Europe

Comment et Pourquoi les Etats Européens manipulent les taux longs : l’exemple de la Grèce

Je vous rassure et devrait aussi vous inquiéter la France et quelques autres ne font pas beaucoup mieux, c’est même devenu un sport très national mené à l’échelle européenne….La Grèce et l’Italie sont juste des points avancés d’observation d’une rupture annoncée ….pour cause de non volonté de réformes économiques aussi souhaitables qu’indispensables……

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La situation de l’économie grecque est aussi malsaine que surréaliste

LE MONDE | 18.09.09

Le vent de panique qui s’était levé à la perspective de voir la Grèce déclencher un cataclysme dans la zone euro semble être retombé. Enfin, c’est ce que peut laisser penser la réduction de l’écart entre les taux de rémunération respectifs des obligations d’Etat en Grèce et en Allemagne. L’enfant terrible de la zone euro reste toutefois dans une situation plus précaire qu’il n’y paraît.

Quand les taux grecs à dix ans ont atteint 6 % en janvier, les investisseurs ont été saisis d’effroi et les fervents partisans de la construction européenne se sont mis à maudire le jour où Athènes est entrée dans la zone euro. On redoutait que l’insolvabilité de l’Etat grec ne déstabilise l’euro.

La réduction de l’écart entre les taux est le résultat d’un regain d’appétit des principaux établissements bancaires du pays pour les emprunts de l’Etat grec. Au cours des six derniers mois, le montant détenu par les banques a plus que doublé, voire triplé dans certains cas. Il est naturel qu’elles achètent ce genre de titre, mais cette année, il leur est arrivé de souscrire la moitié d’un emprunt de 50 milliards d’euros émis par le gouvernement. Une partie de ces titres a été revendue depuis, et l’intérêt des investisseurs étrangers se réveille peu à peu. Mais ce sont bien ces achats massifs par les banques nationales qui ont permis de ramener le taux des obligations à dix ans à 4,5 %.

Quand on sait que les fonds débloqués en urgence par la Banque centrale européenne (BCE) ne leur coûtent que 1 % d’intérêt, on comprend très bien pourquoi les banques grecques agissent ainsi. Ce mode de refinancement très lucratif leur a permis de ne pas trop souffrir d’un contexte autrement éprouvant. Le gouvernement et les banques profitent de l’apparente stabilité macroéconomique qui s’ensuit.

La situation est aussi malsaine que surréaliste. La BCE a déjà signalé qu’elle ne fermerait pas de sitôt les vannes qui alimentent la Grèce en liquidités. Par ailleurs, le parti socialiste grec Pasok semble en passe de gagner les élections anticipées convoquées en octobre. Il a l’intention de sortir le pays de la récession en forçant sur la dépense publique et en faisant augmenter les salaires du secteur public plus vite que l’inflation. Tout cela coûte, et les banquiers grecs attendent déjà les prochaines vagues d’emprunt d’Etat. 

Ce qui a tout l’air d’un cercle vertueux peut très facilement se transformer en cercle vicieux. Le projet du Pasok revient à injecter de la monnaie dans une économie archaïque et peu compétitive. Ce qu’il faut vraiment à la Grèce, c’est une réforme économique de fond. Celle-ci ne peut être que douloureuse. La Grèce ne pourra pas longtemps s’y soustraire, et ce n’est que lorsqu’elle se sera lancée dans une modernisation économique digne de ce nom qu’elle pourra pleinement justifier l’accroissement de sa dette.

(Traduction de Christine Lahuec.)

6 réponses »

  1. en complément sur les états en déliquescence, avez-vous lu l’article du Monde de ce jour intitulé : Face à la dette, Nicolas Sarkozy cherche à gagner du temps

    les banques suisses n’ont manifestement aucun soucis

  2. Ce jeu n’est pas que l’apanage des grecs. L’énorme injection de liquidité faite par la BCE a profité aussi aux espagnols, italiens, autrichiens, irlandais, et même allemands et français. L’euro est devenu une baudruche prête à éclater. La supercherie est énorme et va se transformer en risque massif pour la BCE. Les états de l’est qui se refinancent en se moment auprès de la BCE (à travers leurs banques) vont tenir encore combien de temps ?? Je le dis sur mon blog depuis janvier 2009, je m’attends bel et bien à un séisme comparable à octobre 2008, mais situé en Europe… avec la réactivité que l’on sait…

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