Le salut devant la crise réside-t-il dans la diversification? Oui mais à certaines conditions
Dans la plupart des cas, les gérants de portefeuille appliquent aveuglément une répartition statique du capital. Les investisseurs encourent ainsi des risques élevés.
Le fait est que la diversification uniquement statique ne permet pas à l’investisseur de dormir à tête reposée. Seul le choix d’une approche stratégique dynamique dans la répartition du capital préserve efficacement du risque.
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Atténuer le risque en ne misant pas tout sur la même carte, en l’occurrence sur une seule catégorie de placement. Voilà le sens que revêt la diversification appliquée au portefeuille de placement. La diversification du portefeuille est souvent loin de l’optimum possible à l’heure actuelle. Pourquoi?
Dans la plupart des cas, le véhicule destiné à recevoir l’argent de l’investisseur est défini à l’avance pour chaque catégorie de placement.
La diversification présidant à l’opération se fonde sur une approche stratégique statique. Une fois arrêtée, la stratégie n’est généralement plus jamais remise en question.
Les portefeuilles statiques renferment des risques
Lorsque la répartition du capital dans le portefeuille s’effectue de façon statique, le risque augmente en période d’incertitude conjoncturelle.
C’est mauvais pour les investisseurs rétifs au risque, qui recherchent justement la sécurité pour leurs placements en présence de turbulences boursières.
Le risque inhérent au portefeuille ne dépend pas uniquement de la situation macroéconomique, mais aussi du produit moyen de l’intérêt sur des positions spécifiques, qui à leur tour reflètent la situation économique. L’investisseur se retrouve souvent dans de beaux draps plus vite que quiconque ne l’aurait supposé. Comment l’éviter?
Les investisseurs peuvent prendre en compte le risque lié aux différentes phases des cycles économiques et au revenu généré par les différentes catégories de placement en adoptant une stratégie tactique classique dans la répartition du capital. Celle-ci vise à maximaliser le revenu généré par les portefeuilles dans chaque phase économique. Cela sonne agréablement. Or, il existe un revers à la médaille dans ce cas aussi: de façon tendancielle, le risque absolu inhérent au portefeuille s’avère supérieur en période de morosité conjoncturelle principalement.
Il existe une autre option, à savoir l’approche stratégique dynamique appliquée à la répartition du capital.
Cette approche permet de stabiliser le risque du portefeuille indépendamment des cycles économiques, tout en accroissant les rendements. Quiconque tire les enseignements corrects du passé est capable de prévoir à moyen terme l’évolution des gains sur les placements.
Un exemple: nous avons étudié quatre indicateurs de l’économie américaine (le taux de chômage, l’indice ISM manufacturier, l’attribution de crédits et les bénéfices réels) sur une période de 60 ans, de 1948 à 2007.
Nous avons identifié quatre indicateurs de récession à l’intérieur d’un cycle économique: une large attribution de crédits, des rendements réels élevés, une valeur ISM inférieure à 0,5, ainsi qu’un fort taux de chômage.
Ces quatre systèmes possèdent des caractéristiques prononcées dans le rapport entre risque et rendement.
Pendant la phase d’observation, les interactions moyennes entre capital en actions et capital obligataire, crédits et biens de consommation correspondaient à 13%, à 29% et à 0% respectivement.
Il est toutefois intéressant de noter l’altération des interactions relevées durant différentes périodes d’un cycle économique.
Elles sont négatives entre capital en actions et capital obligataire pendant les périodes de hausse, mais deviennent positives pendant les récessions et les phases de récupération.
Conséquence: les revenus provenant de la diversification s’amenuisent justement lorsqu’ils seraient le plus nécessaires. L’interaction entre crédits et biens de consommation est par contre négative pendant les phases de récupération.
Ce constat met ainsi en évidence d’importantes chances de diversification.
Les risques sont supérieurs, mais les revenus aussi de façon tendancielle en cas de mauvaise situation économique. Ceux-ci sont étonnamment à leur apogée pendant une récession, et au plus bas en période de hausse. Comment expliquer ce phénomène?
Les marchés financiers se concentrent principalement sur les conditions économiques attendues dans le futur et négligent le présent. Ce message est le bienvenu en période de turbulences: les récessions ne sont pas nécessairement de mauvais moments pour investir. La valeur et la croissance ont une tendance négative pendant les phases d’expansion.
A cela s’ajoute que les obligations des entreprises ne font pas mieux que les obligations d’Etat à chaque stade du cycle, mais uniquement en période défavorable.
Les biens de consommation par contre sont surtout intéressants pendant les phases d’expansion et de reprise.
Fin 2007 déjà, les indicateurs avancés laissaient présager une récession prochaine: le taux de chômage avait augmenté, la confiance reflétée par l’ISM était faible et l’attribution de crédits avait pris de l’ampleur.
Les conclusions correspondantes pouvaient ainsi se tirer dans les portefeuilles: sous-pondération des actions en général, et des actions haussières spécifiquement, des crédits et des biens de consommation. Par contre, surpondération des liquidités.
Il serait bon que les gérants de portefeuille ne se laissent pas guider par des principes statiques dans la répartition du capital.
La période considérée de 1948 à 2007 met en évidence une supériorité de l’approche stratégique dynamique par rapport à l’approche stratégique statique pour un risque égal.
L’approche stratégique dynamique a donné un rendement moindre que l’approche stratégique tactique, mais avec une volatilité nettement inférieure.
Des revenus sont toujours bienvenus, mais avec le moins de risque possible.
L’approche stratégique dynamique combine les deux. Elle génère des revenus potentiellement supérieurs à moindre risque.
PIERRE-OLIVIER POURCELOT Directeur général de Robeco
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