Retraite, Démographie et Vieillissement

Retraite : 2010 risque fort de n’être qu’une réformette »

Le manque de consensus de la classe politique risque d’empêcher toute réforme efficace du système des retraites, estime Jacques Bichot, Professeur d’économie à l’Institut d’Administration des entreprises de l’Université Jean Moulin. Pourtant, il y a urgence prévient-il. Et ce spécialiste de la retraite de plaider pour le modèle adopté en Suède, qui permet de responsabiliser les salariés et de piloter facilement l’équilibre budgétaire.

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Capital.fr : La France se dirige-t-elle vers un big-bang de son système de retraite, comme vous l’évoquiez dans une récente étude*?

Jacques Bichot : Malheureusement non. L’idée d’une remise à plat générale « big-bang » inquiète le gouvernement. La grande réforme des retraites attendue en 2010 risque fort de n’être qu’une réformette. Or en multipliant les mesures homéopathiques, on ne répond pas efficacement au défi actuel – les déficits abyssaux des régimes de retraite – tout en prenant le risque de multiplier les mouvements de protestation. La réforme de 2003 puis celle des régimes spéciaux ont ainsi engendré plus de bruits et d’agitations sociales que d’économies.

Capital.fr : Pourquoi la France ne vous semble-t-elle pas prête à mener une réforme de fond ?

Jacques Bichot : Tout simplement car peu d’hommes et de femmes politiques comprennent la complexité du système et que s’attaquer à ce sujet n’est pas populaire. Il est d’ailleurs marquant de voir le gouvernement agir uniquement lorsqu’il a le couteau sous la gorge, comme vient de le montrer l’épisode des annuités données aux mères de famille. Pourtant, bon nombre de pays ont su mener une réforme efficace. Mais pour cela il faut un consensus de l’ensemble de la classe politique, ce qui n’est pas le cas en France.

Capital.fr : Sur quels pays européens la France devrait-elle prendre exemple?

Jacques Bichot : La Suède et l’Allemagne ont mené les réformes les plus efficaces. L’Allemagne dispose ainsi d’un système de répartition par points qui lui permet d’affronter le vieillissement de sa population. Le cas de la Suède est encore plus intéressant en raison de l’ampleur de la réforme accomplie. Les Suédois n’ont pas hésité à abandonner leur système à prestations définies (le montant des pensions est indépendant des rentrées) pour adopter des comptes notionnels à cotisations définies. Il s’agit d’un compte en vue de la retraite où chaque couronne cotisée par l’assuré donne droit à un point, qui est lui-même valorisé selon la croissance économique, l’espérance de vie… Avantage de cette option : le salarié connaît, tout au long de sa vie professionnelle, l’évolution réelle de ses futurs droits. Il sait donc qu’en partant à la retraite à tel âge, il aura droit à tel niveau de pension, ce qui l’incite éventuellement à travailler davantage. Ce système est plus sain, car il responsabilise les salariés. Surtout, il permet de piloter facilement l’équilibre budgétaire en ajustant le montant des pensions selon les recettes.

Propos recueillis par Frédéric Cazenave 

* Réforme des retraites: vers un big-bang ? Institut Montaigne, mai 2009

http://www.institutmontaigne.org/reforme-des-retraites–vers-un-big-bang–3064.html (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Les fonds de pension dans l’OCDE ont effacé une partie de leurs pertes 2008 (rapport) (cliquez sur le lien)

4 réponses »

  1. A moi ce qui me rend fou, c’est que j’aurais l’age de la retraite dans 20 ans environ, et qu’a ce moment il n’y aura plus rien ou presque pour cette tranche d’age. Donc en fait je voudrais avoir le choix de cotiser ou de ne pas cotiser pour une retraite hypothétique.
    Après tout je suis tout à fait capable de mettre mes cotisations mensuelles sur un livret à 2 ou 3 %, j’ai pas besoin d’être « raquété par des politiciens verreux » pour ça.

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