Commentaire de Marché

John-Paul Smith : Une approche sélective s’impose dans les placements boursiers mondiaux

Quand John Paul Smith le brillant stratège de l’excellente  Banque Suisse Pictet s’exprime c’est suffisament rare et précieux pour ne pas bouder notre plaisir….Beaucoup d’idées fortes dans son exposé ,  une analyse phare et un bon  coup de projecteur sur les marchés  à  quelques mois….

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Pour réaliser des rendements sur les marchés financiers au cours de ces prochains mois, il faudra faire preuve de davantage de sélectivité. Et tout porte à croire que le potentiel de la transaction du consensus – qui consiste à acheter les marchés émergents et les matières premières, tout en vendant le dollar US – commence progressivement à s’épuiser.

Selon divers ratios d’évaluation et suite à la reprise à laquelle nous avons récemment assisté, les marchés émergents semblent en effet correctement évalués. Cette observation paraît vraie aussi pour la plupart des matières premières. Et l’inversion de la tendance baissière que nous anticipons sur le billet vert devrait engendrer des conséquences négatives, tant sur les marchés émergents que sur les matières premières.

Certains prétendent que la faiblesse du dollar est déterminée par les fondamentaux économiques. Cela est faux.

Premièrement, l’évolution de la productivité est nettement supérieure aux Etats-Unis que dans d’autres régions du globe, comme au Japon ou en Europe.

Deuxièmement, les exportations américaines ont moins diminué que les importations.

Le recul du dollar est donc essentiellement lié au nouveau «carry trade» (opérations de portage) et à l’excédent de dollars dans les économies émergentes, qui a remplacé en l’espace de quelques mois la pénurie qui prévalait lors la crise financière. C

es phénomènes impliquent que la monnaie américaine paraît sous-évaluée par rapport aux autres devises principales.

Mais une inversion de tendance du dollar induira une rotation au sein des marchés haussiers, et non pas la correction que de nombreux observateurs anticipent.

Les investisseurs devraient ainsi se préparer à augmenter leurs expositions aux marchés actions des pays développés, qui apparaissent encore sous-évalués en termes absolus, ainsi qu’en termes de rendements des bénéfices et des dividendes, lorsqu’on les compare à ceux des emprunts d’Etat en particulier.

Les marchés actions américains semblent particulièrement intéressants.

L’afflux de capitaux sur ces marchés-là est resté relativement faible par rapport aux autres marchés développés. En outre, les principaux ratios d’évaluation des entreprises américaines (hors finance) sont proches de leurs moyennes historiques. Par ailleurs, les sociétés américaines sont bien positionnées pour poursuivre leurs activités de fusions et acquisitions, si l’on considère la solidité de leurs bilans et leurs niveaux de cash-flow libre qui atteignent des records, soit plus de 3% du PIB.

Les arguments plaidant en faveur des actions américaines sont encore renforcés par le fait que les investisseurs privés ont tout juste commencé à étoffer leurs actifs risqués, principalement dans le domaine des obligations d’entreprise. Depuis le mois de mars, les Américains n’ont retiré que 300 milliards de dollars de fonds sur le marché monétaire, soit 10% seulement environ, si bien que des montants très élevés en comparaison historique demeurent encore en dehors des actifs à risque.

Un tel environnement se révèle très favorable pour les actions. Du point de vue de la valorisation et des prévisions de croissance, les secteurs les plus attrayants sont ceux considérés généralement comme défensifs, à l’instar de la santé, des télécommunications ou encore des biens de consommation de base (consumer staples).

Ailleurs, les actions nippones pourraient prendre plus de temps à réagir à l’amélioration de la confiance des investisseurs. En termes d’évaluation, elles sont cependant plus attrayantes que leurs homologues européennes. Alors que nous tablons sur un recul marqué de la valeur du yen, accompagné d’une proportion élevée des bénéfices d’entreprises réalisés à travers les exportations, ce marché semble receler un important potentiel de hausse à moyen terme.

Toutefois, au moment même où le risque d’une dépression prolongée s’amenuise, les sources d’incertitude mutent progressivement. Sur le plan global, les mesures des gouvernements et des banques centrales ont certes porté leurs fruits et permis de relancer l’activité économique. Cependant, la mise en pratique et les conséquences de la suppression de ces mesures au cours de ces prochains mois suscitent encore de nombreuses interrogations.

Et si l’orientation à court terme de l’économie américaine est clairement positive, les prévisions pour la deuxième moitié de 2010 dépendent fortement de la capacité du consommateur à réduire son niveau d’endettement. Parallèlement, la Chine est appelée à jouer un rôle toujours plus crucial dans l’économie mondiale. Mais elle manque de transparence, car ses données économiques ne sont pas fiables et le gouvernement occupe une position dominante dans l’économie.

Pour l’heure, le ciel s’est dégagé sur les perspectives des marchés financiers. Leurs fluctuations à court terme sont certes amplifiées par les investisseurs en quête de momentum et de rendements absolus. Mais les investisseurs devraient positionner leurs portefeuilles pour les perspectives favorables qu’offre le plus long terme.

John-Paul Smith  Chef stratège Pictet Asset Management.

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