvent preneur ou au moins un refinancement, des spreads anormaux sont rétrécis

J.P. Morgan Asset Management - Bulletin hebdomadaire - 29 juin 2009

Source : Thomson Datastream

Le graphique ci dessus présente la croissance annuelle des crédits bancaires accordés aux entreprises commerciales et industrielles aux Etats-Unis. La croissance des prêts bancaires est à présent devenue négative. Il est de plus intéressant de noté que  les récessions passées nous enseignent que la croissance des crédits bancaires tend à se réduire dans le sillage de la fin de la récession.

Denier point que je voudrais aborder ici et non des moindres et qui vient contrecarrer pas mal d’analyses : les bilans des banques centrales ne s’accroissent plus depuis quelques temps certes après avoir beaucoup augmentés.Ainsi le bilan de la Fed a baissé de 11% depuis la mi décembre (mais sa duration a augmenté via des arbitrages de liquidités pour des actifs plus longs). Le Graphique des courbes de croissance des bilans des Banques Centrales (que je n’arrive malheureusement pas à reproduire ici) montrant  la croissance comparative de la masse monétaire globale aux Etats-Unis, dans la zone Euro, au Royaume-Uni et en Chine est très instructif. On peut ainsi y observer, sur une base annualisée, une décélération des taux de croissance dans les pays de l’OCDE, mais une accélération continue en Chine. Cela  vient confirmé le fait  que la politique quantitative ne produira  pas des effets inflationnistes mais aussi important de le noter au passage que la reprise économique en Chine semble bien engagée.

Pour terminé et en point d’orgue toujours à propos des agrégats monétaires citons le toujours excellent JEAN PIERRE CHEVALLIER dans un de ses derniers billets :

« M1 a beaucoup augmenté depuis le 15 septembre 2008 mais reste dans les valeurs de 2004 par rapport au PIB, ce qui est donc normal, contrairement à ce que racontent tous les idiots inutiles, la Fed ne fait pas marcher la planche à billets et il n’y a pas de création monétaire aux Etats-Unis. « 

http://www.jpchevallier.com/article-33390436.html (cliquez sur le lien)

 

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