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Idées Courtes Idées Fausses : ce n’est pas parce qu’on vous le dit et/ou qu’on l’écrit que c’est vrai

La suite et 5éme billet de ma  rubrique destinée à tordre le cou à certaines idées politiquement correctes,  car destinées à caresser la bête dans le bon sens du poil, mais économiquement fausses….Alors au risque de déplaire, restons « contrarian »  et vive la contrariété !!!!

IDEES COURTES IDEES FAUSSES : ce n’est pas parce qu’on vous le dit  et/ou qu’on l’écrit que c’est vrai

La croissance dépend du crédit aux entreprises et non des prêts aux ménages : VRAI

La réponse du Journaliste Emmanuel Garessus et de l’étude EBC

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

La théorie économique se concentre sur le crédit aux entreprises et délaisse les prêts aux ménages. Une étude observe aujourd’hui le rôle primordial du premier sur la croissance et les inégalités et le rôle très secondaire du crédit aux ménages

La théorie économique se concentre sur l’analyse du crédit aux entreprises, alors que la plupart des études empiriques associent les deux catégories. Ces faits se marient mal à une réalité qui veut que le crédit aux ménages se développe fortement depuis des années. Il dépasse le crédit aux entreprises. Une étude sur 45 pays industrialisés et en développement (entre 1994 et 2005) réalisée par l’European Banking Center (EBC) de l’Université de Tilburg montre par exemple qu’en Suisse la part du crédit aux ménages représente 62% du total des crédits et dépasse donc largement le crédit aux entreprises.

La proportion dépasse les 70% aux Etats-Unis, au Danemark et au Canada. Par contre, elle se languit à 10% en Malaysie, 17% en Egypte, 18% en Hongrie et en Thaïlande. Le crédit aux ménages est de plus en plus populaire, mais les écarts sont considérables entre les pays. Les prêts aux ménages ne font que 3% du PIB en Russie mais 101% aux Pays-Bas. Plus un pays est développé et plus le crédit aux ménages est répandu. Une augmentation du revenu permet à un nombre croissant de ménages de passer le seuil minimum pour un crédit hypothécaire ou un crédit à la consommation, expliquent les auteurs.

La décomposition des deux catégories de crédit pour en évaluer leurs effets est importante. Elle permet de mieux comprendre les effets de chaque catégorie. Elle permet d’expliquer pourquoi l’effet du développement de la finance sur la croissance varie d’un pays à l’autre. Enfin elle approfondit la question du crédit et des inégalités de revenu.

La signification n’est pas que théorique ou statistique. L’effet du crédit aux entreprises par rapport au PIB est économiquement important. Selon les auteurs, si la Bulgarie avait la même part de crédit aux entreprises que l’Islande son PIB se serait accru chaque année de 0,7% plus vite entre 1994 et 2005.

L’étude de l’EBC, qui est la première à se pencher sur la composition du crédit bancaire et ses effets, montre que seul le crédit aux entreprises est lié au PIB. Ce qui suggère que la théorie a raison de se concentrer sur cette catégorie de prêt. L’impact du prêt aux ménages est jugé ambigu.

De même, il existe une solide relation entre le crédit aux entreprises par rapport au PIB et la diminution des inégalités (mesurées par le coefficient de Gini). C’est par le développement du secteur financier d’un pays et des prêts aux entreprises que se réduisent les inégalités. Cette observation contredit la théorie qui voudrait qu’on se concentre sur les crédits aux plus pauvres.

Des réserves doivent toutefois être apportées. Comme c’est la première étude sur ce sujet, la critique peut se porter sur la définition des deux catégories. Une séparation stricte est assez compliquée. De plus les statistiques de prêts aux ménages ne tiennent pas compte des crédits non-bancaires, un phénomène pourtant très présent.

(1) Who gets the Credit? And does it matter? Household versus Firm lending across Countries; Thorsten Beck, Berrak Büyükkarabacak, Felix Rioja, Neven Valev, European Banking Center, TiIburg University, may 2009

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3 réponses »

  1. « L’effet du cr’édit aux entreprises par rapport au PIB est économiquement important »

    attention de ne pas confondre cause et conséquence.

    peut etre que la hausse du pib induit une hausse des prets aux entreprises ( et ps le contraire ).

    • C’est justement parce que c’est l’offre de credit induit par ses conséquences une hausse du PIB que cet article m’est apparu remarquablement interessant et allant à l’encontre de manière tres hegelienne de ce qui est couramment admis….

  2. qu’est ce qui ne vous dit pas que c’estla hausse du PIB qui entraine la hausse du crédit aux entreprises ? 😉

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