Les matières premières ont des caractéristiques uniques car, en tant que classe d’actifs, elles présentent historiquement une faible corrélation sur le long terme avec les marchés actions et obligataires. Cela permet une réduction significative de la volatilité globale d’un portefeuille diversifié. Les matières premières font donc partie des dernières classes d’actifs à même de progresser quand actions et obligations marquent une pause
Ensuite, les fondamentaux de l’offre et de la demande de la plupart des matières premières, la combinaison d’une demande structurelle croissante des pays émergents et d’un accès aux ressources plus difficile, et une production de plus en plus coûteuse sont de nature à soutenir les cours sur le long terme. De plus toutes les matières premières évoluent au gré d’événements qui leur sont spécifiques. D’où leur capacité à réduire le risque d’un portefeuille classique investi en actions et obligations.
Les matières premières, mesurées par l’indice Dow Jones UBS Commodity Index 3 Month Forward Index SM, ont été la classe d’actifs la plus performante sur les dix dernières années, enregistrant une performance cumulée de + 268 %, avec une volatilité annuelle de 15 % (jusqu’au 30/11/2009), par rapport à une performance de + 10 % et une volatilité annuelle de 24 % pour l’indice Dow Jones Euro Stoxx 50 sur la même période.Les matières premières sont très volatiles mais n’évoluent pas toutes dans le même sens, ce qui explique la régularité de l’indice dans sa globalité.
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Une multitude de supports d’investissements et de dérivés
Les fonds et ETF (exchange traded funds) investis en actions de sociétés spécialisées dans le secteur des ressources naturelles constituent une première catégorie d’offres. Il s’agit de fonds d’actions de sociétés d’exploitation, d’où une moindre corrélation aux mouvements des matières premières sous-jacentes.
Les fonds investis en actions de sociétés liées aux ressources naturelles rebondissent fortement cette année, après la chute vertigineuse subie en 2008. Au second semestre de l’année dernière, les cours des matières premières, et notamment du pétrole, avaient fortement chuté tandis que les difficultés d’accessibilité aux gisements continuaient à renchérir les coûts d’exploitation.
Les plans de soutien à l’économie, surtout dédiés aux infrastructures en Chine et en Inde, ont rasséréné les marchés. En outre, la Chine a saisi l’opportunité de prix exagérément bas pour augmenter ses stocks de matières premières et de produits semi-finis.
Les gérants de fonds spécialisés ne sont pas restés inactifs pendant cette période
. JPMorgan Natural Resources, l’un des plus dynamiques de sa catégorie, gagne au 15 décembre 102,16 % par rapport au début de l’année. « Actuellement, le fonds est surpondéré sur la partie métaux précieux et métaux de base, tandis que l’énergie est sous-pondérée », souligne Ian Henderson, son gérant. Ces derniers jours, celui-ci se montre plutôt prudent sur le pétrole et sous-pondérait déjà le secteur de l’énergie à 23,1 % à fin novembre. La faiblesse de la croissance économique milite en faveur d’un assagissement des cours. Pour 2010, Ian Henderson table sur une volatilité élevée sur l’ensemble des ressources naturelles, mais estime que les cours devraient entretenir un biais haussier.
Au service d’une approche plus patrimoniale, David Field, le gérant de Carmignac Commodities, renforce la part des valeurs de l’énergie, pénalisées en novembre en raison de la baisse du prix du baril de pétrole. Sa sélection de valeurs a cependant plus que compensé la consolidation qui affecte le secteur.
Dans les marchés heurtés de ces dernières années, les gérants arbitrent au mieux entre les entreprises des secteurs de l’énergie, des métaux et minerais diversifiés, et aussi des métaux et minerais précieux. En revanche, les ressources agricoles sont faiblement représentées dans la plupart des portefeuilles.
Les investisseurs qui souhaitent obtenir une exposition au secteur des produits agricoles peuvent s’intéresser à Prim’KappaAgri (code Isin : FR0010284224). Ce fonds est issu du FCIMT Prim’UniVert, qui a été transformé en FCP classique en juillet 2008. Son portefeuille est réparti entre au moins une dizaine de produits agricoles faiblement corrélés tels que le blé, le sucre, l’huile de soja et le coton.
En période haussière, le portefeuille détient des positions acheteuses sur le marché à terme. Toutefois, à l’instar du fonds d’actions européenne Ofi Prim’KappaStocks, l’équipe de gestion prend des positions de trading à court terme et d’arbitrage entre les différents produits agricoles afin de réduire son exposition aux risques du marché.
Les matières premières peuvent aussi être abordées via les les FCIMT, fonds communs d’investissement sur les marchés à terme. Certains sont répartis sur une ou plusieurs catégories d’actifs, d’autres sont spécialisés sur les matières premières (voir ci-dessous).Voir le billet : Matières Premières : Initiation aux FCIMT (fonds communs d’intervention sur les marchés à terme) (cliquez sur le lien)
Les marchés à terme de matières premières ne sont pas directement accessibles aux particuliers, compte tenu du risque de livraison qui surviendrait si la position n’était pas dénouée à temps. Heureusement, gestionnaires et banques ont conçu des produits qui permettent de contourner la difficulté
Les certificats, qui peuvent être présentés sous forme d’ETC, ou exchange traded commodities , ainsi que les warrants, turbos et CFD (contracts for difference) constituent la forme d’investissement la plus spécialisée mais aussi la plus risquée
Seuls les investisseurs disposant des compétences et d’une grande disponibilité sont à même d’obtenir le meilleur retour sur investissement. Cette catégorie de produits permet de mettre en oeuvre une multitude de stratégies spéculatives.
Le lexique des produits
.- Certificats 100 % : ces produits reproduisent la performance d’une matière première ou d’un panier d’actions. Attention, beaucoup de matières premières sont négociées à terme. Dans ce cas, le porteur du certificat subit souvent un coût lié au report de la position d’un mois sur l’autre. En effet, la plupart du temps, chaque contrat à terme prend fin au bout d’un mois. Cela peut avoir un impact très significatif sur la performance du certificat. Pour un investissement de long terme, nous préférons les produits indexés sur un panier d’actions car ils sont plus facilement compréhensibles. Leur fonctionnement est proche de celui d’un fonds coté sur Euronext.
– CFD (contracts for difference) : ces contrats de gré à gré permettent de jouer la hausse ou la baisse de matières premières. Les prix proposés sont légèrement différents de ceux des contrats à terme. Mais les CFD sont beaucoup moins contraignants car il ne peut jamais y avoir de livraison physique. Autre atout des CFD, il est aussi simple et naturel de vendre que d’acheter. De plus, les horaires de cotation sont très étendus sur les matières premières. En revanche, il faut bien comprendre le mécanisme de l’effet de levier. Il est même indispensable de se rendre compte que, si le prix d’un actif n’évolue pas dans le sens souhaité, votre position est de plus en plus fragilisée car la marge que vous utilisez pour spéculer fond comme neige au soleil.
– Turbos : ce sont des options à barrière. Ils permettent de lisser les effets de l’exposition aux contrats à terme, car à chaque turbo est attachée une barrière désactivante. Bref, ces produits sont avantageux et offrent un bon effet de levier tant qu’ils ne sont pas désactivés. En clair, si le prix de la matière première touche la barrière désactivante, dont le niveau est fixé par le promoteur (et peut être modifié en cours de vie du produit), le turbo perd l’essentiel de la valeur.
– Warrants : ces titres émis par les banques permettent de spéculer à la hausse (calls) ou à la baisse (puts) sur une matière première. Avec les warrants, on peut aussi jouer une hausse des incertitudes sur l’évolution future des prix d’une matière première. Cela revient à anticiper une augmentation de la volatilité, c’est-à-dire de l’amplitude des cours. Seul bémol, les warrants sur le pétrole sont chers par rapport à la volatilité historiquement constatée sur les cours relevés ces dernières semaines. De plus, l’émetteur a tendance à proposer des prix assez peu avantageux pour s’éviter lui-même de perdre de l’argent. Par ailleurs, le passage du temps a un impact très négatif
JOËL ANTOINE | JDF HEBDO | 19.12.2009
Catégories :Formation a la gestion de portefeuille, Matières Premières
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