La Grèce, crash-test de l’Europe
En 1996, soit deux ans avant l’introduction de la monnaie unique, la Bundesbank avait mis en garde contre les risques que faisait peser l’adhésion des pays d’Europe du Sud. La banque centrale allemande ne voulait pas des monnaies du «Club Med» dans l’euro, jugées insuffisamment fiables.
Au final pourtant, la raison politique l’a emporté sur la raison économique. Et la zone euro a fini par accueillir la Grèce, berceau de la civilisation occidentale, championne toute catégorie du bidouillage de chiffres. Les autres pays l’ont suivie.
Aujourd’hui, c’est sous le terme moqueur de PIGS, comme «cochons», que les milieux financiers, rancuniers, désignent les pays européens à haut risque: le Portugal, l’Espagne et la Grèce, flanqués de l’Irlande (Caroline Geuzaine echo dec09)
ENCORE PLUS DE DETTES EN SUIVANT :
La dette de la Grèce se monte à “300 milliards d’euros, la plus importante de l’histoire de la Grèce moderne”, a déclaré jeudi à Athènes devant le parlement le vice-ministre des Finances Philippos Sahinidis.
La situation en Grèce, qui croule sous une énorme dette et inquiète toute l’Europe, est “très grave”, a jugé jeudi la ministre des Affaires européennes suédoise Cecilia Malmström, dont le pays préside l’Union européenne. “Nous sommes bien sûr inquiets”, a-t-elle déclaré à des journalistes, peu avant l’ouverture d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles.
Dans les tragédies grecques, les personnages qui tentent de s’opposer aux volontés des dieux finissent toujours par choir. «Mais dans la farce que constitue la dette souveraine de la Grèce, Athènes s’est révélé coupable d’un sacrilège plus moderne: maquiller ses comptes pour doubler les marchés et l’Union européenne», constate le Financial Times jeudi dans un éditorial. Le gouvernement socialiste en place en paie le prix, lui qui a dû reconnaître que l’équipe précédente avait enjolivé le budget, poursuit le quotidien londonien. Aujourd’hui, les agences de rating et la bourse sanctionnent. Mais la débâcle n’est pas encore programmée, car le premier ministre Georges Papandréou dispose encore d’un certain délai pour chercher sa «rédemption fiscale». Le refinancement de la dette en 2010 est par ailleurs «surmontable», même s’il sera douloureux.
Heure de vérité pour l’euro?
S’ils ne sont pas encore synonymes de faillite, les déboires helléniques posent en revanche un sérieux problème à l’euro, soulignait jeudi l’éditorialiste de La Tribune. Si la monnaie unique a servi de bouclier au plus fort de la récession, empêchant l’explosion des changes, «la sortie de crise nous ramène à la réalité». Le corset de l’euro «exalte» les différences entre Etats. Le risque, aujourd’hui, c’est que «l’union monétaire tourne… à la drachme». Deux remèdes à cela: davantage d’intégration, ou moins d’intégration. «C’est-à-dire pas de monnaie unique.»
Quand la BCE ne pratique plus la langue de bois
La croissance de la dette publique dans la zone euro n’est “pas tenable” et la tendance devra être inversée avant que les difficulté démographiques de la région ne compliquent encore la situation, a affirmé jeudi Erkki Liikanen, gouverneur de la banque centrale finlandaise et membre, à ce titre, du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.
“Une stratégie crédible est nécessaire pour mettre fin à cette tendance [à l’augmentation de la dette publique], afin de stabiliser le ratio dette/PIB avant que les finances publiques ne soient affectées par les effets du vieillissement de la population“, a-t-il souligné lors de la présentation de l’enquête trimestrielle de la Banque de Finlande sur l’économie finlandaise.
BCE: déficits publics pourraient rendre marchés plus frileux
–Les conditions sur les marchés obligataires pourraient très vite se dégrader pour les gouvernements de la zone euro qui affichent de forts déficits, a indiqué jeudi la Banque centrale européenne dans son bulletin mensuel de décembre.
“Bien que les dispositions des marchés financiers envers les émissions de dette souveraine aient récemment été relativement favorables, rien n’indique que cela ne changera pas”, a déclaré la BCE.
“Cela pourrait notamment se produire si les intervenants du marché considèrent que les politiques menées ne s’attaquent pas aux menaces pour la stabilité budgétaire”, a ajouté la banque centrale.
L’avertissement de la BCE intervient après deux semaines particulièrement difficiles pour le marché obligataire grec, marqué par de forts mouvements de vente en raison de l’abaissement de la note souveraine du pays et de l’inquiétude des investisseurs concernant un déficit public bien supérieur aux prévisions initiales. Les emprunts d’Etat d’autres pays de la zone euro affichant des déficits élevés, comme le Portugal, l’Irlande et l’Espagne, sont également sous pression depuis quelques jours.
La BCE a appelé les gouvernements de la zone euro à concentrer leurs efforts de réduction du déficit sur le volet dépenses, étant donné les niveaux d’imposition déjà très élevés en vigueur dans la région.
Par ailleurs, la BCE a indiqué s’attendre à ce que la reprise économique soit “modérée” et “inégale” l’an prochain, mais a souligné qu’elle continuait à fournir des liquidités au secteur bancaire à des conditions “très favorables”.
Pas d’aide à espérer de la BCE
L’augmentation du déficit budgétaire de certains Etats membres de la zone euro est une source d’inquiétude pour la Banque centrale européenne, mais les pays en difficulté doivent résoudre leurs problèmes sans son aide, a déclaré jeudi Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
“Nous surveillons de près l’évolution des déficits économiques. Le déficit élevé de certains pays comme la Grèce, l’Irlande et l’Espagne est pour nous source de préoccupation”, a déclaré E.Nowotny. Il a toutefois ajouté que les difficultés économiques que traverse actuellement la Grèce – qui a annoncé au début de la semaine que son déficit budgétaire 2009 atteindrait 12,4% du PIB – ne pouvaient conduire à sa sortie de la zone euro.
“Sortir de la zone euro ne serait pas réaliste pour la Grèce, et ce ne serait d’ailleurs pas possible”, a déclaré E. Nowotny, qui est également gouverneur de la Banque nationale d’Autriche.
Il a souligné que l’appartenance à la zone euro ne pouvait être considérée comme une solution aux problèmes macroéconomiques.
“Ce n’est pas la tâche de la BCE de désamorcer ces situations. Cela ne fait pas partie de son mandat. L’appartenance à la zone euro ne doit pas être considérée comme une solution aux problèmes structurels nationaux. Les pays membres doivent faire eux-mêmes” le nécessaire, a-t-il expliqué, ajoutant que les pays accusant des déficits élevés ne seraient pas “renfloués” par la BCE. E. Nowotny a indiqué que la BCE avait déjà commencé à retirer les mesures exceptionnelles qui avaient été mises en place pour accroître les liquidités dans le système bancaire de la zone euro. Il a souligné qu’il importait de procéder avec prudence et de manière progressive afin d’éviter les chocs pour l’économie.
“Nous avons entamé un programme de sortie de crise, mais nous l’avons entamé de manière très prudente”, a-t-il assuré.
Le retrait des mesures doit être réalisé avec beaucoup de soin et de discernement pour ne pas porter préjudice à l’économie, a expliqué E.Nowotny.
Il a notamment évoqué le risque que la vigueur de l’euro, en particulier face au dollar, freine la croissance européenne.
“Une nouvelle appréciation de l’euro ou une dépréciation du dollar aurait un effet négatif sur la croissance économique européenne”, a-t-il affirmé.
Il ne prévoit cependant pas de déflation dans la zone euro.
Source newswire dec09
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