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Economie et Investissement: Des risques extrêmes à ne pas négliger et comment s’en protéger

Quels sont les risques extrêmes dont l’économie pourrait souffrir et contre lesquels un investisseur pourrait envisager de se protéger ?

Dans une récente étude intitulée Extreme Risks, la firme Watson Wyatt (WW) se livre à l’exercice de définir ces risques, leur probabilité et les moyens de s’en défendre, si possible.

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WW part du postulat que les modèles de risque courants se sont révélés carencés dans leur capacité de prévision.  » Les événements des deux dernières années ont montré que la gestion de risque ne peut pas se permettre d’arrêter au 95e centile (VAR95). Il nous faut trouver une façon d’inclure des événements peu probables, mais à impact élevé.  » Les auteurs font référence aux modèles financiers informatiques de calcul de risque qui, de façon typique, ne tiennent compte que d’événements dont la probabilité statistique se situe à l’intérieur de trois écarts-types (Bell curve). Le 95e centile correspond à trois écarts-types sur une courbe de distribution statistique et couvre ainsi 99 % des probabilités.

On constate que les événements qui se situent dans le pourcentage restant ont une probabilité de plus en plus grande. Par exemple, en se fondant sur une variation quotidienne type de l’indice Dow Jones de 1,032 % telle qu’elle a été calculée durant la période 1971-2008, trois spécialistes financiers d’EuroIntelligence ont établi qu’une variation quotidienne de plus de 10 %, comme on l’a vue au cours du mois d’octobre, ne pouvait survenir qu’une fois tous les 73 à 603 trillions de billions d’années.  » Étant donné que l’univers n’existe que depuis 20 milliards d’années, écrivent-ils, il faudrait attendre l’avènement de quelques trillions d’univers avant que la chose ne se produise à nouveau. Pourtant, cela s’est passé deux fois en octobre 2008. Un miracle !  » expliquent-ils.

L’étude détermine ainsi 15 risques majeurs qu’on peut déceler à l’horizon : depuis la dépression et l’hyperinflation, en passant par la crise bancaire, les changements climatiques, jusqu’à la mort du capitalisme et la fin de la monnaie fiduciaire. Elle répartit ces risques en trois grandes catégories : financiers, économiques et politiques. Puis, elle les évalue selon trois niveaux d’importance: faible (une fois tous les 10 ans dans les conditions courantes), très faible (une fois tous les 20 ans), très très faible (une fois tous les 100 ans).

Comme on peut le voir dans le tableau, les cinq principaux risques du point de vue importance et gravité sont de nature financière et économique. Par contre, sur le plan de la probabilité, on en repère quatre : dépression, inflation, changement climatique, fin du capitalisme. Notons que l’étude ne tient pas compte de l’effet que les politiques de lutte contre les changements climatiques pourraient avoir sur des facteurs comme une dépression, l’hyperinflation ou une crise politique.

L’étude de WW établit ce que ses auteurs appellent des associations entre événements, ce qui en constitue un des aspects les plus intéressants. Dans le tableau ci-joint, cette association est indiquée par des carrés rouges (association élevée), jaunes (association moyenne) et bleus (association faible) aux points de jonction de l’abscisse et de l’ordonnée.

Ainsi, on peut voir qu’un risque peut en entraîner d’autres dans son sillage. Par exemple, une crise bancaire a de fortes chances de créer une crise du secteur de l’assurance, une dépression, une crise monétaire et des défauts de paiement de pays. Par contre, son effet d’entraînement sur une hyperinflation et un éclatement européen, quoique possible, est relativement faible. Par ailleurs, la fin de la monnaie fiduciaire pourrait s’accompagner d’un retour à un taux de change fixe fondé, par exemple, sur l’or. Le phénomène serait fortement associé à une crise politique et à un éclatement de l’Europe.

Dans le tableau, il importe de bien distinguer deux variables : risques et probabilité. La colonne de gauche liste les éléments de risque selon un ordre de priorité décroissant. Ainsi, les deux premiers éléments, dépression et hyperinflation, sont les développements de haut risque susceptibles de produire les plus forts dommages économiques, beaucoup plus préjudiciables que l’éclatement de l’Union européenne, par exemple, ou la fin de la monnaie fiduciaire (fiat money).

L’autre variable majeure est le niveau de probabilité. Cette variable est représentée par trois couleurs différentes : rouge (probabilité élevée), jaune (moyenne), bleu (faible). Toujours dans la colonne de gauche, on constate que les deux événements les plus dommageables, dépression et hyperinflation, ont en même temps une cote de probabilité élevée. Par contre, les événements en position 3 à 6 ont une cote moyenne. Il faut attendre la position 7, le changement climatique, pour retrouver un événement à probabilité élevée, bien que son niveau d’impact soit moindre que celui des éléments 3 à 6.

Enfin, dans la toute dernière colonne de droite, les auteurs proposent différentes manoeuvres pour protéger son portefeuille advenant chacune des situations de crise.

Tableau 1 

 
Tableau 1

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