Art de la guerre monétaire et économique

Commentaire de Marché : Une économie de Rentiers / quand la peur et l’exubérance « obligataire » mènent le monde

La hausse des prix des actifs et l’encouragement lié au regain d’appétit pour le risque sont des composantes vitales de toute politique monétaire lorsqu’il y a une rupture au sein du mécanisme d’allocation du crédit. Si les inquiétudes relatives aux bulles des actifs sont certes compréhensibles, elles sont, telles que développées actuellement par certains prévisionnistes, intellectuellement malhonnêtes parce tout à fait hors champ et hors réalité….

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

 Il est en effet  difficile de trouver des excès manifestes sur les marchés d’actifs, à l’exception probablement des obligations d’Etat mais pour des raisons liées aux politiques de QE mises en place par certaines Banques Centrales et qui amènent leur lot de distorsion  sur les prix et d’asymétrie d’informations, et sur l’or en raison de la faiblesse conjoncturellement  avérée du Dollar

Il est désormais évident que les banques centrales ne cherchent à mettre un terme ou une limite à leurs « chèques en blanc » en matière de substitution à un système bancaire défaillant  ce qui est pour le moins prudent. Il serait donc  facile (et trompeur) pour les marchés d’intégrer des hausses de taux agressives à venir en Europe et aux Etats-Unis pour les 12 prochains mois pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de leur coté de liquidités excédentaires à éponger, celles-ci étant cantonnées à l’intérieur même  du système bancaire global et non diffusée vers l’ensemble de l’économie….Delevereging et rationnement du crédit exercent clairement des pressions désinflationnistes…

En effet, et il faut le souligner  les principaux bénéficiaires de cette période de taux anormalement bas ont été soit les pays qui détiennent toujours des actifs financiers, soit ceux dont les devises ont évolué de pair avec un dollar orienté à la baisse, leur permettant d’exporter leurs biens moins chers en Europe et aux Etats- Unis. La Chine combinant les 2 avantages a pu donc mener quant à elle une politique très expansive en matière de liquidité et de crédits.  Un durcissement de la politique monétaire pourrait donc constituer le point de retournement ultime – mais plutôt dans le monde émergent et pas dans l’OCDE.

Dans les faits et coté OCDE il faut bien reconnaitre que  seules les obligations d’entreprise semblent insensibles aux soubresauts des marchés, et ceci en dépit de rendements proches de ceux des actions en 2009. Ce sont elles les corporates les véritables bénéficiaires de l’embellie des marchés et c’est compréhensible (même si totalement irrationnel et panurgique), car aussi longtemps que les doutes sur la croissance persistent, les investisseurs continueront à préférer les revenus fixes des obligations au risque pourtant potentiellement très  attractif  des actions.

C’est ainsi que pour prendre un exemple  les  stratégistes en allocation d’actifs de HSBC conseillent ainsi aux investisseurs de placer la moitié de leur portefeuille en actifs de crédit à haut rendement et note élevée, soit plus que le double que dans le cas d’une allocation standard. Ils considèrent que dans le climat économique actuel, les détenteurs d’obligations ont moins de souci à se faire que les actionnaires. Si à court terme cela est vrai (quoique…), à moyen terme cela pourrait se révéler catastrophique pour tous ceux qui se sont empêtrer dans ce type de raisonnement…. Mais les faits sont là et ils sont tenaces et rien n’est plus sourd que celui qui ne veut rien comprendre et surtout rien entendre :

Les spreads sur les obligations d’entreprise américaines classées en catégorie investissement par rapport aux bons du Trésor ont atteint 219 points de base, contre 600 points de base en mars, selon des données de Bank of America Merrill Lynch.

Ce niveau n’est pas éloigné des 245 points de base observés lors de la récession de 2002, mais reste largement au-dessus du point bas d’environ 90 points de base atteint pendant la période faste 2004-2007. Cela suggère que le rallye pourrait se poursuivre, bien qu’à un rythme moins élevé qu’en début d’année. Et l’Europe présente un panorama similaire.

Il est à noter que ce rallye obligataire s’appuie sur une réelle participation, avec des émissions régulièrement sursouscrites.

Aux Etats-Unis, les entrées nettes dans les fonds mutuels obligataires atteignent 310 milliards de dollars depuis le début de l’année, selon l’Investment Company Institute. Les fonds en actions ont au contraire subi des sorties nettes de 4 milliards de dollars, ce qui signifie que, quelque soient les raisons derrière la progression actuelle des marchés actions, il ne s’agit pas d’un mur d’argent.

Les fonds européens de crédits continuent à enregistrer des entrées record, selon Citigroup, et sont donc probablement plus préoccupés par le fait de continuer à trouver de nouvelles obligations à acheter que par tout autre sujet.

Ce déplacement des faveurs du marché vers les obligations d’entreprise est logique, dans un monde qui doute encore et encore  sur  les perspectives de croissance et où les entreprises continuent à mener des politiques avant tout  favorables aux investisseurs obligataires. L’économie de rentiers a donc  encore quelques beaux jours devant elle dans les économies dites développées…

Coté émergents les marchés remercient les membres du G20… En effet, alors que ces derniers se sont interrogés sur la meilleure façon de réduire les mouvements de capitaux (taxe Tobin) et la prise de risque des banques (assurance obligatoire pour financer un fonds de sauvetage), leur décision de ne pas toucher aux politiques de relance et l’absence de recommandations sur les mouvements du dollar peuvent être comprises comme un blanc seing ainsi accordé aux investisseurs pour continuer d’emprunter en dollar et d’investir dans n’importe quel autre actif (actions, matières premières, monnaies à haut rendement, etc..). Le rallye de fin d’année est donc là   bien lancé sur les marchés émergents et c’est  tant mieux car la croissance est de ce coté là bien au rendez vous….

3 réponses »

Laisser un commentaire