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La taxe Tobin n’a pas de rapport avec la crise

Limiter le volume des transactions financière n’aurait pas empêché l’éclatement des bulles bancaire ou financière

La crise a remis hélas  la taxe Tobin au goût du jour.

Lors de la réunion des ministres des finances du G-20 ce weekend, Gordon Brown a défendu le besoin de taxer les transactions sur les marchés financiers. Que faut-il en penser, en particulier dans le contexte de la crise actuelle?

Pour évaluer le bien fondé d’une taxe, il faut d’abord clarifier son but. Grosso modo, une taxe peut viser soit à influencer le comportement des agents économiques, soit à générer des rentrées fiscales. L’objet de la taxe Tobin se situe dans la première catégorie, l’objectif étant de diminuer l’hyperactivité des marchés financiers. On peut s’attendre à ce qu’elle réduise substantiellement le volume de transactions spéculatives ayant des bénéfices économiques au mieux limités.

Toutefois, son impact contre des mouvements de marché plus profonds est bien plus incertain.

Si les investisseurs estiment pouvoir générer un fort rendement en achetant une certaine classe d’actifs, la taxe devrait se monter à un taux très élevé pour compenser cette motivation, avec des coûts substantiels sur le fonctionnement de l’économie.

 L’immobilier outre-Atlantique offre un exemple frappant: le niveau élevé des coûts de transaction, qui représentent 6 pourcent de la valeur du bien, n’a de loin pas freiné l’ardeur spéculative.

De même, il est difficile de croire qu’une telle taxe pourrait stopper une liquidation de certains actifs suite à un mouvement de panique.

Notons que cet impact limité de la taxe Tobin en fait un outil intéressant dans la seconde optique de générer des rentrées fiscales. Les taxes les plus souhaitables d’un point de vue strictement financier sont en effet celles qui apportent le moins de distortions possible sur les comportements économiques.

Outre ces considérations générales, la taxe Tobin constitute-t-elle une réponse à la crise actuelle?

Cela est pour le moins discutable. Rappelons que les causes de la crise sont essentiellement un usage trop marqué des leviers financiers, que les régulateurs n’ont pas contrecarré à temps, ainsi que la création de produits complexes que plus personne ne comprenait une fois la crise arrivée. La réponse à ces problème est bien connue dans les grandes lignes, à savoir une standardisation des actifs, ou du moins l’établissement de marchés centralisés plutôt que de transactions de gré à gré, ainsi qu’une limitation de l’utilisation des leviers dans le secteur financier, par exemple par le biais de niveau de fonds propres plus conséquents.

Les causes de la crise ne sont donc pas à chercher parmi un volume de transactions trop élevé. Certes, il est vraisemblable que des transactions n’aient qu’une valeur économique minime (pensons par exemple à l’affichage de prix pour des fractions de seconde afin de mieux se positionner), mais elles ne représentent pas la cause de la crise: le problème n’est pas que les banques aient acheté des actifs toxiques pour les revendrent dans la minute, mais plutôt qu’elles les aient achetés et gardés sur leur bilan. Plutôt que de proposer la taxe Tobin, les autorités devraient s’atteler à la réforme du secteur bancaire, tâche ardue et difficile, mais ô combien nécessaire.

CÉDRIC TILLE Graduate Institute for International and Development Studies Department of Economic, Genève nov 2009

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La taxe Tobin reste un mythe bien répandu (cliquez sur le lien)

4 réponses »

  1. Bonsoir.
    Petite question:
    Si une taxe Tobien devait être miese en vigueur, connaissons nous la date, le pourcentage ou le montant ?
    Il me semble qu’on parlait de 0,000001 % ou de quelque chose de très faible. et quel serait le montant pour un petit investisseur de boursorama ou fortuneo ?
    Merci.

    • Bonsoir Louis….rien ou pas grand chose, ce n’est évidement pas le petit investisseur qui est visé dont le poids sur les marchés financiers s’est réduit au fil des années comme peau de chagrin…Mais en cas d’adoption de ce type de bétise il en subira les conséquences car le capital est une denrée suffisament rare et précieuse pour que l’on n’y ajoute pas encore des taxes qui au final entrave sa libre circulation et apporte une distorsion supplmémentaire sur les prix surajoutant de plus des couts supplémentaires d’arbitrage réglementaire (car une telle taxe ne serait jamais appliquée uniformement…)

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