Depuis le printemps, le dollar américain ne cesse de se déprécier sur le marché des changes. Mais de là à annoncer, comme certains, la fin du billet vert comme monnaie de référence internationale, il y a un pas à ne surtout pas franchir !!!!!.
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Une faiblesse logique
Après avoir joué son rôle de valeur refuge en pleine crise financière, et gagné plus de 20% face à l’euro entre juillet et octobre 2008, le billet vert perd logiquement des plumes aujourd’hui, alors que la situation économique s’améliore.
Les investisseurs qui, tout un temps, avaient privilégié la sécurité des bons du trésor américains et fait monter la valeur du dollar, ont peu à peu retrouvé le goût du risque et, par là même, le chemin des investissements plus exotiques.
Pour les Etats-Unis, cela se traduit depuis le début du deuxième trimestre 2009 par des sorties de capitaux, encore stimulées par la faiblesse des taux obligataires et la reprise économique présentée par notre ami Bernanke (un as de la communication)comme hésitante. En ramenant son taux directeur à zéro et par sa politique de quantitating easing la Réserve fédérale maintient en effet les taux obligataires à un niveau plancher.
Et comme la reprise outre-Atlantique est devenue sujette à caution, les Bourses américaines n’apparaissent pas plus attrayantes.
Par contre, les économies des pays émergents affichent un dynamisme étonnant, ce qui en faitdes destinations de choix pour l’investisseur.
Le gardien chinois
Mécaniquement, l’afflux d’investissements dans les pays émergents devrait faire monter la valeur de leurs devises. Mais si l’attractivité du Brésil, par exemple, soutient la valeur du real, ce phénomène ne s’observe pas dans tous les pays. Pour des raisons politiques, en effet, des pays comme la Chine, Hong-Kong ou la plupart des membres de l’OPEP lient la valeur de leur monnaie à celle du dollar. D’autres pays asiatiques émergents, sans avoir vraiment lié leur monnaie au dollar, en limitent l’appréciation. Alors que les investisseurs vendent les actifs en dollar pour des devises et des placements plus rémunérateurs, ces pays soutiennent la demande en billet vert en achetant massivement des dollars, essentiellement sous forme de bons du trésor.
En plus de modérer la chute du dollar (par rapport à leur devise), cette politique a deux conséquences.
D’une part, les dollars s’accumulent. Ainsi, en voulant stopper l’appréciation du yuan, les autorités chinoises ont à nouveau augmenté leur réserve de change, aujourd’hui supérieure à 2 000 milliards de dollars. Cette même accumulation de dollars s’observe dans tous les pays qui limitent l’appréciation de leur devise.
D’autre part, en contrôlant la valeur de leur devise vis-à-vis du dollar, les autorités des pays ayant une politique de change reportent sur d’autres devises – celles qui fluctuent librement – l’ajustement du billet vert.
Par défaut, pas par conviction
Peu de devises fluctuent vraiment librement face au dollar. Et ce cercle a même tendance à se restreindre. Ainsi, depuis le début de l’année, la Banque centrale de Suisse multiplie les interventions pour limiter la valeur de son franc.
De même, le 20 octobre, les autorités brésiliennes ont instauré une taxe de 2% sur les investissements étrangers pour enrayer l’afflux de fonds spéculatifs et limiter l’appréciation du real.
Au final, les ajustements sur le marché des changes se concentrent donc sur une poignée de devises. Parmi celles-ci, on trouve les dollars australiens et néo-zélandais qui attirent les investisseurs par des taux d’intérêt élevés et de belles perspectives économiques. Ou encore le dollar canadien, qui profite du rebond des matières premières. Même si l’ajustement des derniers mois peut sembler excessif, l’appréciation de ces devises repose néanmoins sur des éléments tangibles. Ce n’est pas le cas de l’euro qui, depuis mars, s’est apprécié de 20% face au dollar.En définitive, rien ne justifie la hausse de l’euro, si ce n’est son caractère alternatif au dollar.
Le bon timing
A l’heure où un euro vaut 1,50 dollar, certains prédisent la chute irréversible du billet vert. Mais ils oublient un point essentiel. Le dollar n’est pas seulement la monnaie des Etats-Unis. C’est aussi la devise de facto d’une grande zone économique qui englobe des nations comme la Chine et d’autres pays asiatiques émergents, ou encore d’importants producteurs de pétrole. Et si les Etats-Unis sont aujourd’hui EN APPARENCE ET VOLONTAIREMENT AFFAIBLI , la zone dollar est quant à elle toujours prospère. Il ne faut donc pas redouter un effondrement du billet vert. Les pays de la zone dollar, Chine en tête, sont prêts à intensifier leurs interventions pour limiter l’envolée de leurs devises et préserver la valeur du dollar et de leurs réserves de change. Il n’en reste pas moins que les éléments ponctuels qui fragilisent aujourd’hui le dollar face à l’euro joueront encore ces prochains mois. Il n’y a donc pas lieu de se précipiter pour acheter du dollar. Par contre, certaines actions américaines méritent le détour. Ces sociétés profitent en effet de la faiblesse du dollar pour leurs ventes à l’étranger et présentent globalement des valorisations attractives.
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Marc Touati : La fin du roi dollar ? (cliquez sur le lien)
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