Changes et Devises

Commentaire : L’Europe de l’Ouest pris au piège du « bourbier d’Europe de l’Est »

QUID DE LA POURSUITE DE L’INTÉGRATION DE L’EUROPE DE L’EST APRÈS LA CRISE ?

Si les 20 ans de la chute du Mur ont été fêtés avec faste, les cérémonies célébrant l’indépendance des autres pays du bloc soviétique et leur intégration, pour certains, dans l’Union européenne ont été bien plus discrètes. Une discrétion qui peut s’expliquer par les difficultés que traverse actuellement l’Europe de l’Est : dérive budgetaire des comptes publics, endettement extérieur accumulé en euro et d’au moins 1700 milliards de dollars, tout cela n’est pas sans rappeler la Thailande de 97 ou la Russie de 98….Le FMI  n’est plus très loin et l’on connait ses méthodes « musclées » dans ce cas de figure…. un peu d’histoire et explications

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Elargissement réussi

Cinq ans après l’adhésion de la République tchèque, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Hongrie, de la Pologne, de la Slovaquie et de la Slovénie, et près de trois ans après l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie, le bilan de l’élargissement européen à l’Est peut globalement être qualifié de réussi.

Même si cela n’est que très progressif et que les Bulgares comme les Roumains devront encore patienter jusqu’en 2014, le principe de libre circulation des personnes a été respecté.

Du côté de la libre circulation des capitaux, le succès est net. Timides au début, les flux de capitaux se sont fortement intensifiés avec la libéralisation du secteur bancaire et, surtout, l’adhésion effective à l’Union européenne.

Même chose pour le commerce de marchandises qui n’a véritablement décollé qu’à compter de l’adhésion. Les exportations vers les pays de l’Est dans le total des ventes à l’étranger représentent désormais 8% en Italie, 11% en Allemagne et même 16% en Autriche. Une relation du reste à double sens puisque tous les nouveaux membres exportent désormais vers l’Union européenne.

Seule la libre circulation des services reste à vrai dire embryonnaire en raison de la crainte du fameux « plombier polonais », crainte qui a débouché sur des règles restrictives empêchant les pays de l’Est de profiter pleinement de leur avantage salarial.

Transition ratée

Avec une croissance annuelle moyenne de 3,75% entre 1997 et 2005 contre 2,5% pour l’Union européenne, les pays de l’Est n’avaient pas attendu l’adhésion pour afficher de bonnes performances économiques. Le rattrapage s’est toutefois nettement accéléré à partir de 2006 et des croissances de 10% ont alors été observées à plusieurs reprises. Seulement, ce développement économique exceptionnel ne s’est pas fait sur des bases saines.

En effet, si l’élargissement européen a réussi, c’est surtout dans le sens Ouest-Est !

Dans l’autre sens, la transition économique reste loin d’être achevée et, ironie de l’histoire, les pays de l’Est, soucieux de fuir la tutelle économique russe, se sont rendus complètement dépendants de l’Ouest.

 L’essor de leur commerce extérieur ne s’explique ainsi pas par le développement de leurs propres entreprises, mais bien par leur intégration dans le processus de production de l’industrie ouest-européenne !

Et sans nier l’importance des investissements industriels, les investissements directs étrangers sont en réalité majoritairement des prêts des banques ouest-européennes à leurs filiales de l’Est pour développer le réseau bancaire et, surtout, financer la distribution du crédit à grande échelle.

Résultat, outre une dépendance industrielle, les pays de l’Est se sont enfermés dans une dépendance financière vis-à-vis de l’Ouest et sont aujourd’hui doublement frappés par la crise à travers un effondrement de la production industrielle et la crise financière qui a tari les flux monétaires et fermé les vannes des crédits.

L’heure des ajustements douloureux

Les pays qui enregistraient hier des croissances hors normes affichent aujourd’hui une chute tout aussi hors normes du PIB. A tel point qu’avec un recul de l’activité économique estimé à seulement 4,8% cette année, la République tchèque ferait presque figure de bon élève par rapport àl’effondrement de 18% attendu en Lituanie et en Lettonie !

Après avoir vécu au-dessus de leurs moyens grâce au crédit et donné l’illusion d’un nouvel eldorado, ces pays sont aujourd’hui rattrapés par la réalité et doivent procéder à des ajustements douloureux.

Ceux qui, comme la Slovaquie et la Slovénie, avaient tout misé sur l’accueil des entreprises de l’Ouest devront revoir leurs ambitions à la baisse et s’adapter à la nouvelle réalité économique moins florissante du Vieux Continent.

Sous peine de perdre définitivement le contrôle de sa devise, la Hongrie devra elle aussi s’adapter à la nouvelle situation financière et enrayer la dérive budgétaire de ses comptes publics.

Sans avoir un héritage trop lourd à porter, la République tchèque et même la Pologne, qui n’a pourtant pas connu la récession, devront composer avec une croissance faible dans les prochaines années.

Après avoir attiré, à juste titre, les investisseurs ces dernières années, les Bourses de l’Est pâtiront inévitablement de cette nouvelle réalité économique et n’offriront donc pas le surcroît de rendement qui justifierait de prendre le risque d’y investir. Dans ces conditions, mieux vaut rester à l’écart.

 

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Rapport DE NOVEMBRE des marchés de l’est de chez RAIFFEISEN :

Les économies nationales des pays d’Europe Centrale et Orientale continuent à subir des pressions considérables, principalement dues à l’importance de l’interdépendance économique avec les pays de l’UE. Au cours des prochains mois, le léger redressement de la production industrielle des « anciens » Etats membres de l’UE devrait avoir des répercussions positives sur les économies des pays d’Europe de l’Est, et stimuler une nouvelle hausse des exportations. La reprise conjoncturelle dans les PECO est en outre nettement emmenée par la demande nationale, laquelle est toutefois en recul dans presque toute la zone (à l’exception de la Pologne). Quoi qu’il en soit, le chemin qui mène aux niveaux que nous connaissions avant la crise promet d’être long !

Hongrie

Mi-octobre, lors de son assemblée ordinaire, la banque centrale hongroise a abaissé son taux directeur de 50 points de base supplémentaires. Cette décision est tombée dans un contexte marqué par une inflation plus limitée, ainsi que par des performances économiques en net recul – recul auquel il est à nouveau nécessaire de remédier. Même si une mesure de cette importance était attendue par la majorité des acteurs du marché, ceux-ci ont été surpris par le fait que le comité de la banque centrale mette également au débat un abaissement plus important encore des taux d’intérêt. Les obligations d’Etat hongroises ont, en revanche, enregistré une hausse marquée, profitant des attentes en matière de taux directeurs, dont on anticipe une forte baisse au cours de l’année à venir. En dépit d’une hausse de la TVA, le taux d’inflation a légèrement diminué, ce qui souligne l’importance considérable de l’écart de production en Hongrie. La production industrielle, en recul de près d’un cinquième (- 19,9 %) en comparaison annuelle, alliée à la baisse marquée du chiffre d’affaires du commerce de détail, n’augurent rien de bon à court terme. A long terme, le niveau de rendement des obligations d’Etat hongroises semble toujours attractif ; toutefois, les cours devraient conserver leur volatilité.

En octobre, les actions hongroises ont été en mesure d’enregistrer des hausses de cours, et ce, malgré l’absence de déclarations particulières en provenance des entreprises. Compte tenu de la hausse de prix du pétrole, les actions du groupe énergétique MOL ont été tout particulièrement recherchées.

Pologne

Les données économiques publiées dernièrement continuent à donner une image mitigée de la conjoncture polonaise. Après que celle-ci eût été littéralement en chute libre au 1er semestre 2009, cela peut toutefois être considéré, dans une certaine mesure, comme une amélioration. La production industrielle effectivement vendue, en recul de 1,3 %, s’est néanmoins maintenue à un niveau supérieur aux attentes des analystes. Si le chiffre d’affaires du commerce de détail a légèrement baissé en comparaison mensuelle, il se situe néanmoins au-dessus de son niveau de l’an dernier ; la Pologne est donc le seul pays de la zone à afficher une croissance dans le secteur du commerce de détail. Cette évolution a été favorisée tant par un budget comparativement moins restrictif que dans les pays voisins que par la dépréciation du zloty et l’importance du marché national. Le déficit de la balance polonaise des paiements s’est réduit suite à l’intensification de la baisse des importations. L’inflation affiche à nouveau une tendance baissière, après avoir connu une légère hausse au cours des derniers mois. En octobre, le zloty a affiché une tendance latérale par rapport à l’euro, tout comme les cours des obligations d’Etat polonaises.

Parmi les PECO, et malgré le fléchissement économique du premier semestre, la Pologne fait partie des pays les plus stables ; elle profite en effet très largement de la récente amélioration des perspectives conjoncturelles pour la zone euro. Bien qu’à long terme, le zloty soit soutenu par la dynamique positive de l’évolution de la balance des paiements, il est impossible d’exclure, à court terme, de nouvelles phases de recul de la monnaie, en raison de la situation économique actuellement encore fragile.

En octobre, le marché polonais des actions s’est montré d’une grande solidité – comme au cours des mois précédents, notons l’influence très positive exercée par l’importante part de valeurs financières dans l’indice boursier : le regain de confiance des investisseurs dans ces valeurs se poursuit en effet. La hausse de cours la plus marquée revient néanmoins à l’opérateur de télécommunications TPSA, après qu’il soit parvenu à un accord avec l’autorité nationale de régulation, ce qui réduit considérablement le risque de démantèlement du groupe. En riposte à ses concurrents de moindre envergure, TPSA a fourni une garantie d’accès à l’infrastructure télécom, et s’est engagée en faveur d’un programme d’investissement dans le réseau à large bande, à concurrence de 1,1 milliard de dollars US.

République tchèque

Les données économiques publiées en octobre illustrent la morosité durable de la conjoncture tchèque. En comparaison annuelle, au 2ème trimestre 2009, le PIB a baissé de 4,9 %, et la production industrielle de 11,9 %. La recrudescence de la demande émanant d’Europe occidentale devrait toutefois favoriser une reprise conjoncturelle au cours des prochains mois. Le chiffre d’affaires du commerce de détail est en recul depuis huit mois déjà, en raison de la forte augmentation du taux de chômage ; on note en particulier une diminution de la demande en véhicules et en biens de consommation. Les rendements des obligations d’Etat tchèques ont fortement chuté en octobre. L’entente en matière de coupes budgétaires (intervenue après que les socialistes eurent renoncé à leurs exigences relatives à une augmentation des mesures de soutien aux chômeurs) a eu des répercussions positives sur les rendements des obligations tchèques. Parallèlement, on note pour le mois d’octobre une dévaluation de la couronne tchèque par rapport à l’euro.

Les actions tchèques n’ont pas été en mesure de suivre l’évolution des autres marchés d’actions d’Europe de l’Est ; elles affichent donc une tendance légèrement négative. A l’origine de ce recul des cours, on trouve notamment les actions du fournisseur d’énergie CEZ. Si la demande en électricité commence à se stabiliser, en août, elle se situait néanmoins 5,6 % sous le niveau enregistré l’année précédente.

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