Avec encore 1000 milliards cachés dans les bilans, une nouvelle déferlante est possible.
François Neri a notamment été directeur des études financières de Tardy, de Watteville & Cie et de la Banque Cantrade, Ormond, Burrus.
Après avoir publié en 2003 un premier ouvrage remarqué intitulé «Raconte-moi la crise boursière», il récidive avec un ouvrage sur la crise actuelle qu’il n’hésite pas à qualifier de «tsunami financier»
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La crise financière est-elle terminée?
C’est difficile à dire parce qu’on ne l’a pas vue venir, contrairement à ce qui s’était passé en 2000 où la surévaluation des indices la laissait clairement anticiper. Le SP500 se traitait à plus de 25 fois les bénéfices et le Nasdaq aux environs de 50 fois.
A fin 2007, au contraire, les indices tant américains qu’européens évoluaient entre 16 et 18 fois les bénéfices. Maintenant, les PER s’inscrivent entre 11 et 12x et, malgré cela, la menace reste sérieuse.
La menace d’une rechute de la crise des subprimes est-elle sérieuse?
Si une grande banque devait être amenée à annoncer des provisions sur une position importante, cela pourrait relancer la crise financière. On assisterait alors à une 2e vague du Tsunami. Mais le problème sera plus grave qu’il y a un an, car les Etats sont endettés, en moyenne au-delà de 100% du PIB pour les pays du G20. De plus, la petite reprise de la croissance qui s’ébauche actuellement ne suffirait pas à absorber un deuxième choc s’il venait à se produire.
D’où viendrait ce subit besoin de provisions? La crise des subprimes n’a-t-elle pas été absorbée par les bilans?
On ne sait toujours pas où en est le marché des subprimes car ces instruments ne sont pas cotés de manière transparente, mais traités de gré à gré (OTC). Même si une partie des subprimes peuvent figurer au bilan des banques sous rubrique positions pour compte propre, des surprises sont encore possibles. En mars dernier, on estimait que les 1000 milliards de subprimes mises au jour ne représentaient que la moitié du total. Un chiffre crédible si l’on sait que la titrisation de l’immobilier américain porte sur quelque 10000 milliards de dollars.
Ces positions n’ont-elles pas repris de la valeur depuis mars, à la faveur notamment de la stabilisation du marché immobilier US?
Certains opérateurs recommencent à se porter acquéreur de ce genre d’instruments, mais à des prix très bas, de l’ordre de 20%. Mais cela ne suffit pas à relancer un marché où les positions doivent encore être évaluées par rapport à un modèle (mark to model) alors que l’évaluation mark to market devrait être la règle.
Comment envisagez-vous l’évolution des bourses du point de vue technique?
On pourrait assister à une correction de l’ordre de 15% à partir des niveaux actuels. Ensuite, un redémarrage est envisageable, sous réserve d’une évolution défavorable en cas de relance de la crise financière. Toutefois, le temps joue pour les banques dans la mesure où l’évaluation des produits de mauvaise qualité devrait remonter.
Dans votre précédent livre, vous aviez l’air de considérer la crise de 2000-2003 comme particulièrement menaçante. Que dire de celle de 2008-2009?
A l’époque, je pensais que le risque pouvait difficilement être plus grand. Mais je n’avais pas encore pris la mesure de la crise actuelle, encore bien plus grave et plus menaçante.
INTERVIEW: MOHAMMAD FARROKH agefi oct09
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