La hausse du métal jaune n’est pas neutre et présente des dangers autant économiques que financiers.
On n’achète jamais au plus bas et on ne vend jamais au plus haut: c’est un principe connu et on enfonce une porte ouverte en le rappelant.
Warren Buffett ne s’attarde jamais sur les métaux précieux. A la fin des années 1990, il a fait une entorse à cetterègle de conduite lorsqu’il a accordé une large place à l’argent dans son panel d’investissement. Ce n’était qu’apparent car l’argent représentait pour lui une matière première industrielle qui n’était pas à son prix et non pas une valeur refuge. Il est loin d’avoir à cette époque acheté au plus bas. Et lorsqu’il dénoua ses opérations ce ne fut en aucun cas dans les plus hauts niveaux du métal précieux. Par contre, et c’est son talent, il réussit à engranger de très beaux bénéfices pour ses investisseurs et lui-même. Si Warren Buffett raisonne ainsi c’est tout simplement parce qu’il n’aime ni la spéculation ni les comportements moutonniers.
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Que voit-on à l’heure actuelle?
Une once d’or qui monte en fonction de l’idée du risque ambiant que se font les investisseurs. Parallèlement, le prix de la gousse d’ail explose suite au risque engendré par l’épidémie du virus H1N1. Le succès de la médecine chinoise et les craintes quant aux effets secondaires d’un vaccin concocté à la hâte font le reste puisque ce bulbe est traditionnellement utilisé par les Chinois pour lutter contre la grippe. Le prix du baril hésite, quant à lui à revenir à un niveau correspondant à la conjoncture économique actuelle ou à gagner des sommets qui relèveraient d’un contexte économique d’une autre nature.
Pourquoi des spéculations si différentes?
Leur origine est sans nul doute la peur. Peur d’une faillite mondiale, peur d’une pandémie digne de la peste ou du choléra, peur d’un manque d’énergie. Cependant, on doit bien constater que si le prix des liquidités était plus onéreux, le nerf de la guerre spéculative serait brisé. Mais les liquidités continuent d’inonder le marché et leurs détenteurs privés voulant à tout prix une rémunération sur leurs avoirs font n’importe quoi.
Les conséquences économiques de tels comportements sont loin d’être neutres. Si l’épisode de l’ail ne représente pas un potentiel de conséquences importantes sur l’évolution de l’inflation, on ne peut en dire autant du prix du baril.
Les Américains verront leur inflation monter sensiblement en décembre suite à son évolution. Soit on circulera moins, soit on resserrera les budgets. Ce n’est pas bon du tout pour la reprise et donc pour l’évolution du chômage. Les petits horlogers, qu’ils soient indiens, suisses ou autres, ressentent péniblement le prix de l’or. L’industrie du luxe affirme ne pas être très touchée. Par contre, la crise a fait chuter ses ventes d’un bon tiers et il vraisemblable que le recul n’est pas terminé. Vive la montre en acier ou en plastique ! Peutêtre mais vive aussi les faillites et le chômage dans le secteur surtout si on élargi les victimes à la joaillerie. Le plus gros importateur mondial d’or aux fins de joaillerie, l’Inde, n’en a importé que des quantités minimales cette année. Tous ces ateliers en difficulté dans toutes les parties du monde ne vont pas conserver leurs employés éternellement. Et le personnel de fabrication ne sera pas le seul touché : tôt ou tard des dégagements interviendront dans le personnel de vente. Un pan de l’économie se dégrade de façon spectaculaire.
Le fait que les banques centrales (Chine, Russie, Inde …) aient décidé de renforcer leur position en or n’est pas le signe de la poursuite de l’explosion des prix. Ces entités constatent simplement que les principaux banquiers centraux du monde et les politiques ont perdu leur crédibilité.
Il y a des conséquences encore pires en matière financière. Le développement des fonds indiciels en rapport avec les matières premières et les dérivés de ces fonds est exponentiel et suscite une inquiétude croissante. La qualité du silence actuel émanant de cette catégorie d’investissement est inquiétante.
Tout d’abord les fonds indiciels ou trakers termes employés comme traduction d’ETF (Exchanger Traded Fund) ne sont pas seuls. Il y a aussi les ETP. Une grande différence existe entre les deux: les premiers sont des fonds communs de placement. Les seconds n’ont pas la structure de fonds commun de placement. Les investisseurs privés savent-ils ce qu’ils achètent? L’ensemble de ces outils de placement dans le secteur des matières premières a passé de près de 6 milliards en 2005 à 95 billions à fin août 2009(Barclays Global Investors).
Une question raisonnable se pose : que se passera-t-il lorsque les achats ralentiront dans un climat de ventes en augmentation ?
C’est une interpellation justifiée dans la situation financière mondiale actuelle à peine convalescente.
Même si M. Strauss-Kahn tient à la poursuite de la création de flots de liquidités, il devrait commencer à s’interpeller sur l’usage qui en est fait et sur les dangers de cet usage. Car les opérations de portage étaient jugées inquiétantes lorsqu’elles se faisaient entre devises.
Aujourd’hui la situation s’est aggravée : les opérations de portage se font entre devises et matières premières. Au rendez-vous, la sécurité tant recherchée pourrait être absente et la situation générale s’être encore aggravée.
JEANNETTE WILLINER Analyste financier indépendant dec 09
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EN COMPLEMENT : Les matières premières attireront cette année 60 milliards de dollars
Les investisseurs diversifiant leurs portefeuilles grâce à cette classe d’actifs, les flux atteindront un niveau record cette année
«Les preuves du manque de corrélation systématique entre les matières premières et les marchés actions sont réapparues (depuis le printemps dernier), observent les économistes de la banque britannique. En l’absence de tout renversement significatif de la tendance macroéconomique, nous estimons que les flux resteront importants au quatrième trimestre (…). Le volume des actifs sous gestion dans les matières premières atteindraient 230 à 240 milliards de dollars à la fin de l’année». Fin juin, les encours s’élevaient à 209 milliards.
Si l’appétit pour les matières premières grandit, sa répartition a toutefois sensiblement changé depuis le début de l’année. Au premier trimestre, les ETP, en particulier sur l’or et le pétrole, avaient recueilli la grande majorité des flux. En octobre, les fonds indiciels américains, plébiscités par les investisseurs cherchant une exposition de long terme, ont drainé plus de la moitié des engagements. Sur les dix premiers mois de l’année, les ETP restent les instruments préférés des investisseurs puisqu’ils ont collecté 27,4 milliards de dollars contre 8,2 milliards pour les fonds indiciels américains.
agefi

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