L’expérience de la Suède offre quelques pistes. Elle s’est approchée de la vision d’un «asile populaire» au bord de la faillite.
ANDREAS BERGH. Le chercheur à l’Institut Ratio de Stockholm souligne que le poids de l’Etat dans l’économie en Suède reste largement supérieur à la moyenne.
LE NOUVEAU SYSTÈME DE RETRAITES SUÉDOIS INCLUT DÉSORMAIS NOTAMMENT UNE PRIVATISATION PARTIELLE ET DES COMPTES INDIVIDUELS.
STOCKHOLM…..Conférence Mont Pélerin
PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :
La Suède recèle d’importants enseignements en vue d’esquisser un retrait de l’Etat social. Suite à une crise profonde au début des années 1990 de ce qui était devenu un «asile populaire» au bord de la faillite, la Suède a en effet procédé à des libéralisations substantielles.
Andreas Bergh, chercheur à l’Institut Ratio de Stockholm, estime que ces changements comportent des leçons pour d’autres pays, même si le poids de l’Etat dans l’économie en Suède, où s’est conclue hier la réunion européenne 2009 de la Société du Mont-Pèlerin, reste largement supérieur à la moyenne.
Le cas suédois illustre celui d’un Etat social excessif qui a survécu grâce à son adaptabilité. «Dans plusieurs domaines, les réformes ont été réalisées pour préserver non seulement l’Etat social, mais aussi le soutien politique des citoyens », explique Andreas Bergh.
Néanmoins, les conditions dans lesquelles ces réformes ont été possibles peuvent inspirer la réalisation d’une politique de réduction de l’Etat social dans d’autres pays.
Un premier élément identifiable est le rôle de commissions publiques pour préparer les libéralisations. Ces commissions, qui rassemblent différents groupes d’intérêt, ont permis d’identifier suffisamment tôt les problèmes et de créer un consensus sur les ajustements nécessaires.
Dans le cas du système de retraites, une phase d’introduction sur une période de 16 ans a ainsi pu être négociée, sécurisant son succès politique.
Un second élément est la minimisation des niveaux de protection des assurances sociales, tout en prévoyant des options supplémentaires à titre individuel pour ceux qui le désirent. Des niveaux de protection élevés, en effet, impliquent de surassurer les groupes à faible risque et à les pénaliser fiscalement. «Un tel système forçait les personnes à hauts revenus de payer pour des prestations auxquelles ils n’attribuaient aucune valeur, prétéritant leur soutien», observe Andreas Bergh.
Outre la période de transition, destinée notamment à protéger les retraités et les travailleurs plus âgés, le nouveau système de retraites suédois inclut désormais une privatisation partielle, des comptes individuels et un «filet de sauvetage» minimal pour les personnes à faibles revenus. Cette réforme a permis des économies budgétaires importantes et favorisé par ce biais une plus forte croissance de l’économie.
Ce constat vaut également pour le système de formation et le système de santé. En diminuant l’intervention de l’Etat, les personnes à hauts revenus peuvent faire le choix d’y consacrer une plus grande part de leurs ressources personnelles. La Suède, avec les chèques-éducation, a réintroduit un élément de concurrence entre les écoles et la liberté de choix des parents, ce qui a augmenté à la fois l’efficacité du système et le soutien de la population.
La recherche indique par ailleurs que le coût fiscal de l’Etat social est un facteur important qui détermine son soutien électoral, en particulier auprès des personnes à revenus élevés. La baisse de la progressivité des taux d’imposition a ainsi contribué à la sauvegarde des programmes sociaux.
Malgré l’appauvrissement relatif de la Suède entre 1970 et 1993 en raison des désincitations et des coûts induits par l’Etat social, les libéralisations subséquentes et la baisse drastique des taux marginaux d’imposition sur les hauts revenus, basées sur un consensus, ont permis à ce pays de se sortir en partie de l’impasse.
PIERRE BESSARD économiste
2 réponses »