Agefi Suisse

S’enrichir de sa propre décrépitude et se démunir quand les affaires prennent de l’altitude….Paradoxal et étonnant !!!!

Contrairement à ce qui est couramment admis et souvent entendu  le principe de juste valeur n’est pas systèmatiquement procyclique mais peut  devenir au gré de certains aménagements comptables contracyclique….

2éme idées fausse mais  galvaudée à perte de vue et à satiété  jusqu’à l’indigestion : ce ne n’est pas au final  une dégradation de leur dette  qui  a plombé BOA et CITIGROUP, les 2 Banques US , mais au contraire une réévaluation de celle-ci !!!!

Ce qui laisse à penser que si des provisions pour créances douteuses sont prévisibles, une amélioration des marchés ne l’est pas necessairement…..  🙂

Tout ceci évidement augure très mal des résultats à venir de Deutsche  Bank, Morgan Stanley, Crédit Suisse et UBS…..

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT : 

Un aspect pour le moins curieux de l’application du principe de juste valeur (fair value) au bilan des banques est leur capacité, en normes IFRS ou en normes américaines, à enregistrer dans leurs comptes de résultat des profits correspondant à la baisse de la valeur de marché de certaines de leurs dettes.

Ainsi, une banque, qui aurait émis une dette de 100 à 6 % qui ne serait plus cotée que 80 du fait d’une hausse du taux de rentabilité exigé par les obligataires pour la détenir compte tenu de la dégradation perçue de sa solvabilité, pourrait enregistrer dans son compte de résultat un profit, non imposable, de 20.

On imagine assez bien que si Lehman Brothers avait pu publier les comptes de son troisième trimestre 2008, ce profit aurait pu être plus important que la perte de dépréciation de ses actifs ! En somme, le failli aurait été profitable et le patient mort guéri !

Sans aller jusque là, Deutsche Bank a pu, en 2008, gonfler ainsi son résultat de 7,8 Md$ qui, sans, cela aurait été négatif non de 3,9 Md€ mais négatif de 9 Md€.

A titre d’illustration, voici les gains sur dépréciation de leurs dettes ainsi enregistrés par les principales banques mondiales en 2008 (en M$) :

 DEUTSCHE BANK  : 7794

 MORGAN STANLEY :5600

CITIGROUP : 4558

CREDIT SUISSE : 3151

UBS : 2517

BARCLAYS : 2084

JPMORGAN : 1174

GOLDMAN SACHS : 1116

BNP PARIBAS : 1079

SOCIETE GENERALE : 499

 

L’amélioration de leurs perspectives depuis le printemps 2009 conduit au phénomène inverse. Comme les dettes se revalorisent en se rapprochant de leur nominal, les banques doivent prendre en compte dans leurs comptes de résultat cette appréciation, cette fois-ci en perte. Ceci a pour effet de réduire les résultats dégagés actuellement et dans le futur de la même façon que ce mécanisme les dopait précédemment.  

La plupart des banques ont adopté ce traitement optionnel ainsi que quelques sociétés industrielles qui voulaient ainsi se simplifier la comptabilisation des dérivés incorporés dans des titres de dette.

Hors ce cas de figure limité, l’explication est que des actifs bancaires sont adossés à ces dettes qui les financent et que comme ces actifs valent moins chers il est « normal » que les moins values latentes sur ces actifs qui passent au compte de résultat soient compensées par les moins values latentes sur ces dettes qui les financent.

Il s’agit d’une tartufferie. Que l’actif ait baissé de valeur et que l’on constate donc une moins-value latente en résultat rien de plus normal. Mais de là à en déduire que la banque peut s’enrichir de la moins-value sur ses dettes qui ne fait que traduire une probabilité de faillite plus forte alors qu’elle doit toujours cet argent à ses prêteurs …

Est-ce que cela sert  le principe de la bonne information ? On peut en douter. Certes tout ceci est expliqué en annexe, c’est d’ailleurs là où l’on peut trouvé les données du tableau plus haut. Mais quand on sait que le rapport annuel d’une banque ne fait en général pas moins de 300 pages …

Au demeurant cette application du principe de la juste valeur aux dettes  parait aller contre le principe de la continuité d’exploitation. En effet, si la banque est capable d’enregistrer un gain quand sa dette se dévalorise, c’est bien parce qu’il y a des doutes plus ou moins pressants sur sa solvabilité et donc sa continuité d’exploitation.

La SEC, en décembre 2008, a préconisé l’abandon de cette option et l’IASB a publié en juin dernier un discussion paper qui montre qu’elle réfléchit au sujet.

En revanche l’analyse est bien différente quand l’entreprise ou la banque, pour gérer leur passif, décide de racheter de la dette décotée par rapport au pair, rachat financé par une émission d’une nouvelle dette. Elle enregistre alors un gain comptable, sans caractère de récurrence, qui correspond à une transaction réelle qui gonflera d’autant ses capitaux propres. Si la dette rachetée et émise est perpétuelle, l’opération est neutre au niveau des intérêts à payer. Certes le taux facial est plus élevé sur la nouvelle dette mais il s’applique à un nominal réduit, du fait de la décote de rachat de la dette.

Cela est faux si la dette a une échéance donnée, ce qui explique que les entreprises y recourent moins, sauf pour des dettes très longues.

Ainsi en août 2009, Natixis a émis pour 794 M€ d’une dette perpétuelle nouvelle qui a servi à racheter pour 794 M€ une dette dont le nominal était de 1 187 M€ lui permettant de faire un gain de 353 M€ et de de renfoncer ses capitaux propres de 393 M€.

Source Vernimnen oc09

L’EXEMPLE DE BOA après étude de ses résultats cette semaine  :

Bank of America perd un milliard de dollars 

 La banque américaine affiche une perte d’un milliard de dollars au troisième trimestre, contre un profit de 1,2 milliard il y a un an. Bank of America – Merrill Lynch paie notamment la réévaluation en valeur de marché de sa dette, qui lui coûte 2,6 milliards. L’intégration de Merrill Lynch a bénéficié aux activités de taux et actions, le pôle banque d’investissement dégageant 2,2 milliard de résultat. En revanche, les activités de cartes de crédit et de prêt immobilier creusent leurs pertes, qui ont atteint en cumul 2,7 milliards sur le trimestre. La qualité de crédit des clients a en effet continué à se détériorer, quoique à un rythme moindre. La banque a ainsi passé pour 11,7 milliards de provisions pour créances douteuses….

Source agefi 16oct

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La juste valeur des actifs fait toujours et encore débat (cliquez sur le lien)

5 réponses »

  1. il est vraiment très riche votre site et des articles important au quotidien!!!
    comment faites vous ??? vous ne dormez pas ??? ou vous êtes 4??? ;-))

    Salutations et bravo !!!!

  2. Merci à vous pour vos encouragements et appréciations positives….et pour répondre plus particulièrement à votre questionnement : en matière de sommeil paradoxal les insomnies ne prètent pas toujours au sommeil 🙂

    cordiales salutations

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