Changes et Devises

Trappe à dettes : Entre comptes publics trafiqués et dette échevelée la nouvelle danse de Zorba la Grèce….

Grèce : la note de la dette  sous surveillance négative .

L’agence de notation Standard & Poor’s évoque une importante détérioration de la situation budgétaire.

La note souveraine «A-» de la Grèce attribuée par Standard & Poor’s est menacée. L’agence de notation a en effet indiqué lundi qu’elle plaçait sous surveillance avec implication négative la note qu’elle attribue à la République hellénique. Principale raison: les difficultés budgétaires rencontrées par Athènes et notamment l’envolée des déficits publics et la dette du pays. CHRONIQUE

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

La décision définitive de l’agence de notation, qui tombera d’ici deux mois, dépendra encore des mesures mises en place par le nouveau gouvernement pour lutter contre ces problèmes, mais S&P doute qu’elles permettront de résorber le déficit qui grossit à vue d’œil.

«Les projets de consolidation budgétaire mis en place ne devraient pas être en mesure de réduire de façon importante des déficits budgétaires et du fardeau de la dette publique» a indiqué Marko Mrsnik, analyste chez S&P.

 Cette dernière n’est par ailleurs la seule agence de notation à surveiller de près la Grèce, d’autres grandes agences étant préoccupées par le même problème. Fitch avait abaissé fin octobre la note de la Grèce à A- avec perspective négative et Moody’s a placé sa note A1 sous surveillance en vue d’un possible abaissement.

Selon les prévisions de la Commission, la dette grecque devrait approcher les 125% du PIB l’an prochain, soit le niveau le plus élevé de toute la zone euro

Au plus près de nous, la Grèce donne d’inquiétants signes de faiblesse, qui menacent la stabilité de la zone euro elle-même.

P.A (lefigaro.fr) 07.12.2009

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La Grèce a ceci de particulier que les chiffres y sont fantaisistes. Vingt-huit ans après son entrée dans l’Union européenne, les statistiques officielles y sont encore savamment maquillées pour maximiser les subventions et minimiser les déséquilibres des comptes publics.

Élu en octobre, le nouveau gouvernement s’est aperçu que le déficit budgétaire avait été outrageusement sous-estimé. Évalué jusque-là à 6% du PIB pour l’année en cours, le déficit atteindra plutôt 12,7%. La dette publique, elle, est chiffrée par la Deutsche Bank à 135% du PIB…

Les agences de notation ont dégradé la Grèce pour tenir compte du risque de voir le pays ne plus rembourser ses emprunts. Résultat : il lui est de plus en plus difficile de placer ses obligations pour financer sa dette.

En cas de banqueroute, l’Europe viendra-t-elle au secours d’Athènes pour préserver la zone euro ?

Les Grecs en sont persuadés. Autant que Dubaï comptait sur le soutien d’Abu Dhabi. Mais, dans les deux cas, rien n’oblige les fourmis à voler au secours des cigales, si ce n’est la crainte d’être ­entraînées dans un cycle infernal.

Comme Budapest, il y a un an, Athènes pourrait avoir recours au FMI, si elle acceptait de se plier aux conditions très strictes imposées par l’institution internationale. C’est un danger théorique : l’Union monétaire ne veut pas que le FMI intervienne dans un pays membre. Cela ferait trop mauvais effet et affecterait le prestige de l’euro.

Alors que faire ?

 La Grèce cherche à placer ses obligations auprès de banques chinoises. L’idée est bonne, même si l’on attend de connaître les conditions en retour. Ce dont Pékin a vraiment besoin, pour ­diversifier ses avoirs en dollars, c’est d’un marché obligataire européen. La chose n’est pas facile à mettre en place. Il serait temps de s’y préparer.

En attendant, la Grèce doit mettre de l’ordre dans ses affaires, cesser de trafiquer ses comptes et couper dans des dépenses publiques d’un autre âge. Dans ces conditions, la solidarité fonctionnera. Mais les socialistes au pouvoir à Athènes ne peuvent attendre de cadeaux d’une Europe en crise, qui plus est très largement conservatrice.

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Le figaro 4/12/09

  • La solidarité des partenaires de la zone euro  le figaro 3/12/09

Il n’existe formellement aucun «instrument financier pour traiter une crise de financement de l’un des membres» de l’Union monétaire, comme le fait observer Jean Pisani-Ferry, le directeur du think-tank bruxellois Bruegel.

Le traité de Maastricht est en réalité contradictoire à cet égard. D’un côté, il interdit toute procédure de renflouement (bail out) des dettes d’un État (article 104B). De l’autre, il prévoit «en raison d’événements exceptionnels (…) d’accorder, sous certaines conditions, une assistance financière communautaire» (article 103 A), comme le fait remarquer Sylvain Broyer, économiste de Natixis .

• L’assurance FMI

Contrairement à Dubaï, qui n’est pas membre du Fonds monétaire international, si ce n’est indirectement à travers les Émirats arabes unis, la Grèce «cotise» elle-même à cette compagnie d’assurances qu’est le FMI. Pourtant tout le monde le reconnaît, et Jean-Claude Trichet le premier, même s’il ne l’a jamais admis publiquement : il est de facto exclu qu’un pays de la zone euro fasse appel à la solidarité mondiale que représente le FMI. Ce serait un aveu de faiblesse politique. Le ministre des Finances, George Papakonstantinou, s’est d’ailleurs empressé de déclarer qu’il n’avait pas l’intention de le faire. Façon habile de rappeler qu’il en avait le droit.

• La Chine, deus ex machina

L’agence américaine Newswire a révélé qu’Athènes était en discussion avec des banques chinoises pour leur vendre 25 milliards d’euros de titres de la dette publique.

Le premier ministre, George Papandréou, serait même dans les négociations. Rien d’extraordinaire en soi : le Trésor américain et l’Agence France Trésor passent leur temps à faire la même chose. Plus gênant, les autorités chinoises en profiteraient pour élargir l’investissement de 5 milliards de dollars réalisé l’an dernier dans le port du Pirée par Cosco Pacific (Hongkong).

• Un enjeu considérable pour la zone euro

«Si la dégradation de la dette grecque continue, nous allons nous retrouver dans la position terrifiante de ne pouvoir obtenir de liquidités, car la BCE n’acceptera plus nos titres en collatéral», a expliqué cette semaine le gouverneur de la Banque de Grèce, George Provopoulos. Une façon technique, mais convaincante, de décrire le risque systémique pour les banques grecques, qui se retrouveraient toutes au tapis. Un «petit Lehman» à la grecque ? Une bonne raison en tout cas pour inciter les Européens à se serrer les coudes.

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Bruxelles devrait placer la Grèce sous surveillance plus stricte de ses comptes après l’annonce d’un déficit s’approchant des 12,7% du PIB.

En présentant son budget 2010 au Parlement, Giorgos Papakonstantinou n’a pas mâché ses mots. Le ministre grec des Finances a déclaré «l’état d’urgence : nous avons un déficit de près de 30 milliards et une dette évaluée à 300 milliards d’euros», a-t-il précisé. L’économie du pays frôle l’insolvabilité et sème le trouble dans l’eurozone fragilisée par la plongée de la Bourse de Dubaï. Les comptes grecs et leur mode de calcul sont au cœur d’une nouvelle polémique. Le gouvernement conservateur sortant avait annoncé un déficit de 6 % du PIB en 2009, mais le nouveau gouvernement socialiste, au pouvoir depuis deux mois, affiche le double, soit 12,7%.

Inquiet de ce «sérieux décalage dans les chiffres», Joaquin Almunia, le commissaire chargé des Affaires économiques, a demandé une enquête approfondie et dépêché une équipe d’enquêteurs d’Eurostat à Athènes pour contrôler ces statistiques. Accusée d’avoir maquillé les comptes à plusieurs reprises, notamment pour adhérer à la zone euro, la Grèce doit se racheter une crédibilité. «Si ça continue, la Grèce sera le premier pays européen à passer sous contrôle mensuel de ses comptes par Bruxelles», affirme Giannis Stournaras, directeur du centre d’études économiques et industrielles. «Il faut d’abord que le Centre national de statistique devienne une institution indépendante de l’État, pour qu’il fournisse de véritables chiffres sur le pays», souligne-t-il.

Quatre annéespour respecter Maastricht

Aujourd’hui, la Grèce affiche la note de crédit la plus basse de toute la zone euro, ses banques sont surendettées et sa dette – qui dépasse les 100% du PIB – reflète un pays au bord de la faillite. Cette situation menace, selon certains experts européens, de déstabiliser très sérieusement le fonctionnement de la zone euro. En témoigne l’écart de financement entre la Grèce et l’Allemagne, la première empruntant à pratiquement 5% à dix ans, là où Berlin se voit pratiquer un taux de seulement 3,25%.

Le vent de panique est palpable dans les propos du ministre des Finances. Placées entre l’enclume et le marteau des promesses de campagne mirobolantes et les pressions multipliées de Bruxelles, les autorités grecques essaient de gagner du temps et annoncent des mesures drastiques : gel de tout salaire de la fonction publique dépassant 2  000 euros, frein immédiat sur les recrutements et réforme des retraites font partie des priorités. Par ailleurs, le gouvernement envisage d’imposer le patrimoine foncier de la puissante Église de Grèce, non séparée de l’État et qui, malgré sa farouche opposition, devrait contribuer à hauteur de 600 000 euros. 

Dans un contexte mondial des plus défavorables, le ministre des Finances se veut toutefois rassurant. S’il prend très au sérieux les menaces de l’exclusion du pays de la zone euro, rien ne presse : «Il n’y a aucune mention qui le prévoit dans les traités européens, il faut donc calmer le jeu et nous donner du temps», affirme un expert proche du ministre. À la réunion de l’Eurogroup, aujourd’hui, Giorgos Papakonstantinou demandera un délai de quatre ans pour réduire le déficit du pays sous le plafond des 3% du PIB, imposé par les critères de Maastricht.

Source le figaro 30/11/09

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Trappe à dettes : La Retraite grecque passe en mode régime crétois (cliquez sur le lien)

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